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Actualités - CHRONOLOGIE

L'Alliance atlantique célèbre son cinquantenaire en pleine action militaire L'Otan dépassé par les dures réalités du conflit

Le conflit du Kosovo est une répétition générale grandeur nature des nouvelles missions que l’Otan se devra d’assumer au 21e siècle, selon les États-Unis, et que le sommet atlantique de Washington (23, 24, 25 avril) est censé mieux définir. «Le Kosovo démontre ce que nous disons depuis quelque temps, c’est-à-dire que l’Otan est prête à assumer des tâches nouvelles (...), d’une certaine manière, nous voulons nous assurer que la théorie rattrape la pratique», explique un haut responsable du département d’État sous couvert de l’anonymat. «Cette crise a confirmé la nécessité de mener à bien les adaptations que l’Otan a entreprises et qui seront examinées au plus haut niveau ce week-end», constatait mardi le secrétaire d’État Madeleine Albright. À la veille du sommet, les deux principales questions restent cependant en suspens : la définition des nouvelles missions que l’Otan, autrefois rempart de l’Occident contre les Soviétiques, prendrait en charge «hors zone» (hors du territoire de ses États membres) et la nécessité ou non d’avoir dans ce cas une autorisation préalable de l’Onu. «Nous estimons souhaitable mais pas nécessaire d’obtenir une résolution du Conseil de sécurité (mais) d’autres (alliés) veulent s’assurer que l’Onu est impliquée», indique le même responsable. Le sommet, prédit-il, devrait conclure qu’il faut décider «au cas par cas», et adopter la formulation la plus vague possible. Cette querelle du mandat a été relancée par le projet américain d’imposer à Belgrade un blocus pétrolier sans demander le feu vert de l’Onu. La France veut retirer ce dossier à l’Otan et confier à l’Union européenne et aux voisins de la RFY le soin de tarir l’approvisionnement pétrolier de la machine de guerre yougoslave. Dans d’autres capitales européennes aussi, la tutelle des États-Unis sur l’Europe par l’intermédiaire de l’Otan est mal acceptée. Les États-Unis «ne peuvent pas être les gendarmes du monde», a affirmé mardi le ministre italien des Affaires étrangères Lamberto Dini. Les Américains se défendent de vouloir donner un rôle mondial à l’Otan. Mais ils ne cachent pas que les Balkans font désormais partie à leurs yeux de sa zone d’influence. «Le Kosovo nous rappelle une nouvelle fois que les principales menaces pour la stabilité de l’Europe ont leur origine au-delà du territoire de l’Otan», a fait valoir mardi Samuel Berger, conseiller du président Bill Clinton pour la sécurité nationale. «L’Otan doit jouer en Europe centrale et du sud-est le même rôle stabilisateur qu’elle a joué en Europe occidentale» pendant la guerre froide, a-t-il ajouté. Il a fait référence à la Bosnie, où l’Otan a déployé une force de maintien de la paix depuis 1995. La fronde des Européens devant la dérive des missions de l’Otan ne va cependant pas jusqu’à la rupture. Il n’est «pas question de rompre la solidarité atlantique», a affirmé mardi Lamberto Dini. Si certains ergotent sur la manière de fermer le robinet du pétrole, aucun des Européens ne conteste ouvertement la logique de guerre qui implique de priver autant que possible l’adversaire des moyens de se battre. Simon Serfaty, spécialiste des relations transatlantiques au Centre des études stratégiques et internationales de Washington, craint un regain de tension entre alliés si l’opération s’éternise. Mais il constate que «jusqu’à maintenant, l’unité au sein de l’Alliance a été tout à fait remarquable». Surtout pour une intervention qui transgresse tous les tabous : c’est une offensive «hors zone» lancée sans mandat formel de l’Onu, alors que la mission première de l’Otan, qui figure dans son traité, est la défense collective du territoire de ses membres.
Le conflit du Kosovo est une répétition générale grandeur nature des nouvelles missions que l’Otan se devra d’assumer au 21e siècle, selon les États-Unis, et que le sommet atlantique de Washington (23, 24, 25 avril) est censé mieux définir. «Le Kosovo démontre ce que nous disons depuis quelque temps, c’est-à-dire que l’Otan est prête à assumer des tâches nouvelles (...),...