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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Finances - Deuxième journée de conférences à l'Unesco Saïdi suggère un retour des capitaux arabes pour financer les privatisations

La série de conférences, inaugurée mercredi par le premier ministre Sélim Hoss, sur les marchés de capitaux arabes, s’est poursuivie hier, essentiellement sur les thèmes de l’harmonisation des systèmes bancaires arabes et de la privatisation. Pour cette dernière partie, M. Nasser Saïdi, ministre de l’Économie et artisan du mouvement de privatisations au Liban était présent et a surtout prôné le retour des capitaux arabes vers des investissements régionaux. Dans la matinée, plusieurs présidents et directeurs généraux de banques ont exposé les challenges et les opportunités du XXIe siècle pour l’ensemble de la profession bancaire dans le monde arabe. La nécessité pour les pays arabes de développer et de moderniser rapidement leurs systèmes financiers a été largement évoquée. De nombreuses réserves sur les marchés émergents d’Asie ou des pays de l’Est ont été émises, en comparaison avec les réelles opportunités du marché régional. Le financement du développement régional En proie à une mutation très importante, le monde arabe est confronté de plus en plus au développement économique et financier. Autrefois, les pays producteurs de pétrole généraient des revenus rentiers dont ont profité un certain nombre de pays de la région. Par ailleurs, les pays les plus démunis et qui n’étaient pas sous l’aile bienveillante des pays de l’Opep recevaient des subsides de la communauté occidentale. C’est ainsi que durant des décennies, la région a survécu et que quelques familles uniquement ont pu jouir du développement économique, essentiellement issu du pétrole. Par la suite, les principaux pays arabes consernés ont souhaité développer l’infrastructure et la sécurité de leur pays. Les financements ont été, au départ, pris sur les cassettes des uns et des autres, puis ces mêmes pays se sont endettés et aujourd’hui, ils subissent de très fortes pressions financières dues au prix très lourd à payer pour leur sécurité depuis la guerre du Golfe. Par ailleurs, chacun sait que l’Occident a cultivé, ces dernières années, beaucoup plus les bonnes intentions que le versement effectif d’aides dans différents programmes de développement (pour exemple, le programme de Baalbeck-Hermel).Un autre facteur d’importance est apparu, celui de la mondialisation qui implique que le monde arabe ne peut plus, à terme, vivre en partielle autarcie et que par ailleurs, la compétition fait rage au plan des productions et exportations des pays en voie de développement vers les pays capables de consommer. La résultante en est l’appauvrissement d’année en année de la région du Moyen-Orient et arabe. Ainsi, selon les spécialistes assemblés hier au siège de l’Unesco, la région accuserait une perte de PIB d’environ 2 % chaque année. Des zones franches interarabes Le développement global de la région s’impose. C’est par cette remarque que le ministre Saïdi a entamé son exposé devant la communauté des hommes d’affaires et des responsables arabes. Selon le ministre de l’Économie, la relance des économies arabes passe par une réforme radicale. Le secteur privé qui génère beaucoup d’exportations et de capitaux doit être de plus en plus impliqué dans l’infrastructure des pays. «Des zones franches interarabes doivent être mises en place rapidement afin d’encourager les investissements du secteur privé», a déclaré Nasser Saïdi. «Ces mesures a-t-il poursuivi, doivent être accompagnées d’une accélération des mouvements de privatisations». La Banque mondiale, note-t-on, a déjà annoncé qu’un plan de privatisations était nécessaire dans la région arabe. Ce programme, encore timide, prévoit un investissement de 370 milliards de dollars jusqu’en 2006. Les institutions internationales ont envisagé de financer environ 15 % de ces investissements. Par ailleurs, les fonds publics des pays de la région étant déjà mobilisés largement par le volet sécuritaire, l’apport des capitaux privés est indispensable. Or il est clair que des priorités d’investissements se sont aussi dessinées que ce soit pour l’Europe, vers l’Est, ou pour les États-Unis. Dans ces conditions, le monde arabe doit compter sur lui-même pour assurer le financement de son développement économique et humain. Le ministre de l’Économie a indiqué que les privatisations étaient largement pratiquées dans le monde entier, à travers les télécommunications, mais aussi l’électricité, les banques, les ressources naturelles ou les transports. Afin de réussir cet objectif majeur qui est le développement de la région par les privatisations, M. Saïdi a lancé un appel aux capitalistes arabes qu’il a exhortés de rapatrier leurs capitaux vers la région et à travers des investissements dans l’infrastructure productive de leur pays. À la suite de l’exposé de M. Saïdi qui s’est toutefois gardé d’annoncer un exemple quelconque libanais, plusieurs spécialistes de la privatisation sont intervenus avant de clôturer les travaux. Ainsi, M. Peter Benson, consultant anglais, a insisté sur deux points importants. Pour lui, il n’existe pas de modèle préconstruit de privatisation ; ceci implique que chaque État doit prendre le temps nécessaire afin d’examiner les meilleures solutions qui lui seront propres. Par ailleurs, un subtile point d’équilibre entre un objectif à court terme, lié aux conjonctures politiques et aux rentrées nécessaires d’argent et une stratégie à long terme, doit être trouvé. Selon M. Benson, de cet équilibre découle bien souvent la réussite ou l’échec des privatisations. Celles décidées part Mme Thatcher ont rapporté à la Grande-Bretagne quelque 600 milliards de dollars sur quinze ans. L’expertise étrangère Pour sa part, M. Mohammed Mustafa, spécialiste des privatisations au sein de la Banque mondiale, a indiqué que les contrats en BOT ont dominé largement les marchés des privatisations, ces dernières années. Il a toutefois préconisé les BOO (Buil, operate and reoperate) qui laissent en fait une marge de manœuvre plus importante à l’opérateur privé et une durée d’amortissement des investissements supérieure à celle des BOT. M. Mustafa a aussi appelé à la création d’organismes de régulation au sein de chaque état qui entame un mouvement de privatisations, même en situation de monopole ; ce qui a été visiblement approuvé par M. Saidi, concernant le Liban. Enfin, M. Anthony Prince, directeur du groupe Deutsche Bank, a relaté les différentes expériences de son groupe au plan des privatisations à travers le monde, de l’Asie à l’Amérique du Sud en passant par l’Afrique du Nord et l’Europe de l’Est. Entre 1990 et 1997, a indiqué l’expert, plus de 530 projets de privatisations ont été réalisés à travers le monde pour un montant total d’investissement d’environ 131 milliards de dollars. Pour la troisième journée de ce cycle de conférences, aujourd’hui seront traitées les opportunités d’investissements dans les différents pays de la région : Jordanie, Arabie séoudite, Algérie, Maroc, Palestine et Liban. Par ailleurs, très attendue, une causerie sur l’incidence internationale de l’euro sera donnée par le commissaire européen Yves Thibault de Silguy, dans l’amphithéâtre de l’Unesco à 17 heures.
La série de conférences, inaugurée mercredi par le premier ministre Sélim Hoss, sur les marchés de capitaux arabes, s’est poursuivie hier, essentiellement sur les thèmes de l’harmonisation des systèmes bancaires arabes et de la privatisation. Pour cette dernière partie, M. Nasser Saïdi, ministre de l’Économie et artisan du mouvement de privatisations au Liban était présent et a surtout prôné le retour des capitaux arabes vers des investissements régionaux. Dans la matinée, plusieurs présidents et directeurs généraux de banques ont exposé les challenges et les opportunités du XXIe siècle pour l’ensemble de la profession bancaire dans le monde arabe. La nécessité pour les pays arabes de développer et de moderniser rapidement leurs systèmes financiers a été largement évoquée. De nombreuses réserves sur...