Les autorités de Skopje ont découvert plusieurs caches d'armes albanaises La Macédoine accuse l'UCK de subversion

Les combattants albanais de l’Armée de libération du Kosovo (UCK) profitent de la guerre au Kosovo pour faire de la Macédoine une base active avec le projet de plonger aussi ce petit pays dans la guerre, a affirmé mardi le ministre de l’Intérieur macédonien Pavle Trajanov. Le ministre est formel : plusieurs caches d’armes de l’UCK ont été découvertes ces derniers jours en Macédoine. «Ces armes sont stockées en prévision d’actions armées que l’UCK veut commencer en Macédoine à partir de septembre prochain», a-t-il dit dans une interview à l’AFP. «Lorsque les hostilités cesseront au Kosovo, l’UCK commencera des opérations armées chez nous», l’un des objectifs visés étant de créer enfin «la grande Albanie» dont ils rêvent qui regrouperait l’Albanie, le Kosovo indépendant ainsi que des portions du territoire macédonien et du Monténégro, dit le ministre. Les médias macédoniens font état presque quotidiennement de découvertes de caches d’armes de l’UCK. Samedi, les services spéciaux macédoniens auraient trouvé une cache dans une mine de chrome désaffectée non loin de la frontière yougoslave, près de Lojane (20 kilomètres à l’ouest de Kumanovo). Dans cette cache vide de ses occupants, des photos ont montré un véritable arsenal, y compris des stocks de mitraillettes de fabrication chinoise qui, selon M. Trajanov, proviennent de stocks volés en Albanie il y a quelques années. Au total, plus de 4,5 tonnes d’armes auraient été saisies en quelques jours, dont 230 grenades et plus de 10 000 munitions pour la seule journée de samedi dans le village de Radolista, près de Struge (sud-est). Vendredi, la police a découvert, près de Lojane également, une remorque de tracteur où étaient cachées 308 pièces d’armement, des grenades, des pistolets et des mitrailleuses. Les Occidentaux sceptiques Sous le couvert de l’anonymat, des responsables militaires occidentaux expriment cependant un certain scepticisme sur ces «découvertes» qui, dans le cas de la cache dans la mine désaffectée, donnent l’impression d’un montage, d’autant plus que l’endroit est situé à proximité d’un camp militaire macédonien. «C’est un peu trop beau pour être vrai», souligne un responsable de haut rang. «Nous avons quelques difficultés à prendre tout cela pour argent comptant», dit-il. Il reste qu’en Macédoine, pays de 2,2 millions d’habitants, l’équilibre ethnique entre Albanais et Serbes de souche est très fragile. Les habitants d’origine serbe redoutent que l’activité de l’UCK ne suscite une explosion interethnique dans leur petit pays pris malgré lui dans la tourmente de la guerre du Kosovo. L’autre risque est l’éclatement de la toute jeune coalition gouvernementale qui rassemble des ministres d’origine serbe et albanaise, bien que de part et d’autre l’on se dise déterminé à tout faire pour éviter une telle crise. Évaluer l’influence réelle de l’UCK en Macédoine est un exercice quasi impossible pour un observateur étranger à Skopje tant les réseaux albanais y sont complexes et changeants. Pour le ministre de l’Intérieur, les choses sont claires. Les activistes de l’UCK se sont engagés dans une campagne de recrutement de nouveaux membres en Macédoine pour ensuite les envoyer vers les camps d’entraînement en Albanie. Selon les services de renseignement macédoniens, plus de 1 000 réfugiés albanais du Kosovo ont déjà été ainsi recrutés et transportés vers l’Albanie, de même qu’une soixantaine d’habitants de la Macédoine de souche albanaise. «L’UCK est encouragée par les bombardements de l’Otan en Yougoslavie», affirme le ministre. La Macédoine a cependant obtenu lundi des ambassadeurs occidentaux à Skopje, à commencer par l’ambassadeur américain Christopher Hills, la promesse que l’Otan n’y soutiendra pas les activités de l’UCK. La même promesse a été formulée dimanche par le commandant suprême de l’Otan en Europe, le général Wesley Clark, selon M. Trajanov.