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Actualités - INTERVIEWS

L'Orient-Le Jour rencontre le chef de la milice serbe du Kosovo Arkan : l'attaque terrestre, d'ici un mois

Il se nomme Jelko Raznakovic, dit Arkan. Son nom inspire la plus grande terreur. Il est accusé de crimes de guerre en Bosnie, et l’Otan affirme qu’il se trouve au Kosovo à la tête des troupes paramilitaires serbes qui se livrent à un nettoyage ethnique systématique. Nous l’avons rencontré à Belgrade. L’homme, courtois et affable, est tiré à quatre épingles. Arkan assure qu’il n’a «pas mis les pieds au Kosovo depuis le début de la guerre». «Je suis en Serbie avec mes hommes et nous attendons l’attaque terrestre de pied ferme», dit-il. Une attaque qu’il pense inévitable et qu’il prévoit d’ici un mois. Question : «Les Yougoslaves ont-ils les moyens de résister encore longtemps aux attaques de l’Otan? Réponse : Les soldats yougoslaves sont prêts à résister 50 ans s’il le faut. Pour nous, c’est une guerre sacrée. Nous avons nos femmes, nos enfants et notre patrie à défendre. La justice et Dieu sont de notre côté. Q : Mais que peut faire la volonté face à la technologie militaire la plus moderne du monde ? R : Notre combat est difficile, c’est vrai. Mais nous espérons que la Russie nous fournira une aide militaire. Nous n’avons pas besoin de volontaires. Nous voulons de la téchnologie, des missiles antiaériens. Jusqu’à présent, la Russie n’a pratiquement rien fait pour nous soutenir. Au Kremlin, on ne mesure pas encore la gravité de ce qui se passe. Ils pensent que la crise n’aura pas de conséquences sur eux. Mais soyez sûrs que si l’Otan l’emporte, sa prochaine cible sera la Russie. Q : Plus les jours passent, plus la situation devient difficile en Yougoslavie. La pénurie de carburant va s’aggraver davantage, le ravitaillement en général aussi. Comment imaginez-vous les semaines qui viennent ? R : Les choses ne sont pas aussi graves que vous les dites. Évidemment, si l’on croit les médias internationaux, la situation est chaotique en Yougoslavie. Mais comme vous pouvez le constater, la vie est presque normale. Nous avons nos réserves militaires de pétrole qui nous suffisent pour une longue période. Notre défense antiaérienne est presque intacte. 27 jours de bombardements n’ont même pas affecté 10 % de nos capacités militaires. La raison est simple : nous combattons avec la tête et pas seulement avec les muscles comme le fait l’Otan. Nous n’avons pas encore montré tout ce que nous avons. Les missiles antiaériens S300 par exemple... Q : Certains médias ont mentionné votre présence au Kosovo à la tête de troupes paramilitaires. On vous accuse de mener des opérations d’épuration ethnique contre les albanophones de la province. Qu’avez-vous à répondre ? R : Les médias auxquels vous faites allusion sont antiserbes et sont manipulés par la CIA. Il ne faut pas croire tout ce qu’on raconte. Je n’ai pas mis les pieds au Kosovo depuis le début de la guerre. Mes soldats non plus ne se trouvent pas dans la province. Nous sommes là, en Serbie, et nous attendons de pied ferme l’attaque terrestre. Nous nous battrons alors soldat contre soldat et nous verrons qui est le plus fort. Q : Pensez-vous que l’opération terrestre est imminente ? R : Sans aucun doute. Je prévois l’attaque de l’Otan d’ici un mois. La Russie changera alors d’attitude. Les Russes sont très lents à réagir. Mais quand ils s’échauffent, rien ne les arrête. Q : L’Otan accuse les troupes paramilitaires serbes de nettoyage ethnique... R : Les troupes paramilitaires n’existent pas en Serbie... Q : Mais quand vous dites «mes soldats», à qui faites-vous allusion ? R : Je suis le commandant d’une unité spéciale qui s’appelle les Tigres. Cette force est placée sous le commandement de l’armée yougoslave. On ne peut donc pas parler de troupes paramilitaires. Il n y a que l’armée régulière qui se bat contre les terroristes albanais. Q : Et les informations sur l’épuration ethnique, ces milliers de réfugiés qui fuient leurs maisons... R : Ces gens ont été déplacés à cause des attaques de l’Otan. L’Alliance atlantique bombarde des Albanais, les Serbes, les musulmans sans aucune distinction. On l’a vu dernièrement à Djakovica, à Pristina, à Alecinac, sans oublier le train de Salonique. Les Albanais s’enfuient pour sauver leur vie. Q : Qu’en est-il des fosses communes découvertes par les satellites ? R : Il ne faut pas croire tout ce que dit l’Otan. C’est de la propagande de guerre. Ceux qui ont bombardé Hiroshima, Nagasaki, les peuples du Vietnam, d’Irak (...) ne sont pas bien placés pour donner des leçons aux autres. Les Américains sont les véritables criminels. Ils veulent imposer leur mode de vie et leur modèle de démocratie avec des Cruise et des F16. Q : Quel est le sort des dizaines de milliers de réfugiés qui vivent dans des conditions dramatiques ? R : Ils peuvent rentrer chez eux quand ils le désirent. La solution au problème du Kosovo ne peut être que politique. Après l’arrêt des bombardements, nous serons prêts à discuter. Le gouvernement fédéral est disposé à accorder une large autonomie culturelle et politique à la province. Mais jamais il n’acceptera la sécession ou la présence de troupes étrangères sur notre sol. Nous ne céderons pas le Kosovo à Tirana pour qu’il réalise le rêve de la Grande Albanie. Q : L’intransigeance de Belgrade est-elle raisonnable ? Le pays est en train d’être détruit. R : Ils peuvent tout détruire. Les usines, les ponts, la télévision. Ils ne réussiront pas cependant à détruire la détermination du peuple à résister. Q : La volonté suffit-elle à elle seule pour gagner une guerre? R : Oui, notre raison d’exister est la victoire. C’est à celui qui brisera l’autre le premier. Ils nous bombardent depuis un mois et le moral du peuple est dur comme l’acier. Nous préférons vivre un jour comme des lions plutôt que 100 ans comme des agneaux».
Il se nomme Jelko Raznakovic, dit Arkan. Son nom inspire la plus grande terreur. Il est accusé de crimes de guerre en Bosnie, et l’Otan affirme qu’il se trouve au Kosovo à la tête des troupes paramilitaires serbes qui se livrent à un nettoyage ethnique systématique. Nous l’avons rencontré à Belgrade. L’homme, courtois et affable, est tiré à quatre épingles. Arkan assure qu’il...