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Finances - Ouverture de la conférence sur les marchés des capitaux arabes Le gouvernement respectera les engagements de ses prédécesseurs, réaffirme Hoss (photo)
Par DE HAUTEVILLE Gérard, le 13 mai 1999 à 00h00
Rendez-vous annuel du monde régional de la finance, la cinquième édition de la “Conférence sur les marchés des capitaux arabes” s’est ouverte hier, au palais de l’Unesco, en présence du Premier ministre et du gouverneur de la Banque centrale qui ont coparrainé cette réunion. Ces rencontres ont été initiées par M. Rafic Hariri, il y a cinq ans, et organisées par le groupe Al-Iktissad wal-Aamal et l’Association des banques libanaises. D’année en année, le succès a couronné l’ensemble des sessions auxquelles de nombreux spécialistes de l’économie, des ministres et des responsables d’établissements financiers régionaux ont participé. Une vingtaine de thèmes seront abordés jusqu’au 15 mai, dont la privatisation et le développement régional. Si, les autres années, les thèmes ont été axés principalement sur le monde arabe, l’édition de cette année a manifestement évolué vers une vision plus large du monde de l’économie. Ainsi, les alliances américaines y seront largement mentionnées par les spécialistes de la Banque mondiale, de même que l’expérience européenne avec, entre autres, la visite du commissaire européen Yves Thibault de Silguy. La séance d’ouverture a été présidée par M. Sélim Hoss, en présence de MM. Riad Salamé, gouverneur de la Banque du Liban, Abdul Rahman al-Suhaibani, responsable des affaires économiques au sein de la Ligue Arabe, Farid Raphaël, président de l’Association des banques, et Raouf Abou Zaki, directeur général du groupe organisateur. Plus de 900 hommes d’affaires ont assisté à cette conférence, dont nombre de personnalités du monde économique arabe. Dans son allocution, M. Raphaël a insisté sur le développement du secteur bancaire dans l’ensemble du monde arabe et l’importance de l’investissement technologique dans ce domaine. Pour le représentant des banques libanaises, le secteur a beaucoup évolué au Liban depuis les dernières années ; les principales banques de la place ont été recapitalisées et sont prêtes à affronter les défis de l’avenir. Une nouvelle émission de bons du Trésor Pour sa part, M. Riad Salamé a souligné que ces défis peuvent être relevés au Liban, dans un climat de stabilité monétaire, malgré les changements politiques qui ont été opérés. «La politique monétaire visant la stabilité de la livre libanaise a été poursuivie a-t-il déclaré, le gouvernement actuel tient à cette stabilité et cherche de nouveaux revenus fiscaux afin d’alléger le poids de l’endettement. Une nouvelle série de bons du Trésor devrait être émise par l’État libanais», a précisé le gouverneur. «Avec plus de 2 milliards de dollars de fonds propres, les banques locales ont les moyens de leur développement, mais aussi la possibilité de faire face à un risque de dépression économique. Pour preuve, malgré les graves crises vécues sur les marchés de l’Est ou asiatiques, aucun des établissements libanais n’a accusé de pertes en ce début d’année. Malgré la crise économique ambiante, la confiance dans le Liban n’a pas été entamée», a déclaré le patron de la BDL. Selon lui, les indicateurs monétaires et économiques au Liban sont bons et l’objectif réside maintenant dans la baisse des taux d’intérêt, y compris sur les bons du Trésor. M. Salamé a enfin exprimé son désir de voir une interaction plus développée entre tous les pays arabes, afin que ce marché trouve sa place dans le cours mondial des affaires. Le représentant de la Ligue arabe a fait écho à la présentation de M. Salamé, en insistant sur la nécessité, pour le monde arabe, de faire face à la mondialisation des marchés de capitaux. «Par ce biais, la région arabe, qui compte quelque 270 000 consommateurs, doit représenter dans l’avenir une réelle place d’investissements. En outre, il n’y a pas de développement économique sans un renforcement des structures financières», a conclu M. al-Suhaibani. L’intervention du Premier ministre Très attendue, l’intervention du Premier ministre a donné le nouveau ton du gouvernement face à la situation économique actuelle. L’attitude est dynamique, la cohésion est visiblement de mise au sein du gouvernement et l’appui du président de la République à son gouvernement se veut significatif à travers les propos que M. Sélim Hoss a tenus à la tribune. Visiblement, depuis le retour de M. Corm, ministre des Finances, l’orientation du gouvernement reste la même, mais l’action s’est précisée. M. Hoss a annoncé la volonté de son gouvernement de mener de front un plan de redressement avec un programme d’investissements qui relancerait l’essor économique du pays. Cette présentation est venue fort à propos, alors qu’une partie du monde arabe, très liée à l’ancien Premier ministre, était visiblement venue aux nouvelles, lors de cette conférence. M. Hoss a insisté en Premier lieu sur l’importance d’une telle conférence au Liban, donnant ainsi un gage de continuité pour ce qui est des anciens programmes d’investissements et de ceux en cours. «Les marchés de capitaux ont une réelle importance, a déclaré M. Hoss, ils sont la pierre angulaire de la croissance économique ; ils mobilisent l’épargne, attirent les capitaux étrangers et permettent une répartition de l’investissement dans différents secteurs d’activités productives. Ces marchés permettent aussi de mener à bien les privatisations de certains secteurs publics qui génèrent des revenus directs. Ils sont encore une mesure du développement. Pour toutes ces raisons, le gouvernement tient au développement des marchés de capitaux à Beyrouth, dans un cadre moderne et sécurisant pour l’épargnant et à travers de nouveaux instruments financiers». M. Hoss a précisé toutefois, que le développement devrait être équilibré et être conduit sous l’égide de la paix sociale. «Ainsi, toutes les régions du Liban doivent bénéficier des investissements et les secteurs productifs tels le tourisme, l’agriculture et l’industrie», a précisé le Premier ministre. Plus fermement, le chef du gouvernement a annoncé : «Dans cet état d’esprit, le gouvernement va conduire deux plans conjoints. Le CDR est en charge d’un programme d’investissement que nous voulons poursuivre. Ce plan a été édifié sur trois ans et pour plus de 3 milliards de dollars. Quelques priorités ont été revues, mais l’essentiel des grands travaux doit être poursuivi. Un renforcement des investissements dans les secteurs productifs est nécessaire», a insisté M. Hoss, «par ailleurs, dans quelques jours, un plan quinquennal de redressement des finances publiques sera présenté. Ce plan sera couplé à un nouveau programme d’investissements étendu aussi sur cinq ans». Les dettes rééchelonnées Alors que le plan du CDR prévoit plus d’un milliard de dollars d’investissements chaque année, le plan de redressement, selon M. Hoss, prévoit une modernisation profonde du système fiscal libanais, avec la mise en place, relativement rapide, de la TVA et l’unification de l’imposition sur les revenus. En d’autres termes, le challenge serait d’appliquer au Liban, le plus tôt possible, les règles occidentales de fiscalité, afin d’avoir accès au partenariat européen et de pouvoir accélérer les conventions avec l’OMC (Organisation mondiale du commerce). «Cela suppose une radicalisation de la réforme administrative et une participation accrue du secteur privé dans les domaines publics privatisables. Ainsi, l’État réduirait le montant de l’endettement et pourrait pour le solde trouver un rééchelonnement. L’objectif est d’atteindre un point d’équilibre entre le niveau d’endettement et le PIB qui soit conforme aux directives internationales. Le Liban aurait alors accès au financement “normal” dont jouissent tous les pays occidentaux. Cet objectif doit être réalisé sur les cinq ans à venir», a lancé le Premier ministre. La réforme des économies arabes M. Georges Corm, qui faisait sa première apparition en public depuis son retour de Paris, a présenté les réformes actuelles proposées au Liban par le gouvernement. Il a souligné que les difficultés rencontrées par le Liban trouvaient leur origine tant dans les carences structurelles internes que dans le contexte international et régional peu favorable au développement. Pour autant, le ministre des Finances a confirmé le programme de modernisation du système fiscal libanais et les efforts qui seront produit par son ministère concernant la collecte de l’impôt et les contrôles. Le ministre des Finances a insisté sur la nécessité d’améliorer la qualité de l’endettement public du Liban, en exploitant les lignes de crédits des institutions internationales et en allégeant par des privatisations le poids du budget de l’État. Pour sa part, le président du Fonds monétaire arabe, M. Jassim al-Mannai, a indiqué que le monde arabe devait tirer des enseignements des crises au Brésil, en Asie et en Russie. Pour lui, les marchés de changes doivent rester flexibles et les marges sur les taux réduites dans l’ensemble de la région. Les structures financières doivent être modernisées, le mouvement de privatisation doit s’accélérer et le secteur privé doit prendre une part plus importante dans l’économie des pays arabes. Il a rappelé que 45 % du PIB du monde arabe sont issus du secteur public. Durant les prochaines journées, des ministres et responsables étrangers interviendront, nombreux, lors des différentes sessions. Ils représenteront divers pays participants, tels, la Jordanie, l’Algérie, la Palestine, l’Arabie séoudite, ou encore l’Égypte. Les principaux thèmes porteront sur la privatisation et sur la coopération internationale.
Rendez-vous annuel du monde régional de la finance, la cinquième édition de la “Conférence sur les marchés des capitaux arabes” s’est ouverte hier, au palais de l’Unesco, en présence du Premier ministre et du gouverneur de la Banque centrale qui ont coparrainé cette réunion. Ces rencontres ont été initiées par M. Rafic Hariri, il y a cinq ans, et organisées par le groupe Al-Iktissad wal-Aamal et l’Association des banques libanaises. D’année en année, le succès a couronné l’ensemble des sessions auxquelles de nombreux spécialistes de l’économie, des ministres et des responsables d’établissements financiers régionaux ont participé. Une vingtaine de thèmes seront abordés jusqu’au 15 mai, dont la privatisation et le développement régional. Si, les autres années, les thèmes ont été axés...