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Cinéma - Le Liban au Festival de San Francisco Palme d'or pour Beyrouth, Palerme, Beyrouth, de Mahmoud Hojeije (photos)
Par GEMAYEL Aline, le 21 avril 1999 à 00h00
Projection spéciale de «Beyrouth, Palerme, Beyrouth » au théâtre Monnot. Ce film vidéo de 17 minutes, réalisé par Mahmoud Hojeige et produit en septembre 1998 par le Festival Ayloul, vient de remporter la Palme d’or du meilleur court-métrage expérimental au Festival international de San Francisco (18 avril au 6 mai). De jeunes artistes et un réalisateur, tous détenteurs d’un prix, sont à la recherche d’un emploi. «Je l’ai appris par e-mail», indique le jeune cinéaste. «Les responsables du festival m’ont envoyé un message en me demandant d’entrer en contact avec eux au plus vite». Mahmoud Hojeige devrait donc prendre l’avion le 1er ou le 2 mai pour être sur place au moment des remises des prix. Mahmoud Hojeige est un jeune doué, si l’on en juge par le nombre de prix qu’il a reçus : son projet de diplôme a eu le premier prix à l’International sport film de Palerme ; et Beyrouth, Palerme, Beyrouth la Palme à San Francisco. Il a pourtant le sentiment qu’elle ne lui servira à rien. «Un prix est une porte largement ouverte sur une réelle possibilité de concrétiser ses idées. Au Liban, les choses se passent autrement», dit-il amèrement. . «L’art n’est pas une priorité dans notre pays», constate-t-il. «Nous vivons dans une grande mare de mensonge. Maîtrise Dans un premier temps, il faut dénoncer toute cette hypocrisie. On est encore loin d’une réelle étape de reconstruction». Mahmoud Hojeige affirme ne vouloir «ni argent, ni travail. Mais au moins qu’on ne se moque pas de nous», lance-t-il. Après le Festival d’Ayloul, en septembre dernier, Mahmoud Hojeige avait rejoint une école de cinéma à Londres pour une année de maîtrise. «J’ai arrêté au bout de trois mois à cause du rythme trop lent des études et du prix prohibitif des cours», raconte-t-il. Diplômé de la LAU, Mahmoud Hojeige veut développer les techniques de base qu’il a acquises à Beyrouth. Il postule pour la New School de New York, pour un cycle de deux ans qui débuterait en septembre 99. «Je me rends aux États-Unis et j’espère pouvoir y rester le temps de faire cette formation». Et s’y exiler ? «Non. J’ai 25 ans, j’ai toujours vécu ici. Ma place est ici. J’y ai des choses à accomplir». Quant aux États-Unis, il en attend «une formation solide. Et un peu de calme. Prendre du recul pour savoir qui je suis et ce que je veux. Je veux juste vivre pendant deux ans dans un environnement normal», ajoute Hojeige. En attendant, «je suis au chômage. À l’instar de mes camarades de promotion, je cherche du travail». Et pourtant l’imagination de Mahmoud Hojeige fourmille d’idées. «Mais il n’y a ni équipes de travail ni moyens financiers pour les concrétiser». Quant à réaliser quelque chose dans le cadre de «Beyrouth capitale culturelle pour 1999», le cinéaste dit s’être adressé au ministère de la Culture qui «m’a proposé de payer mon billet d’avion pour San Francisco afin que j’aille y recevoir mon prix». Mais côté projets, Mahmoud Hojeige souligne n’en avoir remis aucun aux responsables car, dit-il, «l’administration est une machine lourde, et on ne sait jamais où vont les projets. Très peu aboutissent, la majorité se retrouve au fond d’un tiroir sous une épaisse couche de poussière». Et quitte à avoir de la poussière, Mahmoud Hojeige dit préférer celle qui s’accumule chez lui…
Projection spéciale de «Beyrouth, Palerme, Beyrouth » au théâtre Monnot. Ce film vidéo de 17 minutes, réalisé par Mahmoud Hojeige et produit en septembre 1998 par le Festival Ayloul, vient de remporter la Palme d’or du meilleur court-métrage expérimental au Festival international de San Francisco (18 avril au 6 mai). De jeunes artistes et un réalisateur, tous détenteurs d’un prix,...
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