Actualités - CHRONOLOGIE
Livres - "Mémoires d'un médecin de Ras Beyrouth" Mounir Chamaa, ou la vie à 200 à l'heure
Par M. I., le 27 novembre 1999 à 00h00
La blouse blanche et le stéthoscope dont on pense qu’il confine le toubib dans son cabinet de consultation deviennent des objets magiques avec le Dr Mounir Chamaa, qui vient de publier un ouvrage intitulé Décollage et atterrissage : mémoires d’un médecin de Ras-Beyrouth, publié aux éditions Riad el-Rayyes. Mounir Chamaa est un éminent gastro-entérologue qui depuis quarante ans soigne non seulement Ras-Beyrouth, mais tout le Liban et une grande partie du monde arabe. Il a étendu à l’infini les horizons de son espace médical. À ses heures de loisirs, il parcourait le Liban à cheval, plongeait sous la Méditerranée pour découvrir sa faune et sa flore. Cela quand il ne faisait pas des virées vers d’autres cieux. Une vie vécue à 200 km à l’heure. Peut-être pour relever le défi d’avoir été le dernier-né (dont sa mère ne voulait pas) d’une famille de six enfants. Il se raconte et raconte sa famille avec beaucoup de franchise, d’aisance et surtout avec une bonne dose d’humour. Peu lui chaut d’être né le jour le plus triste de l’année, le 6 mai (fête des martyrs) 1928. Ce qui l’a davantage marqué, c’est d’avoir vu le jour à Ras-Beyrouth (plus précisément à la rue Jeanne d’Arc), où il a grandi, fait ses études de médecine à l’AUB et s’est forgé une brillante carrière. À ce quartier de la capitale, il consacre un long chapitre car pour lui il est chargé d’une spécificité socioculturelle qui a laissé son empreinte sur la personnalité et le caractère de ses habitants, dont lui-même. Dans ce chapitre intitulé L’État de Ras-Beyrouth, le Dr Chamaa commence par en délimiter les frontières géographiques : «Se trouvant à l’ouest de Beyrouth, cet État est cerné au nord et à l’ouest par la Méditerranée (de Aïn el-Mreissé jusqu’à Raouché). Il s’étend au sud jusqu’à la rue Clemenceau. Son principal pôle d’intérêt: l’Université américaine. Sa capitale: l’intersection de la rue Bliss et de la rue Jeanne d’Arc». Il y a controverse chez les historiens quant à savoir si l’identité de Ras-Beyrouth résulte de la présence de l’AUB dans son enceinte ou si cette dernière est devenue la citadelle de la science et du libéralisme à cause du tissu social de Ras-Beyrouth. Là ont vécu en convivialité et en parfaite symbiose des familles de différentes souches, mais toutes ouvertes à tous les courants d’idées. Il n’était donc pas étonnant que les intellectuels et les politiciens du monde arabe, toutes tendances confondues, y aient trouvé refuge. Les Ras-Beyrouthins de renom En bon Ras-Beyrouthin, le Dr Chamaa répertorie toutes les familles de la localité qui a produit des personnes de grande renommée, notamment Constantin Zreik, Anis Freiha, Georges et Anis el-Makdissi, Charles Malek, Gabriel Jabbour, Zein Zein, Boulos el-Kholi. Autre caractéristique des habitants de Ras-Beyrouth : tout en restant attachés à leur «coin», ils ont déployé leurs ailes de par le monde. Pour le Dr Chamaa, ça a été l’Arabie séoudite (1952), les États-Unis pour une spécialisation à Harvard (1955). Pour le plaisir, on le retrouve en Sardaigne (pêche sous-marine), dans les Alpes, pour skier. Il décollera de Ras-Beyrouth pour aller explorer le monde et finira toujours par atterrir à Ras-Beyrouth. Entre-temps, il rédige un traité ayant pour titre La médecine entre la réalité et l’illusion. Durant les années de guerre et malgré qu’il ait été kidnappé, le Dr Mounir Chamaa n’a jamais songé à «quitter» sa base où il a continué à pratiquer sa profession, sa liberté d’esprit, sa tolérance et son humour. En abordant le troisième âge, il n’a mis aucun frein à ses croyances et à son dynamisme intellectuel.
La blouse blanche et le stéthoscope dont on pense qu’il confine le toubib dans son cabinet de consultation deviennent des objets magiques avec le Dr Mounir Chamaa, qui vient de publier un ouvrage intitulé Décollage et atterrissage : mémoires d’un médecin de Ras-Beyrouth, publié aux éditions Riad el-Rayyes. Mounir Chamaa est un éminent gastro-entérologue qui depuis quarante ans soigne non seulement Ras-Beyrouth, mais tout le Liban et une grande partie du monde arabe. Il a étendu à l’infini les horizons de son espace médical. À ses heures de loisirs, il parcourait le Liban à cheval, plongeait sous la Méditerranée pour découvrir sa faune et sa flore. Cela quand il ne faisait pas des virées vers d’autres cieux. Une vie vécue à 200 km à l’heure. Peut-être pour relever le défi d’avoir été le dernier-né...
Les plus commentés
La dangereuse fuite en avant du Hezbollah
Presque six ans après la crise, le Liban décide (enfin) d’émettre de nouveaux billets de banque
Municipales : Beyrouth, quadrature du cercle ?