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Actualités - CHRONOLOGIE

Livres - Algèbre des valeurs morales Fi Talab al-Namous al-Mafkoud d'Ibrahim al-Kaouni

«Ce que nous connaissons est limité, ce que nous ne connaissons pas est illimité». C’est par cette exergue d’Appolius que s’ouvre le livre d’Ibrahim al-Kaouni Fi Talab al-Namous al-Mafkoud (Dar an-Nahar – 230 pp.) qui se traduirait en français par «En exigeant l’honneur perdu». Un livre à la fois dense et léger où les textes sont de simples aphorismes, des pensées, des méditations, des réflexions, des notes, des annotations… Petite musique attachante d’une partition faussement disparate… Né en en 1948 en Libye et appartenant aux tribus «Tawarek», Ibrahim al-Kaouni a fait des études littéraires à l’Institut Gorki de Moscou. Ses ouvrages ont été traduits dans plus de vingt-cinq langues. Il vit depuis 1993 dans les Alpes suisses. Se déployant comme un long poème où ni rime ni prosodie conventionnelle ni même l’inspiration n’ont de prise sur son verbe percutant, le livre un peu secret mais étrangement moderne dans sa formulation d’al-Kaouni est un authentique éloge à la sagesse. L’auteur traque le non-dit et l’invisible pour les traduire en termes transparents et palpables. Frappantes sont ces pensées qui frisent souvent l’évidence mais en même temps si fluides, si claires… Il y a là dans ces propos lumineux ce que Simone de Beauvoir nommait si justement «les beautés du désert»… Ce désert Libyen qui reste comme la source d’écriture d’un auteur dont on serait tenté de dire qu’il aurait pour père spirituel et littéraire Cioran mais avec le pessimisme et la causticité en moins… Lapidaires, cinglantes, concises, harmonieuses, douces, étonnantes phrases qui giclent et fusent d’une plume que rien n’embrigade. Observant la nature et ses éléments, l’être humain et ses comportements, réfléchissant sur les valeurs et les phénomènes de société, Ibrahim al-Kaouni tire une morale vivante qui ne manque guère d’audace mais où le sens religieux (aussi bien chrétien que musulman) n’est guère exclu. Petites phrases à la sonorité juste et belle, aux images souvent surprenantes, à l’humanisme moderne mais où la notion “tribale”, ou primitive de la vie est prise en considération comme une incontournable leçon pour approcher toute traversée humaine… Voilà les mots clefs de cet ouvrage un peu hermétique et discrètement incisif… En phrases faussement détachées, il y a là comme une mission de révéler au lecteur ce que la littérature ou la fiction romanesque camoufle soigneusement. Écriture vouée à une obsession, celle de la vérité qui démasque tout… Dans sa nudité, sa pureté absolue. Même le style s’en ressent. Dépouillé, net, précis sans perdre toutefois la force et la douceur d’une poésie qui retient le lecteur comme aux lèvres d’un «hakawati» au verbe ensorceleur… Extraits Le silence: la langue de Dieu. ****** Entre l’ignorance et l’innocence, il y a un lien de parenté. ****** Nous mourons chaque nuit. Nous renaissons chaque matin. ****** L’homme est l’enfant de Dieu sur terre et l’enfant de Dieu en l’homme c’est la conscience. ****** Ce que tu as pris tu l’as pris et ce que tu as donné tu l’as gagné. ****** La voix du vent dans la solitude du désert est plainte. Et la voix du vent quand il affronte un arbre est chant. ****** Le vent vivifie l’arbre mais il ne peut donner vie aux pierres. ****** Nul ne triomphe du vent que la pierre. ****** Si la lune n’était pas l’amant de la nuit, les amoureux n’auraient pas chanté les bienfaits de la nuit. ****** Le paradis de l’âme c’est l’isolement. ****** Autrefois l’exil était une punition. Aujourd’hui l’exil est une patrie.
«Ce que nous connaissons est limité, ce que nous ne connaissons pas est illimité». C’est par cette exergue d’Appolius que s’ouvre le livre d’Ibrahim al-Kaouni Fi Talab al-Namous al-Mafkoud (Dar an-Nahar – 230 pp.) qui se traduirait en français par «En exigeant l’honneur perdu». Un livre à la fois dense et léger où les textes sont de simples aphorismes, des pensées, des méditations, des réflexions, des notes, des annotations… Petite musique attachante d’une partition faussement disparate… Né en en 1948 en Libye et appartenant aux tribus «Tawarek», Ibrahim al-Kaouni a fait des études littéraires à l’Institut Gorki de Moscou. Ses ouvrages ont été traduits dans plus de vingt-cinq langues. Il vit depuis 1993 dans les Alpes suisses. Se déployant comme un long poème où ni rime ni prosodie...