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Actualités - REPORTAGES

Bibliophilie - Aujourd'hui journée mondiale Le livre a encore de beaux jours devant lui ... (photo)

Le livre : un monde de savoir, de connaissances, de découvertes, d’évasion et de rêves. Un ami surtout. Que l’on fête désormais chaque année le 23 avril. L’Unesco a adopté cette date (résolution du 15 novembre 1995) qui coïncide avec le jour du décès, en 1616, de trois grands auteurs : William Shakespeare, Miguel de Cervantès et Garcilaso de la Vega, dit l’Inca. Date symbolique donc, le 23 avril est proclamé «Journée mondiale du livre et du droit d’auteur». Témoignages, à cette occasion, de trois bibliophiles, sur ce qu’est le livre pour eux et comment ils voient son avenir. Pour Élias Khoury, auteur et journaliste de langue arabe, le livre est un «creuset de rencontres, un lieu de contact avec les autres, un canal d’échanges et de connaissances». C’est aussi un puissant démystificateur. «Il dévoile ce que la parole et les médias tentent généralement d’occulter». Le livre joue un rôle de révélateur pour le lecteur comme pour l’auteur. «Par l’écriture autant que par la lecture, je vais à la découverte du monde comme de moi-même. Je me livre à un travail de dépoussiérage des idéologies et des traditions qui font les idées reçues. L’écrit est pour moi une évasion, un besoin vital». L’avenir de l’édition ? «L’aspect actuel du livre n’est pas sa forme initiale. Il a commencé par être gravé sur des tablettes, puis on est passé à l’écriture sur les peaux, puis sur le papyrus… avant d’aboutir à l’imprimerie et au papier. Dans cette optique, on peut considérer que l’évolution technologique pourra produire une forme nouvelle de livre». Pourrait-on alors lire un roman sur ordinateur ? «Ce n’est pas impossible. Même si cela me semble difficile. Mais, peut-être que les générations nouvelles qui auront grandi avec l’ordinateur n’y trouveront pas d’inconvénient. C’est comme la bande dessinée, les jeunes adorent, les plus âgés n’ont pu s’y habituer. Le seul danger que fait courir l’ordinateur et Internet aux imprimés est celui de la prédominance d’un anglais bas de gamme véhiculé par ces nouvelles technologies. Une langue sans âme, qui ne peut être un vecteur de culture». Élias Khoury reste toutefois optimiste quant à la permanence du livre. D’une part, parce que le lien avec le livre n’est pas seulement visuel. «Il y a le contact, on peut lire un livre, assis ou debout. On l’emporte avec soi, on l’annote…». Il y a aussi des bouquins que l’on conserve précieusement. Des ouvrages cultes qui façonnent une pensée, un idéal, une personnalité. Les préférés d’Élias Khoury : «“Les milles et une nuits” parce que ce sont des contes que l’on peut aborder à n’importe quelle page. Ce récit-fleuve offre des possibilités de lectures infinies. Ainsi que les œuvres de Dostoïevski, qui parlent aussi bien de problèmes quotidiens que de questions existentielles». Une fête nationale Pharès Zoghbi, juriste et humaniste, possède la plus grande bibliothèque privée au Liban. Cinquante mille ouvrages (sciences humaines, sociologie, droit, essais politiques, romans, classiques…) qu’il a mis depuis quelques années à la disposition du public. Ce bibliophile dans l’âme plaide pour l’instauration d’une Journée nationale du livre, qui serait une fête chômée. «On organiserait des animations, des lectures publiques, des causeries autour d’un ouvrage, des bibliothèques ambulantes sillonneront les régions…». Il a même intitulé son autobiographie (parue en 1998 aux éditions Dar An-Nahar) À Livres Ouverts. Titre révélateur. «J’ai tiré de l’ensemble des ouvrages que j’ai lus», dit-il «les notions de liberté, de responsabilité, de cocitoyenneté». En matière de livres, l’avocat se… livre à une véritable profession de foi : «Je crois au rôle considérable du livre sur la formation personnelle de tout individu mais aussi sur l’institution d’une nation. Sur ce que l’on appelle la concitoyenneté». Il a ajouté que «le livre est d’abord un plaisir. Il est créateur de beau. C’est ensuite un instrument de justice. À l’exemple du “J’accuse” d’Émile Zola qui a sauvé Dreyfus. Il est surtout une source de liberté. C’est pour cela que les régimes totalitaires s’en méfient. Chaque écrit représente une conscience, une expression de la vérité, une volonté de sortir du marasme». Pharès Zoghbi, qui signale un regain d’intérêt pour le livre en Europe, déplore «la désaffection des Libanais envers le livre. Un rapport de l’Unesco indique que le temps réservé à la lecture dans les pays arabes est d’une demi-heure en moyenne par an», s’indigne-t-il. Et de conclure : «Sans lecture, il ne peut y avoir de véritable culture». Choix de vie Pour Wadih Audi, propriétaire de la librairie Dédicace, le livre «est un choix de vie». Par amour de la chose écrite, cet ex-banquier s’est reconverti en libraire. «Le commerce du livre n’est pourtant pas le plus rentable. Je le fais cependant par conviction, pour mon épanouissement personnel». Il estime que le livre est une ouverture extrêmement importante vers le monde extérieur. «C’est à mon avis plus important qu’un spectacle, qu’un film ou qu’un CD-Rom parce qu’il apporte des informations plus approfondies». Le libraire ne craint pas la concurrence des nouvelles technologies et des médias. «Au contraire, Internet ou les différents médias peuvent être des alliés de la lecture. Dans le sens où ils attirent l’attention sur une idée, une exposition, un événement… Une fois l’intérêt éveillé, un esprit curieux aura recours à un ouvrage pour approfondir le sujet. D’autant, qu’aujourd’hui, on lit par rapport à ses centres d’intérêt beaucoup plus que par rapport à ce qu’il faut lire». Le livre n’est donc pas moribond. Il a encore beaucoup de ressort. Il reste le principal formateur d’une tête bien faite, le meilleur ami de «l’honnête homme». Souhaitons-lui longue vie…
Le livre : un monde de savoir, de connaissances, de découvertes, d’évasion et de rêves. Un ami surtout. Que l’on fête désormais chaque année le 23 avril. L’Unesco a adopté cette date (résolution du 15 novembre 1995) qui coïncide avec le jour du décès, en 1616, de trois grands auteurs : William Shakespeare, Miguel de Cervantès et Garcilaso de la Vega, dit l’Inca. Date...