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Actualités - REPORTAGES

Budget - Les experts de différentes obédiences politiques sont unanimes La réforme fiscale doit être poursuivie

Le budget de l’année 1999 doit être présenté aux députés durant les prochains jours. Selon les spécialistes, dans l’attente d’une réforme plus profonde de la fiscalité et du plan de redressement de l’économie nationale sur cinq ans, les mesures prises au niveau du budget semblent cohérentes. Elles restent le prix à payer pour le redressement, même si certaines mesures ne font pas l’unanimité ; le principe d’une refonte de grande envergure de la fiscalité libanaise semble être acquis aux yeux des différentes fractions politiques que compte le pays. Ainsi, s’exprimant devant un comité restreint, M. Freddie Baz, administrateur de la Banque Audi, a clairement expliqué que la baisse sensible de l’essor économique était le prix à payer pour la réforme fiscale engagée. Pour le spécialiste de la macroéconomie libanaise, il y a un lien très net entre la croissance et l’intégrité politique et financière. L’action du gouvernement actuel dans le sens de la moralisation de la vie publique est certainement louable mais implique aussi que ce gouvernement doit regagner la confiance du monde des affaires. Pour l’instant, selon les membres de l’équipe de M. Baz, le taux de croissance du PIB est au plus bas niveau connu au Liban. Ce taux de croissance pourrait être inférieur à 1 % pour l’année 1999, voire proche de zéro ! Pour autant, M. Baz a insisté sur l’importance de conduire des réformes importantes au plan fiscal, malgré la baisse sensible de l’activité économique. Cette récession n’est pour lui qu’une contraction momentanée de la demande, alors que les liquidités n’ont jamais été aussi importantes au Liban. Les banques libanaises n’auraient, en effet, jamais enregistré autant de dépôts qu’actuellement. «Par ailleurs, chacun sait qu’au Liban les choses peuvent changer très rapidement», a conclu M. Baz. Un budget dominé par la transparence En marge des dernières réunions du MIT libanais, Massachusetts Institute of Technology, nous avons interrogé le président de cette association d’experts en économie, M. Nicolas Chammas, à propos du budget proposé par le gouvernement. Pour M. Chammas, les mesures prises par le gouvernement, à l’occasion de l’établissement du nouveau budget, sont globalement positives, malgré le handicap dû à l’intégration des budgets «inavoués» des précédents gouvernements et dont la facture s’élève à plus de 1 130 milliards de livres libanaises. La majoration de la taxe sur les carburants reste équitable dans la mesure où elle ne s’applique pas au fioul domestique et aux carburants servant l’industrie ou les transports en commun. Il faut préciser que les chauffeurs de taxi se sont engagés à ne pas augmenter le prix de leur course, puisqu’ils n’avaient pas baissé leur prix lors du réajustement à la baisse des taxes en 1997. Pour M. Chammas, «le budget actuel a au moins l’avantage de «tout dire» ; ainsi, toutes les dépenses de l’État sont annoncées clairement et, pour la première fois depuis longtemps, des tabous ont été levés». Pour exemple, l’annulation du fameux décret N°4 qui avait donné certains avantages financiers à l’armée. Cette seule mesure a contribué largement à la baisse de l’enveloppe réservée à la présidence du Conseil qui passe de 355 milliards de LL en 1998 à 159 milliards prévus pour 1999. Pourtant, des efforts sur le plan social sont aussi proposés, avec une augmentation très sensible des montants alloués aux déplacés. Le budget éducatif est aussi en augmentation de 32 %, réservés surtout à la formation technique dont manque cruellement le Liban. Par contre, pour M. Chammas, l’augmentation des taxes douanières n’est pas appropriée au contexte mondial actuel. Pour survivre commercialement, le Liban doit, en effet, adhérer à l’OMC (Organisation mondiale du commerce). La consolidation des barrières douanières est antinomique avec cette démarche et ne contribue qu’à une hausse des coûts structurels (foncière, infrastructure, etc.) déjà trop chers au Liban. Pour M. Chammas, ces mesures vont essentiellement contribuer au développement de la contrebande. Pour cet économiste, une refonte plus en profondeur de la fiscalité est nécessaire, dans une période d’ailleurs propice au changement. N’est-il pas plus facile de faire passer des mesures austères en période de crise ?
Le budget de l’année 1999 doit être présenté aux députés durant les prochains jours. Selon les spécialistes, dans l’attente d’une réforme plus profonde de la fiscalité et du plan de redressement de l’économie nationale sur cinq ans, les mesures prises au niveau du budget semblent cohérentes. Elles restent le prix à payer pour le redressement, même si certaines mesures ne font...