Actualités - CHRONOLOGIE
Télécommunications - Deutsche Telekom et Telecom Italia s'allient, France Telecom mécontent Le deuxième géant mondial est européen
le 20 avril 1999 à 00h00
Deutsche Telekom et Telecom Italia sont sur le point de fusionner pour donner naissance à un géant mondial des télécommunications, mais France Télécom a aussitôt mis en garde son allié allemand contre cette infidélité. Dimanche soir, après plusieurs jours de rumeurs, les groupes allemand et italien reconnaissaient négocier un «possible partenariat industriel». Mais lundi, chez Telecom Italia, on parlait d’un plan de fusion qui serait annoncé mardi matin à Londres. Deutsche Telekom refusait de commenter. Cette fusion consacrerait la naissance d’un géant mondial d’une valeur boursière de quelque 200 milliards d’euros (214 milliards de dollars), de quoi bouleverser le paysage européen du secteur, encore largement dominé dans chaque pays par les anciens monopoles nationaux. Échange d’actions, création d’une troisième société qui lancerait une double offre publique d’échange, double augmentation de capital réservée... Les analystes hésitaient sur les possibles modalités de cette fusion. Ils sont en revanche quasi unanimes à rester sceptiques devant une alliance qui ne semble pas avoir de grands intérêts stratégiques, à part renforcer la présence de Deutsche Telekom en Italie, ce qui lui permettrait d’y damer le pion à son principal concurrent allemand, Mannesmann. À preuve, le comportement du titre Deutsche Telekom à la Bourse de Francfort, où il a terminé quasiment inchangé à 38,15 euros. À Milan, la cotation de Telecom Italia a été suspendue. Scepticisme et mises en garde «La fusion n’a pas de sens», commentait dès vendredi un courtier. Cette alliance «ne serait vraiment pas une bonne affaire pour Deutsche Telekom», renchérissait un analyste allemand. Première raison, les deux groupes n’ont pas achevé leur restructuration, disent-ils, ajoutant qu’une alliance entre un italien récemment privatisé et un allemand encore aux trois quarts contrôlé par l’État serait difficile. De plus, Telecom Italia est aux prises avec une offre publique d’achat hostile qu’Olivetti compte lancer – il l’a encore répété lundi – à partir du 30 avril, au prix de 11,50 euros par action. Enfin et surtout, Deutsche Telekom a déjà tissé des liens étroits avec France Télécom, les deux entreprises détenant une participation croisée de 2 % dans leur capital respectif. Le français, dont le titre a chuté de 5,43 % à la Bourse de Paris, a mis en garde son allié allemand contre cette infidélité, lui rappelant que leurs accords «sont précis et incompatibles avec un revirement stratégique unilatéral». Et de souligner qu’en Europe, leur seule opération significative commune est en Italie, ou chacun détient 25 % de l’opérateur Wind, en association avec l’Enel (l’électricité italienne, 50 %). Deutsche Telekom «devrait renoncer à cette opération» s’il s’alliait avec Telecom Italia, affirme France Télécom. L’allemand a au moins les moyens de ses ambitions : il compte lever plus de 11 milliards d’euros sur le marché boursier fin juin par le biais d’une augmentation de capital. Selon le mensuel allemand Manager, il a négocié la possibilité d’un rachat de l’américain Sprint, dont la capitalisation boursière s’élève à 39,4 milliards de dollars. Pour les analystes, une telle alliance aurait plus de sens stratégique que celle avec l’italien, Deutsche Telekom étant très peu implanté en Amérique du Nord. L’alliance germano-italienne devrait aussi satisfaire aux normes de Bruxelles, et le président de Deutsche Telekom, Ron Sommer, a rencontré vendredi le commissaire européen à la concurrence, Karel van Miert, pour l’informer, selon un porte-parole de la Commission. Autre obstacle, le gouvernement italien dispose d’un droit de veto sur l’entrée de nouveaux actionnaires au sein de Telecom Italia et le président du Conseil italien, Massimo D’Alema, a d’ores et déjà indiqué qu’une telle alliance devrait avoir un «caractère paritaire».
Deutsche Telekom et Telecom Italia sont sur le point de fusionner pour donner naissance à un géant mondial des télécommunications, mais France Télécom a aussitôt mis en garde son allié allemand contre cette infidélité. Dimanche soir, après plusieurs jours de rumeurs, les groupes allemand et italien reconnaissaient négocier un «possible partenariat industriel». Mais lundi, chez...
Les plus commentés
Formation du gouvernement : que veut (vraiment) Samir Geagea ?
Netanyahu offre un bipeur d'or à Trump, qui salue une « brillante opération »
Pourquoi Khamenei a désigné Naïm Kassem comme son représentant au Liban