Actualités - CHRONOLOGIE
Vins - Arnault prend le contrôle de Château d'Yquem LVMH grand cru (photos)
le 22 avril 1999 à 00h00
Château d’Yquem, le plus célèbre des vins liquoreux de Sauternes, propriété depuis 1785 des Lur Saluces, vient d’être vendu au groupe LVMH et avec cette transaction, un autre bastion historique du vignoble bordelais passe sous le contrôle d’une multinationale. Après deux ans de bataille juridique, le comte Alexandre de Lur Saluces a finalement cédé : il a non seulement accepté la cession de parts faite par 45 membres de sa famille, mais il a aussi vendu au groupe de l’industrie du luxe, les 10 % qu’il détenait avec son fils Bertrand. Cette vente met fin à 400 ans de propriété familiale, les actionnaires vendeurs étant les descendants de la famille Sauvage d’Yquem dont la dernière héritière s’était mariée à un Lur Saluces en 1785. Alexandre de Lur Saluces restera toutefois à la tête du cru. «Le nom de Lur Saluces figure sur l’étiquette, laisser un Lur Saluces à la tête du domaine, c’est assurer la pérennité», explique Alain Raynaud, président de l’Union des grands crus de Bordeaux. Tout ce pan de l’histoire bordelaise tombe désormais dans le giron de LVMH, essentiellement pour des raisons fiscales liées aux droits de succession. «Quand le château n’est pas votre outil de travail, c’est impossible de tenir ce genre d’affaires : la propriété vaut un milliard mais ne rapporte pas grand-chose. Il faut payer l’ISF (impôt sur la fortune) et tous les vingt-cinq ans (à chaque succession) la moitié de la valeur du domaine», explique l’un des actionnaires vendeurs, Bertrand Hainguerlot. «Un conflit familial avec Alexandre de Lur Saluces à propos de la création d’une société en commandite par actions a ensuite été le détonateur» de la vente, a-t-il ajouté. «Si on n’arrive pas à une évolution de la fiscalité du patrimoine, tant qu’on exclut la valeur de rentabilité des propriétés taxées en fonction de leur valeur vénale, on risque de voir se multiplier les cessions de propriété à des grands groupes», estime M. Raynaud. Selon ce dernier, «il faut trente ans à une famille qui gère une succession et souhaite conserver son bien, pour rentabiliser la succession et ceci fait disparaître à terme les propriétés familiales». Banquiers venus de Paris L’annonce de la cession définitive d’Yquem intervient alors que d’autres célèbres crus du bordelais ont également changé de mains, récemment, pour les mêmes raisons. Ainsi, les héritiers de la famille Fourcaud-Laussac ont vendu en octobre l’un des plus grands Saint-Emilion, Château Cheval Blanc, à Bernard Arnault (le patron de LVMH), à titre personnel, et au financier belge Albert Frère. De même, la famille Prats a vendu en septembre le château Cos d’Estournel, le premier des Saint-Estèphe, dans le Médoc, au groupe bordelais Bernard Taillan associé à des investisseurs argentins. «Il y a, bien sûr, un problème au niveau de la fiscalité du patrimoine mais cela ne concerne pas seulement la vigne», relativise Jean-Michel Cazes, patron d’Axa Millésimes, la filiale de l’assureur spécialisée dans le vin, propriétaire elle aussi de plusieurs grands noms dans le Bordelais. «L’histoire de notre région depuis des siècles est faite de ça, des gens s’en vont, d’autres viennent», explique-t-il avant d’ajouter: «Lorsque les Rothschild ont acheté Mouton et Laffite il y a un siècle, c’était pareil : des banquiers venus de Paris». «Les achats et les ventes, c’est une excellente respiration de notre région sur le plan économique. Cela a toujours était le cas à Bordeaux qui a été constuite par des apports successifs de gens qui venaient de l’extérieur pour y investir», conclut-il.
Château d’Yquem, le plus célèbre des vins liquoreux de Sauternes, propriété depuis 1785 des Lur Saluces, vient d’être vendu au groupe LVMH et avec cette transaction, un autre bastion historique du vignoble bordelais passe sous le contrôle d’une multinationale. Après deux ans de bataille juridique, le comte Alexandre de Lur Saluces a finalement cédé : il a non seulement accepté...
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