Art - Briques colorées et dessins géométriques Les surprises du palais Farnese

La remise en état du fastueux palais Farnese, siège de l’ambassade de France à Rome, a révélé une façade de briques colorées, ornée de dessins géométriques, au grand étonnement des restaurateurs. Les murs de ce bâtiment du XVIe siècle n’avaient jamais été nettoyés depuis sa construction et étaient recouverts d’une épaisse patine noire. «Le vent et les pluies de Rome, qui viennent du sud-est, n’ont jamais lavé ni érodé la façade nord du palais, qui est donc une des mieux conservées de la capitale italienne», explique l’experte italienne Laura Maro. Les restaurateurs ont eu la surprise de découvrir que sous la crasse accumulée, le mur était fait d’un assemblage de briques de couleur, allant du jaune à l’ocre, formant des dessins géométriques et des symboles dont des rosaces ou fleurs stylisées, véritables chefs-d’œuvre d’incrustation. «Magnifique surprise, nous avons trouvé des formes qui ne sont ni des décorations, ni des dessins, mais des symboles reflétant probablement d’une tradition très ancienne», explique Mme Mora. Selon l’historien François-Charles Uginot, il n’existe pas de façades similaires à Rome, hormis quelques éléments de la villa Giulia, où se trouve le Musée étrusque. Treize mois de travail Le palais Farnese a été commandé à l’architecte Antonio de Sangallo le jeune par le pape Alexandre Farnèse. Le sculpteur Michel Ange se vit confier la réalisation de la corniche, magnifique frise de têtes de lions, de fleurs de lys, de dentelles et de rosaces en travertin, la pierre de Tivoli, le Tibur latin. À la mort de Sangallo en 1546, il fut chargé de l’achèvement du palais. Le palais Farnèse fut vendu en 1911 par la maison des Bourbon des Deux-Siciles au gouvernement français avec une clause accordant le droit au gouvernement italien de l’acquérir au bout de vingt-cinq ans. En 1936, l’Italie et la France ont signé une convention par laquelle le gouvernement italien devenait propriétaire du palais, mais en cédait l’usage pour 99 ans à la France pour un loyer annuel symbolique d’une lire. En contrepartie, l’hôtel de la Rochefoucault à Paris abrite l’ambassade d’Italie dans des conditions identiques. La restauration de la façade principale, réalisée par 15 professionnels, sera achevée en mai, après 13 mois de travail. Elle aura coûté 4,8 millions de francs français (728 000 euros). Elle sera suivie de la rénovation des autres façades, puis du jardin intérieur. La France assure le financement et l’Italie le projet.