Actualités - OPINION
Tribune Le barreau libanais, surnombre et appréhensions
Par MALLAT Wajdi, le 09 décembre 1999 à 00h00
La crise couvait déjà latente chez les avocats. Elle en était encore à son stade endémique, et voilà qu’elle prend, dans la stagnation générale ambiante, des proportions accrues, susceptibles de faire éclater la nature fondamentale des professions dites libérales. Une certaine discrétion corporative naturelle cache encore les dimensions du drame mais le seuil dangereux de la cote d’alerte ne semble pas bien loin. Les divers Ordres, déjà réglementés pas la législation libanaise, ceux des avocats, médecins, ingénieurs, pharmaciens, sont tous aujourd’hui concernés ou menacés. Il faut y joindre le sort d’autres organisations syndicales, dont la vie corporative demeure voilée et dont les directions surannées sont inamovibles. Tous sont en droit d’être inquiets face à l’amenuisement de leur potentiel économique et à l’accroissement correspondant de leurs obligations. L’on ne peut que déplorer la marée montante incontrôlée des nouveaux arrivants au barreau. L’espoir est bien réduit d’arriver rapidement à la découverte des solutions radicales, qui sauvent l’avenir de la profession, d’un péril confus d’étouffement. Les données du dossier sont primitives et connues. Un simple énoncé des faits suffit pour en éclairer le contentieux. Le nombre des avocats inscrits au barreau de Beyrouth est voisin aujourd’hui de six mille cinq cents adhérents, alors qu’il ne dépassait pas le chiffre de soixante-neuf membres à la fondation de la profession. Ce taux ayant progressé rapidement, le Conseil de l’ordre dès 1940 avait élevé la voix appelant à soumettre toutes les professions libérales à un même traitement, à défaut duquel une limitation du nombre devient inévitable au barreau. Le droit étant naturellement plus hospitalier que les autres disciplines, ses rangs ont proliféré d’une manière incohérente, accusant un débordement dans la création de multiples centres d’enseignement répartis au gré d’une grande confusion. Tel est un tableau sommaire des motifs, développés par le barreau, pour expliquer l’actuel surnombre dans la profession, lequel est en passe de dégénérer en une crise d’excroissance transmissible aux autres professions. Les Libanais n’ont point encore oublié la dérive de la culture du pommier et du mûrier, surabondamment plantés sur nos terres, dans l’euphorie des certitudes. Les avocats sont aujourd’hui dans un large nombre en quête de moyens qui leur permettent le maintien d’une vie décente. Il leur manquait l’infusion nouvelle d’un esprit nouveau que les optimistes croient trouver dans le dernier scrutin. On s’attend donc bientôt à la rupture avec un passé récent irresponsable, fait de fatuité et de parade. Il tarde à l’équipe nouvellement formée de s’atteler aux choses sérieuses. Le salut de la profession, la restauration de sa dignité, et sa garantie libérale de survie sont à ce prix
La crise couvait déjà latente chez les avocats. Elle en était encore à son stade endémique, et voilà qu’elle prend, dans la stagnation générale ambiante, des proportions accrues, susceptibles de faire éclater la nature fondamentale des professions dites libérales. Une certaine discrétion corporative naturelle cache encore les dimensions du drame mais le seuil dangereux de la cote d’alerte ne semble pas bien loin. Les divers Ordres, déjà réglementés pas la législation libanaise, ceux des avocats, médecins, ingénieurs, pharmaciens, sont tous aujourd’hui concernés ou menacés. Il faut y joindre le sort d’autres organisations syndicales, dont la vie corporative demeure voilée et dont les directions surannées sont inamovibles. Tous sont en droit d’être inquiets face à l’amenuisement de leur potentiel...
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