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Actualités - REPORTAGES

Conflit de succession, ingérences politiques, tiraillements avec Noor Les vraies raisons qui ont poussé Hussein à écarter son frère

Le royaume hachémite vient de tourner une page de son histoire, mais pour beaucoup de Jordaniens, au-delà de la dernière dégradation de l’état de santé du roi Hussein, la récente éviction de son frère, l’ancien prince héritier Hassan, après 34 ans de service, a constitué la clé de voûte des développements qui ont bouleversé la petite histoire de la dynastie hachémite. Les spéculations étaient nombreuses autour des véritables raisons qui avaient poussé le roi Hussein, qui savait sa fin proche, à prendre une décision aussi brutale, prenant ainsi le risque de mettre à rude épreuve la cohésion de la famille royale. Un recoupement d’informations auprès de plusieurs personnalités proches du régime ont permis de dégager les éléments suivants: • La raison la plus évidente, celle qu’on retrouve dans toutes les conversations, était d’abord un conflit de succession. A priori, dit-on, Hussein voulait que son frère Hassan lui succède sur le trône de Jordanie, mais des divergences avaient surgi autour de la succession de ce dernier. Hussein voulait qu’il passe le flambeau à l’un de ses fils, Hamzeh, 18 ans, aîné des autres fils de la reine Noor. Hassan serait resté très évasif, privilégiant probablement l’un de ses propres enfants. • La deuxième raison, plus sous-jacente celle-là parce que exprimée avec beaucoup de diplomatie, tenait dans la pratique même par l’ancien prince héritier de ses responsabilités. Le roi lui reprochait de s’occuper des détails les plus infimes du gouvernement, allant parfois jusqu’à intervenir dans les permutations de certains officiers de l’armée ou la nomination de diplomates. Le souverain estimait que de par sa fonction, le prince héritier doit avoir une obligation de réserve le mettant à l’abri des conflits locaux. • La troisième cause était infiniment plus délicate. Hussein reprochait à son frère une attitude qui devenait pour le moins condescendante vis-à-vis de la reine Noor, notamment durant son absence prolongée en raison de son hospitalisation aux États-Unis. Parallèlement, la tension montait entre Sarouat, l’épouse de Hassan, et la reine. On raconte même qu’elle avait pris l’initiative, sans même la consulter, de changer les rideaux à l’intérieur du palais royal. • La dernière raison enfin qui semble avoir eu un impact non négligeable sur la décision de Hussein d’écarter son frère tenait dans le caractère même de ce dernier. Le prince Hassan était sans aucun doute un homme de grande culture, un personnage raffiné s’intéressant aux arts et à la littérature. Les 34 années au cours desquelles il a exercé les fonctions d’héritier du trône lui ont conféré une expérience incontestable dans la conduite des affaires et il était considéré comme un bon serviteur du royaume. Mais Hassan manquait cruellement de charisme. Avec ses collaborateurs, il se montrait distant et réservé, ce que ne manquaient pas de relever les proches du roi Hussein. Au cours de ses 46 ans de règne, le «petit roi» avait habitué ses sujets à un tout autre comportement, n’hésitant pas à aller en personne à la rencontre de son peuple, se déplaçant dans son véhicule qu’il conduisait personnellement vers les régions les plus reculées du royaume, prenant le thé avec les chefs des tribus bédouines sous la tente, s’enquérant de leur santé, de leurs besoins… C’est donc la conjonction de toutes ces raisons qui ont abouti à la mise à l’écart de l’ancien prince héritier. Pour l’heure, les responsables jordaniens relèvent le fait que la nomination du prince Abdallah, puis son intronisation à la tête du royaume, s’est faite selon les règles constitutionnelles. Les Jordaniens sont fiers des institutions mises en place par le roi Hussein et insistent sur le fait que le prince Hassan, «en bon soldat», a accepté sans aucun problème la décision de son frère. Hier, durant les obsèques, le nouveau roi Abdallah a eu de touchants apartés avec son oncle. Les deux hommes se sont longuement réconfortés, unis dans une même douleur. La famille royale est solidaire, tel était sans doute le message qu’ils ont voulu passer.
Le royaume hachémite vient de tourner une page de son histoire, mais pour beaucoup de Jordaniens, au-delà de la dernière dégradation de l’état de santé du roi Hussein, la récente éviction de son frère, l’ancien prince héritier Hassan, après 34 ans de service, a constitué la clé de voûte des développements qui ont bouleversé la petite histoire de la dynastie hachémite. Les spéculations étaient nombreuses autour des véritables raisons qui avaient poussé le roi Hussein, qui savait sa fin proche, à prendre une décision aussi brutale, prenant ainsi le risque de mettre à rude épreuve la cohésion de la famille royale. Un recoupement d’informations auprès de plusieurs personnalités proches du régime ont permis de dégager les éléments suivants: • La raison la plus évidente, celle qu’on retrouve dans...