Peine de mort - La Cour Suprême a eu le dernier mot L'allemand Walter LaGrand a été exécuté par gaz en Arizona

Une semaine après son frère Karl, l’Allemand Walter LaGrand a été exécuté dans l’Arizona par gaz létal, en dépit des appels interjetés par le gouvernement allemand et la Cour internationale de justice. Il a mis 18 minutes pour mourir dans la chambre à gaz, a précisé la porte-parole des services pénitentiaires de l’Arizona, Camilla Strongin. Plusieurs dizaines de témoins, dont l’Attorney General de l’Arizona Janet Napolitano et une femme blessée par Walter LaGrand assistaient à l’exécution, la première dans la chambre à gaz de la prison de Florence depuis 1992. «Je suis vraiment désolé», a dit Walter LaGrand, 37 ans, avant de mourir, à l’adresse de la famille de l’homme qu’il avait tué en 1982. À vous tous, «je vous pardonne», a-t-il ajouté. Attaché sur un fauteuil, il a toussé à plusieurs reprises alors que le gaz commençait à s’élever dans la pièce de mise à mort, a raconté un témoin. «Puis sa tête est tombée, mais le corps a continué à se contorsionner», a ajouté ce témoin. Une journaliste locale, en pleurs, a ajouté que c’était «violent». La Cour suprême avait cassé au dernier moment l’arrêt d’une cour d’appel estimant que son exécution par gaz létal serait inconstitutionnelle car trop cruelle. Elle a aussi rejeté les appels du gouvernement allemand, qui lui avait demandé un report de l’exécution. Une ordonnance de la Cour internationale de justice de la Haye n’a pas davantage été écoutée. «Nous n’étions pas liés par cet ordonnance», a commenté après l’exécution Janet Napolitano. «Nous nous soucions de la loi internationale mais, dans ce cas, c’était trop tard», a-t-elle ajouté. Elle a également souligné que Walter LaGrand avait eu à choisir entre l’injection et la chambre à gaz, et que c’était «son choix» de mourir ainsi. Mort lente et violente Après avoir passé plus de 15 ans dans le couloir de la mort dans des cellules proches, les deux frères LaGrand seront enterrés à proximité l’un de l’autre, dans le cimetière de la prison, selon Camilla Strongin. Comme Karl le 24 février, Walter a vécu sa dernière journée dans un insupportable suspens judiciaire. Après avoir été transféré dans une cellule spéciale et avoir pris son dernier repas aux premières heures de la matinée, il a appris, moins de deux heures avant le moment prévu de son exécution, que la cour d’appel de San Francisco, compétente territorialement, avait exigé un report de son exécution. L’État de l’Arizona avait immédiatement fait appel, et à l’heure prévue de son exécution, Walter LaGrand attendait toujours une décision de la Cour suprême des États-Unis, également saisie d’une demande de sursis par le gouvernement allemand. La Cour suprême a finalement refusé le report de l’exécution, estimant notamment que l’appel des autorités allemandes avait été trop tardif. Karl et Walter LaGrand, nés en Allemagne mais ayant grandi aux États-Unis, sont les premiers Allemands exécutés aux États-Unis depuis le début du siècle. La mort dans une chambre à gaz est plus lente et plus violente que par injection. Il a fallu 18 minutes à Walter LaGrand pour mourir, quand son frère Karl, 35 ans, était mort en quatre minutes. Cinq des 38 États qui appliquent la peine de mort aux États-Unis conservent une chambre à gaz, mais tous offrent désormais comme alternative aux condamnés l’injection. Seulement une dizaine de condamnés ont été exécutés par gaz depuis le rétablissement de la peine de mort par la Cour suprême en 1976. Les frères LaGrand avaient été condamnés à mort en 1984, pour le meurtre du responsable d’une agence bancaire à Marana, près de Tucson. Ken Hartsock, 63 ans, avait été tué de 24 coups de coupe-papier lors d’un braquage raté. Walter LaGrand est le 23e condamné à mort exécuté cette année aux États-Unis.