Actualités - REPORTAGES
Jubilé de l'an 2000 - Le Liban "Terre sainte" espère drainer sa part des 4.5 millions de touristes attendus Une occasion en or pour le tourisme religieux (photos)
Par NOUN Fady, le 23 avril 1999 à 00h00
L’industrie touristique est d’avenir. Elle est même l’avenir. Aujourd’hui en troisième position dans le monde, après le pétrole et l’automobile, l’industrie touristique devrait, selon les prévisions, passer en tête du peloton vers l’an 2005. Le Jubilé de l’an 2000 proclamé par Jean-Paul II, pour célébrer le passage vers le troisième millénaire, s’avère être une occasion en or pour un type particulier d’activité touristique ...Le tourisme religieux. Célébrer 2000 ans de christianisme, une idée catholique-romaine lancée en 1994, ne saurait laisser indifférent les pays orientaux où le Christ en personne a vécu : Palestine, Liban, Égypte, Jordanie. Ni les régions qui ont été le berceau de la religion ou du monachisme chrétiens, comme la Syrie, la Grèce ou la Turquie. Les préparatifs pour recevoir les fidèles qui pourraient affluer à partir de Noël prochain dans la région sont avancés en Égypte et en Israël (dans ce dernier pays, 14 millions de dollars ont été consacrés au marketing pour le Jubilé, et 450 millions de dollars à l’amélioration de l’infrastructure en prévision du nouveau millénaire). Leur nombre est estimé à 4,5 millions, un chiffre astronomique qui s’ajoute, normalement, à celui des touristes qui visitent normalement la région. Le Liban met les bouchées double pour saisir l’occasion et drainer vers lui une partie du tourisme religieux attendue pour la célébration du deux millième anniversaire du Christ. Cet événement, situé aux confins du commerce et de la piété, intéresse tout le monde, aussi bien les Églises locales que le ministère du Tourisme, aussi bien les propriétaires d’hôtels que les couvents, les restaurants que les sites historiques et les musées. Il pourrait nous aider à combler, par des recettes imprévues, une partie de notre déficit budgétaire. Du matériel de promotion M. Georges Karam est directeur du développement au ministère du Tourisme. Assis dans son bureau aux grands panneaux photographiques fanés, vestiges d’une époque d’abondance révolue, il nous explique ce que le Liban fait, un peu en retard, pour l’occasion. L’action du ministère du Tourisme est répartie en quatre volets : production de matériel de promotion, établissement d’un calendrier de festivités, coordination avec les organismes religieux et travail avec les agences de tourisme. En outre, le Liban coordonne avec certains pays arabes, pour établir des circuits touristiques communs. Une réunion sera consacrée à cette question, à Amman, dans quatre semaines . En termes de matériel de promotion, le Liban prépare un guide du tourisme religieux qui s’annonce de grande qualité. L’idée repose sur le fait que le Liban fait partie de la Terre sainte , si par cette expression on veut dire une terre que les pieds de Jésus ont foulée. C’est là, noir sur blanc, dans les Évangiles : Tyr, Saïda, Sarepta ( l’actuelle Sarafand) sont des lieux que le Christ a visité lors de son ministère public, et où des miracles insignes ont eu lieu. Le Liban, Terre sainte, est d’ailleurs une expression que le pape a utilisée lors de sa visite-pèlerinage au Liban. Cette plaquette servirait aussi de base pour l’impression d’un dépliant qui sera tiré à des dizaines de milliers d’exemplaires, dans les trois langues arabe, française et anglaise. Enfin, un film documentaire sur le même sujet sera produit, ainsi que des cadeaux symboliques, des médailles, pour l’occasion. Avec un peu de bonne volonté, un timbre commémorant le Jubilé de l’an 2000 serait imprimé et figurerait sur les dizaines de milliers de cartes postales que les touristes tiendront à envoyer du Liban . Liban-Post n’a qu’à bien se tenir. Mais ceci n’a pas encore été décidé. Le problème de l’hébergement Pour coordonner l’action des Églises catholiques locales et du ministère du Tourisme, un comité élargi a été formé, sous la présidence du ministre du Tourisme, Arthur Nazarian, et celle des évêques Georges Iskandar, Youssef Melki et Youssef Thomas. La MEA est naturellement représentée, ainsi que les agences de tourisme, les hôtels et… Dar el-Fatwa. M. Mohammed Sammak a bien voulu prêter son concours, ou sa caution, à des activités qui reflètent, d’une certaine manière, la nature même du Liban, pays-message, oasis de convivialité islamo-chrétienne, dans un monde qui se débat dans les conflits nationalistes et les rivalités ethniques. Un comité de suivi et, en contrebas, quatre sous-comités ont émané de ce comité central, qui se répartiront la tâche de préparation du Jubilé, et dans lesquelles figurent aussi bien des représentants de l’État que de membres du Conseil d’apostolat des laïcs et des divers secteurs commerciaux concernés. Des ajustements doivent être faits, notamment, en ce qui concerne les vols vers le Liban. Des anticipations de réservations sont nécessaires. L’hébergement aussi fait problème. La capacité hôtelière du Liban est limitée, et celle des couvents devrait normalement s’y adjoindre, non seulement pour des motifs d’espace, mais aussi pour des raisons de coûts. Les candidats au tourisme religieux n’ont pas nécessairement les moyens, ni l’envie, de jouir du confort des hôtels . Par ailleurs, le ministère du Tourisme est à la recherche d’une «idée de génie» qui marquerait, de façon frappante, la prochaine soirée du Nouvel an. Une idée qui revêtirait une signification religieuse en rapport avec le Jubilé et serait aussi commercialement attrayante. À titre d’exemple, le compositeur Jean-Michel Jarre organisera, sur le plateau des Pyramides, un gigantesque opéra et spectacle sons et lumière, dans la nuit du 31 décembre 1999. En Jordanie, un spectacle Magida el-Roumi est prévu pour cette même nuit. Au Liban, l’idée juste n’a pas été encore trouvée. Avis aux amateurs . Volet régional Un volet régional est également prévu à l’action du ministère du Tourisme. Un conseil touristique arabe comprenant, outre le Liban, l’Égypte, la Jordanie, la Palestine et la Syrie, existe. Il est prévu qu’il se réunisse à Amman, dans quatre semaines, pour l’établissement de trajets touristiques communs. M. Georges Karam et 12 «tour-operators» s’y rendent. D’éventuels accords à cette conférence devraient cependant être entérinés par une conférence des ministres arabes du Tourisme qui se tiendra au Yémen en juin. Le point délicat, dans ces itinéraires, c’est Israël. Contrairement à l’Égypte ou à la Jordanie, le Liban et la Syrie, en effet, refusent l’entrée à des touristes sur les passeports desquels figurerait un visa israélien. Plus qu’aux touristes qui se rendent en Égypte et en Palestine, le Liban croit en une coordination avec la Jordanie et la Syrie. La coordination arabe est importante pour le Liban, dans la mesure où elle prendrait en charge une partie du financement de sa campagne promotionnelle dans le monde. Une campagne promotionnelle où les ambassades et les bureaux de tourisme libanais seront aussi engagés. Sur le plan religieux, un calendrier d’activités a été établi. L’ouverture de l’année jubilaire est prévue, comme à Rome, dans la nuit du 24 au 25 décembre prochain. Une cérémonie œcuménique solennelle sera célébrée en la basilique de Harissa, à cette occasion . D’autres grandes dates commémorant des journées comme celles de la Paix, de l’Étudiant , du Professeurs, de la Famille, de la Femme, des Travailleurs, ont également été retenues. Le 24 avril 2000, la grande cathédrale Saint-Georges des maronites, en cours de restauration, sera de nouveau consacrée. Le 6 mai 2000, une cérémonie commémorant les «nouveaux martyrs» sera célébrée place des Martyrs. Le Sud ne sera pas oublié. Une grande commémoration est prévue le 29 juin, fête des Saints Pierre et Paul à Marjeyoun (la Césarée de Philippe des Évangiles) , et à Tyr le 30 avril, pour la journée de la Foi, dans la cathédrale Saint-Thomas. Par ailleurs, tous les grands sanctuaires tels que Harissa, les Cèdres, Annaya, Kfifane, Mantara, Béchouat, Deir el-Ahmar, figurent au calendrier établi par la commission du Jubilé, qui est présidée par Mgr Georges Iskandar, évêque maronite de Zahlé. Toutes les communautés et toutes les paroisses y sont engagées , et des programmes de messes en diverses langues sont indispensables, si l’on veut que les catholiques du monde se sentent chez eux au Liban.
L’industrie touristique est d’avenir. Elle est même l’avenir. Aujourd’hui en troisième position dans le monde, après le pétrole et l’automobile, l’industrie touristique devrait, selon les prévisions, passer en tête du peloton vers l’an 2005. Le Jubilé de l’an 2000 proclamé par Jean-Paul II, pour célébrer le passage vers le troisième millénaire, s’avère être une...
Les plus commentés
Formation du gouvernement : que veut (vraiment) Samir Geagea ?
Netanyahu offre un bipeur d'or à Trump, qui salue une « brillante opération »
Pourquoi Khamenei a désigné Naïm Kassem comme son représentant au Liban