Actualités - CHRONOLOGIE
Privatisations - Assistance accrue de l'UE Le programme du gouvernement ambitieux, mais réaliste
Par DE HAUTEVILLE Gérard, le 01 février 1999 à 00h00
Au moment où le vice-président de la Banque mondiale était invité à Beyrouth, pour, entre autres, évaluer le dossier des privatisations au Liban, la Commission européenne et le gouvernement libanais ont signé un premier accord de coopération pour les stratégies sectorielles comprenant les privatisations ; un deuxième protocole devrait être parachevé d’ici quelques semaines ; il concerne le domaine des réformes administratives. Ces deux volets de l’assistance technique de la CCE ont été concrétisés par une mission de l’un des spécialistes mondiaux de la privatisation, M. Pierre Guislain, haut fonctionnaire de la CEE et de la Banque mondiale qui a assisté nombre de pays dans leurs stratégies de privatisations. En fait, depuis quelques années déjà, la Banque mondiale et l’Union européenne ont conjugué leurs talents à travers un programme de grande envergure, visant à promouvoir la participation privée dans le développement des infrastructures des pays qui entrent dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen. À ce titre, l’Union européenne a octroyé deux dons au Liban. Le premier afin de réaliser un programme de stratégie sectorielle dans l’infrastructure, pour quelque 25 millions d’euros. Cette coopération devrait être gérée par le CDR et l’accord a été signé ces derniers jours. Le deuxième crédit de 38 millions d’euros servira à financer une partie de la réforme administrative. Ces actions concrètes dénotent visiblement la volonté des partenaires européens de soutenir le Liban dans une étape cruciale de sa restructuration et dans le même temps malgré un changement de gouvernement finalement assez radical. Une douzaine d’entités à privatiser Pour la partie libanaise, il faut rappeler que l’État cherche, en fait, à clarifier son rôle. De par son statut d’opérateur, le secteur public est appelé à jouer un rôle de régulateur. «Cela suppose une politique claire en matière de privatisation, un contexte de réelle libre concurrence et une loi de privatisation en harmonie avec le Parlement», souligne M. Guislain. Pour ce faire, un comité des privatisations a été initié il y a environ deux semaines ; celui-ci compte le Premier ministre et les trois ministres des Finances, de l’Économie et des Transports. La première mission de M. Guislain n’a pas permis de juger en profondeur de la stratégie adoptée par le gouvernement, mais des premières réunions de travail, il ressort, selon l’expert européen, «un programme ambitieux, mais réaliste. Le programme est en effet très étendu ; le Liban est visiblement empreint d’une culture du secteur privé. Par ailleurs, le nombre d’organismes à privatiser reste restreint. Contrairement à des pays tel le Maroc où plus de 112 sociétés sont privatisables, le programme libanais ne fait état que d’une douzaine d’entités», a précisé M. Guislain. Établir une liste n’a donc pas posé de gros problèmes; des raffineries au Casino ou encore l’Intra, sont visés les secteurs des télécommunications-fleuron des privatisables-l’EDL ou encore la MEA et la régie des eaux. Si l’inventaire est effectué, il reste à traiter, maintenant, le point certainement le plus délicat : le ou les modes de privatisation. Ici encore, le Liban a l’avantage de ne pas avoir de réelle contrainte politique. L’important étant de trouver un consensus, M. Guislain, lors de son séjour à Beyrouth, n’a rencontré auprès des différents responsables que des hommes convaincus de l’urgence de la décrue de l’endettement public et donc de la nécessité de réaliser des actifs. Pour autant, il est nécessaire d’établir une stratégie d’ensemble claire. Ainsi, le réseau GSM est chargé d’exploiter une partie de la télécommunication au Liban, durant une période déterminée ; ensuite, réside l’obligation pour les firmes privées de transmettre à l’État leur outil. Dans une logique de privatisation de l’infrastructure, ce dernier point est contradictoire et fait obstacle au développement à terme du service (public).Le débat sur les privatisations est donc lancé à ce niveau entre les responsables libanais. En effet, un climat de libre concurrence n’a jamais été, jusqu’à présent, la panacée des dirigeants qui ont peut-être confondu, quelquefois, privatisation et transfert de monopole partagé . Un choix crucial entre le court et le long terme En réalité, il existe autant de modes de privatisation qu’il existe d’États au monde. L’État peut transférer son rôle d’opérateur, à travers un éventail de mesures qui évoluent entre le transfert de propriété et les systèmes les plus complexes de BOT. Selon le système adopté, les méthodes sont différentes et certaines nécessitent même l’intervention de banques d’affaires (qui n’existent pas au Liban). Le deuxième enjeu réside dans la stratégie fiscale que l’on veut adopter. Ainsi, l’on peut vendre très cher certaines activités de l’État qui se «débarrasse» en une seule fois d’un maillon productif, alors valorisé à son maximum. Par cette méthode, l’État jouit d’une recette fiscale importante et immédiate. Pour autant, précise M. Guislain, «ce système freine à terme le développement de l’entreprise privatisée, handicapée par un investissement de base difficile à amortir. On risque même dans certaines conditions, de voir le service rendu au public se détériorer au fil des années. Par contre, une solution favorable aux investissements privés permet un meilleur développement, une croissance qui engendrent des rentrées fiscales à terme supérieures et récurrentes». Le choix, ici politique, est déterminant entre la vision à court terme du désendettement à tout prix et celle du long terme permettant un développement continu qui devrait attirer réellement les investisseurs de l’étranger. Enfin, si le train des privatisations devrait être nécessairement accéléré au Liban, les différents pôles du pouvoir trouveront-ils un consensus assez clair pour confirmer cette ouverture naturelle des Libanais au secteur privé dans les affaires publiques ?
Au moment où le vice-président de la Banque mondiale était invité à Beyrouth, pour, entre autres, évaluer le dossier des privatisations au Liban, la Commission européenne et le gouvernement libanais ont signé un premier accord de coopération pour les stratégies sectorielles comprenant les privatisations ; un deuxième protocole devrait être parachevé d’ici quelques semaines ; il concerne le domaine des réformes administratives. Ces deux volets de l’assistance technique de la CCE ont été concrétisés par une mission de l’un des spécialistes mondiaux de la privatisation, M. Pierre Guislain, haut fonctionnaire de la CEE et de la Banque mondiale qui a assisté nombre de pays dans leurs stratégies de privatisations. En fait, depuis quelques années déjà, la Banque mondiale et l’Union européenne ont conjugué leurs...