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Actualités - REPORTAGES

Concert - Rencontre musicale avec Miguel-Angel Estrella Sous le signe de l'espoir et de la fraternité

On l’avait déjà applaudi à Beyrouth même il y a quelques années et l’on avait pu mesurer alors la qualité d’interprétation au-dessus de tout éloge de ce pianiste haut de gamme. Il revient aujourd’hui nous éblouir une fois de plus par un jeu remarquable et une présence intense dans toute partition que ses doigts approchent... Avec lui, le clavier a des résonances particulièrement belles et émouvantes. Pour les mélomanes libanais (notamment les jeunes et les très jeunes) et surtout les amoureux des partitions pour piano, Estrella a proposé non un concert conventionnel mais une rencontre musicale chaleureuse et informelle. Une rencontre prétexte pour faire de la musique et bavarder avec l’auditoire qu’il met à l’aise en toute simplicité... Présenté par la Mission laïque française dans le cadre de Beyrouth capitale du monde arabe et pour marquer le 90e anniversaire de son institution pédagogique, Estrella a offert à l’auditoire une promenade où la musique-espérance est un langage universel, un lien de fraternité et un message de paix. Entre question, confidence et commentaires de la musique interprétée, se sont succédé les partitions de Couperin, Mozart, Beethoven, Brahms, Fauré et Chopin. Une série de rondo comme pour survoler cent ans de musique et narrer les sensibilités à travers le temps... Comme une exergue à un livre, hommage au divin Mozart qui ouvre le bal de ces notes avec un rondo d’une limpidité d’eau de source... Couperin pour dire toute l’élégance et la finesse de l’esprit français et Beethoven pour évoquer la passion et le drame à travers de superbes et torrentielles envolées lyriques. Ondoyantes, tournoyantes, entêtées sont les phrases du maître de Bonn. «Aimez-vous Brahms»?, a dit malicieusement le pianiste avant de livrer le secret et la beauté sonore de ces ballades nordiques... Deux rhapsodies d’une maturité absolue quoique ce sont des écrits de jeunesse où percent la passion, la tendresse, la nostalgie, le mystère et le sens des légendes. Avant de confier qu’il aurait très bien pu être médecin, si à Dieu ne plaise il n’avait pu mener à bon port sa carrière de pianiste, Estrella a laissé s’égrener ce lumineux, ce diaphane «nocturne» de Fauré qui brillait comme une luciole dans le velours de la nuit.... À tout seigneur tout honneur, voici venir au galop les phrases du prince du clavier : Chopin. Mazurka, étude et impromptu pour dire toute la poésie et le fiévreux romantisme du plus virtuose des pianistes. Un grand vent de fraîcheur passe soudain sur ces pages ressassées. Estrella nous entraîne à la découverte d’un Chopin qu’il semble réinventer. Chez lui, tout paraît spontané, tout est nerveux, bouillant même dans son jeu toujours parlant, qui ne laisse jamais retomber l’intérêt et s’exalte parfois en de subites et superbes envolées. Le discours avance avec une énergie irrésistible, dans un imperceptible frémissement des tempos qui le rend encore plus vivant. Voilà un concert où le verbe a but humanitaire a dominé une musique effleurée par la grâce de l’aile d’un ange...
On l’avait déjà applaudi à Beyrouth même il y a quelques années et l’on avait pu mesurer alors la qualité d’interprétation au-dessus de tout éloge de ce pianiste haut de gamme. Il revient aujourd’hui nous éblouir une fois de plus par un jeu remarquable et une présence intense dans toute partition que ses doigts approchent... Avec lui, le clavier a des résonances...