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Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie - Ecevit vainqueur des législatives, les islamistes en forte régression Les nationalistes au pouvoir(photos)

La Turquie se dirige vers un gouvernement de coalition entre nationalistes de gauche et d’extrême droite après la victoire aux législatives du Premier ministre Bulent Ecevit et la percée du Parti de l’action nationaliste MHP, selon le scénario privilégié par la plupart des commentateurs hier. L’irruption spectaculaire du MHP au Parlement a relégué au troisième rang les islamistes du parti de la Vertu (Fazilet), jusque-là première formation, et créé un «tremblement de terre», une «explosion», un «grand choc», selon les titres des quotidiens libéraux. Le Parti de la gauche démocratique (DSP) de M. Ecevit, arrivé en tête du scrutin avec 21,3 % des voix, peut choisir de former un gouvernement de coalition avec le MHP (18,1 %) et le parti de la Mère Patrie (Anap, droite, 13,4 %) de l’ex-Premier ministre Mesut Yilmaz. Ils réunissent à eux trois une large majorité absolue de 350 sièges sur 550 au Parlement, selon une projection de la chaîne de télévision NTV, basée sur des résultats partiels hier matin. Interrogé sur une coalition incluant le MHP, M. Ecevit, 74 ans, a refusé dimanche soir de s’engager sur les alliances qu’il devra nouer pour former son gouvernement, une fois nommé à nouveau Premier ministre. D’autres scénarios de coalition sont possibles, mais ils devraient alors inclure les islamistes, ou bien le parti de la Juste Voie (droite) de Mme Tansu Ciller. Ces deux partis ne sont pas en odeur de sainteté auprès de l’establishment pro-laïc et de la puissante armée turque. Car Mme Ciller avait permis l’arrivée au pouvoir des islamistes en formant une coalition avec eux qui a duré un an, avant que le Premier ministre Necmettin Erbakan ne démissionne en juin 1997 sous la pression de l’armée. Le parti des « Loups gris » Si une coalition DSP-MHP se réalise, elle unirait pour la première fois depuis la fondation de la Turquie, il y a 76 ans, un parti de gauche et une formation ultranationaliste. Ces deux tendances se sont durement affrontées dans les années 70, lors de violences sanglantes qui avaient fait des milliers de morts et servi de justification au coup d’État militaire de 1980. À l’époque, M. Ecevit considérait les membres du MHP comme des «fascistes», et le MHP le traitait de «communiste». Mais M. Ecevit a souligné après sa victoire que la «période de blocage idéologique» est terminée. Il a entre-temps, dans les années 1990, abandonné ses thèmes gauchistes, pour un discours à forte coloration nationaliste. Il avait prouvé ses convictions dès 1974, en ordonnant l’intervention de l’armée turque à Chypre, en riposte à un coup d’État de nationalistes chypriotes-grecs qui visait à rattacher l’île à la Grèce. Le président du MHP Devlet Bahceli, 51 ans, a quant à lui affirmé dimanche soir que la politique de son parti «n’est pas du tout éloignée» des positions du DSP. «Nous n’avons pas de préjugés, nous sommes prêts à toute coalition si nous nous mettons d’accord sur les conditions», a-t-il lancé. Il s’efforce de présenter son parti comme une formation de centre-droit, après l’avoir purgé des éléments les plus radicaux. Car le MHP est le parti des «Loups gris», organisation satellite devenue toutefois plus discrète ces dernières années. Son membre le plus célèbre est sans nul doute Ali Agca, auteur d’une tentative d’assassinat contre le pape Jean-Paul II en 1981. Autre membre des «Loups gris» connu en Turquie: Haluk Kirci, arrêté en janvier dernier. Condamné à mort pour le meurtre de sept opposants de gauche dans les années 1970, il avait été libéré puis de nouveau arrêté en 1996, avant de réussir presque immédiatement à s’évader des locaux de la police.
La Turquie se dirige vers un gouvernement de coalition entre nationalistes de gauche et d’extrême droite après la victoire aux législatives du Premier ministre Bulent Ecevit et la percée du Parti de l’action nationaliste MHP, selon le scénario privilégié par la plupart des commentateurs hier. L’irruption spectaculaire du MHP au Parlement a relégué au troisième rang les islamistes...