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Municipalités - Ecoles, routes, sécurité Deir el-Kamar : des problèmes et quelques solutions (photos)
Par EL HAGE Anne Marie, le 20 avril 1999 à 00h00
Samedi de Pâques à Deir el-Kamar; les cloches des églises sonnent à toute volée. Elles appellent les fidèles à la prière. Dans tout le village, monte une ferveur intense, animée par des cantiques diffusés dans les rues. Pourtant, à la municipalité, en ce jour de fête, on ne chôme pas. Bien au contraire, le conseil est en pleine réunion, présidé par Dory Chamoun, que tout le monde appelle ici «rayess». Architectes, ingénieurs, entrepreneurs originaires du village et qui habitent aujourd’hui dans la capitale sont là. Ces hommes viennent régulièrement proposer bénévolement leurs services, rien que pour contribuer au développement de leur village natal. Un village riche en histoire et en influences étrangères dans la région du Chouf, et qui a été miraculeusement épargné par les destructions et l’exode. Un village qui est fier de compter la première municipalité au Moyen-Orient, puisque c’est en 1864 qu’elle a vu le jour. Présidée, pendant 35 ans par Georges Dib Nehmé, aujourd’hui député, «Deir el-Kamar n’a pas de problèmes majeurs, dit Dory Chamoun, l’actuel président, puisque Georges Dib a bien mené sa barque jusque-là. Avec les moyens de bord évidemment», s’empresse-t-il d’ajouter. Mais s’il n’y a pas de problème urgent, tout n’est pas rose dans cette localité qui compte 4 500 habitants l’été, et quelque 1 500 âmes seulement en hiver. Les déplacés En effet, l’exode de la population provoqué par la guerre pèse lourd sur Deir el-Kamar. Car ce village, dont la vocation culturelle est depuis longtemps reconnue dans le Chouf, recevait traditionnellement une grande partie des élèves et étudiants de la région, toutes religions confondues, puisqu’il compte les meilleures écoles du caza, ainsi qu’une branche d’architecture et de beaux-arts de l’Université libanaise qui compte actuellement près de 160 étudiants. Le village perpétue aujourd’hui cette tradition culturelle, et prépare le retour des déplacés, même si celui-ci demeure encore hypothétique. Alors qu’une école publique secondaire se prépare à ouvrir ses portes, l’école hôtelière aménage des locaux pour recevoir les étudiants. D’un autre côté, de nouvelles perspectives universitaires permettraient non seulement à Deir el-Kamar, mais à tout la région, de garder ses jeunes, qui se trouvent souvent obligés d’aller à Beyrouth poursuivre leurs études universitaires, et même d’y travailler par la suite. Certes la population est cultivée, remarque Fouad Chamoun, ingénieur et ancien membre du conseil municipal, mais elle n’est pas riche. En effet, à Deir el-Kamar, point d’industries ou de ressources mirobolantes, et depuis vingt ans, aucune nouvelle construction n’a vu le jour. Les habitants vivent de leur commerce, du tourisme, ou bien rejoignent les rangs des fonctionnaires de l’État. Quant aux médecins, ingénieurs, avocats et gestionnaires, ils se sont installés en ville. «Nous espérons que ces nouvelles perspectives culturelles encourageront certains à revenir travailler dans la région, confie Dory Chamoun, car nous tenons à faire de Deir el-Kamar un centre scolaire et culturel, en plus de sa vocation touristique». Le fléau des mines Mais pour ce faire, il est nécessaire d’aider la population à oublier la guerre. «Certains champs entourant la ville sont encore minés depuis l’époque de la présence des Forces libanaises dans la région, pendant la guerre», déplore Dory Chamoun. Plusieurs accidents graves ont eu lieu, et les zones dangereuses sont aujourd’hui interdites aux promeneurs. «L’armée libanaise a effectué plusieurs opérations de déminage, ajoute le président de la municipalité, mais vu l’absence de plans, la mobilité du terrain, et une végétation riche en arbres et talus, bon nombre de mines sont certainement encore enfouies quelque part». La municipalité a alors fait appel à une organisation internationale, et attend son aide pour parvenir à écarter le danger. Pas de police municipale Car la présence de ces mines restreint effectivement le rayon de promenade des habitants et des touristes, et empêche le développement de l’infrastructure du village, puisqu’il est impossible d’entreprendre des travaux dans les régions à risque. À ce problème inhérent aux villages libanais qui ont vécu la guerre, s’ajoute à Deir el-Kamar celui du manque de personnel à la municipalité. La loi interdisant d’engager des policiers municipaux, la seule solution pour la municipalité est de la contourner, comme cela se fait presque partout ailleurs. Huit «gardiens» ont été recrutés pour effectuer les tâches de la police. Mais cette solution n’est que provisoire en attendant la décentralisation tant promise par le Conseil des ministres, car même ces gardiens ne sont pas en nombre suffisant, puisque le plafond des dépenses que la municipalité peut entreprendre a été fixé à 3 millions de livres. Au-delà de cette somme, il est nécessaire d’obtenir l’aval du caïmacam, puis celui du mohafez, une formalité qui prend beaucoup de temps en raison de la lenteur administrative. Et nul ne peut prétendre œuvrer pour le développement de son village sans engager du personnel qualifié. Samedi de Pâques, une journée glaciale à la municipalité de Deir el-Kamar, mais la présence de tous ces volontaires, jeunes et moins jeunes, faisait réellement chaud au cœur.
Samedi de Pâques à Deir el-Kamar; les cloches des églises sonnent à toute volée. Elles appellent les fidèles à la prière. Dans tout le village, monte une ferveur intense, animée par des cantiques diffusés dans les rues. Pourtant, à la municipalité, en ce jour de fête, on ne chôme pas. Bien au contraire, le conseil est en pleine réunion, présidé par Dory Chamoun, que tout le monde...
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