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Patrimoine - Le monastère de Mar Semaan à Wadi el-Karm Un havre de paix vieux de trois siècles (photos)
Par FARCHAKH Joanne, le 21 avril 1999 à 00h00
L’association «Monuments en Musique» et le Centre culturel français présenteront Nassim Maalouf, musicien libanais et inventeur de la trompette arabe, lors d’une soirée musicale au monastère de Mar Semaan à Wadi el-Karm dans le Metn, samedi 24 avril à 20h. L’église centenaire servira de cadre de sérénité à ce spectacle. Dans la pénombre, les notes musicales s’élèveront de l’église pour redonner vie à un paysage livré à l’abandon et à un petit village oublié. Wadi el-Karm, tel que son nom l’indique, était un vignoble. Aujourd’hui, les terrasses sont délaissées, l’herbe et les pierres ont remplacé la culture qui a valu son nom au village. Toutefois, le monastère poursuit la tâche dont il s’est acquitté depuis des siècles. La terre a toujours été sa première source de vie, aujourd’hui encore on la travaille. Cerises, pêches et bien sûr raisins ombragent ses jardins. «Il faut renouer avec les traditions anciennes et redonner un sens au nom du village. Alors, pour atteindre cet objectif, le monastère tente, avec des moyens limités, de s’occuper de l’ensemble de la propriété», explique le père Boutros Ghoraib, supérieur du monastère. Les terres du monastère, vastes aujourd’hui, ne l’étaient pas dans le temps. C’est au XVIIIe siècle que l’émir Souleiman Abillamaa a offert ce domaine à la communauté religieuse des Choueirites. Avant cette généreuse donation, au XVIIIe siècle, ce beau monastère surplombant la vallée était une petite chapelle dédiée à saint Simon que l’évêque de Beyrouth de la communauté melkite, Sylvestrus Dahan, a fait construire. Puis petit-à-petit, les fidèles de la paroisse sont venus l’agrandir, la transformant en monastère. À l’époque, le bâtiment était juste constitué d’un rez-de-chaussée, d’une église et de quelques chambres de moines. Cependant, le domaine était vaste et les récoltes de blé, raisins, mûriers lui assuraient une certaine prospérité. Mais ce n’est qu’à la fin du siècle dernier et au début du nôtre que le monastère a vécu son apogée. Siège du patriarche grec-catholique d’Antioche, il connaît alors une période de construction qui va lui donner son aspect actuel. L’évêque Atanas Sawaya a rajouté au couvent l’aile sud-est, l’étage supérieur, les séries d’arcades et la toiture rouge. Bref, il a donné à ce monument la forme qui convient bien à son environnement. Le monastère se fait remarquer entre les rochers sans toutefois casser avec l’harmonie des lieux. Actuellement, des travaux de restauration sont effectués dans ses salles intérieures. On enlève l’enduit centenaire peint pour montrer la petite pierre calcaire blanche. Seuls le grand salon de réception et la salle d’entrée garderont leur aspect d’antan. Néanmoins, le plus beau coin du monastère demeure son église édifiée en 1807. C’est une imitation à échelle réduite de celle des Apôtres à Rome. Les voûtes entrecroisées sont construites avec des pierres de différentes couleurs extraites des carrières locales. Une autre particularité de l’église est son iconostase sculptée dans le bois de cèdre. Cette merveille d’art et de finesse d’exécution est une des quatre connues au Liban. C’est dans ce lieu saint que se déroulera la soirée musicale de samedi et la porte sud sera ouverte pour permettre aux auditeurs de s’installer au clair de lune sur la terrasse couvrant la vallée. La belle architecture, l’air frais, les chants des oiseaux, la tranquillité des lieux et le paysage sublime font de ce monastère un havre de paix. Durant les week-ends, des dizaines de familles viennent s’installer à l’ombre du chêne centenaire. Tout est mis en place pour permettre à ces pique-niqueurs de se reposer. En fait, le monastère leur fournit tout ce dont ils ont besoin. Et durant les vacantes d’été, les lieux sont occupés par des scouts et des groupes religieux de jeunes. Le monastère est la résidence d’été du Mgr Habib Bacha, évêque de Beyrouth et de Jbeil pour la communauté grecque-catholique. Mais ses vrais occupants sont cent orphelins de 3 à 13 ans. «Nos petits vivent ici à longueur de l’année et une dizaine de monitrices s’occupent d’eux. La majorité sont des enfants à problèmes dans leurs familles, certains ne voulant même pas y retourner. On les prend alors à notre charge : logement, habit, nourriture et enseignement. On essaie de répondre à tous leurs besoins», explique le père Ghoraib. Le financement est essentiellement assuré par des donations mais du fait de la crise économique l’aide s’est raréfiée. Quoiqu’il en soit, le monastère continue sa mission. Il a servi et sert toujours de havre de sérénité. Cette qualité sera mise en valeur lors de la soirée musicale de samedi.
L’association «Monuments en Musique» et le Centre culturel français présenteront Nassim Maalouf, musicien libanais et inventeur de la trompette arabe, lors d’une soirée musicale au monastère de Mar Semaan à Wadi el-Karm dans le Metn, samedi 24 avril à 20h. L’église centenaire servira de cadre de sérénité à ce spectacle. Dans la pénombre, les notes musicales s’élèveront de...
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