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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

La compréhension mutuelle est d'une importance vitale Le dialogue islamo-chrétien, un thème vedette

Pour rester dans cette partie du monde, le christianisme doit trouver un modus vivendi avec l’islam. Telle est la «proposition extérieure» du dialogue islamo-chrétien. Ce dialogue doit également être mené pour soi, comme partie de la recherche de la vérité. Et cela, c’est la «proposition interne». Ce dialogue est certainement l’un des thèmes-vedettes du premier congrès des patriarches et évêques catholiques d’Orient. Avec l’arrivée, jeudi dernier, du cardinal Francis Arinze, président du Conseil pontifical pour le dialogue intereligieux, cet aspect a pris d’emblée toute sa dimension. À Beyrouth comme dans différentes parties du pays, notamment à Baalbeck, le cardinal Arinze n’a cessé d’en parler devant des auditoires composés aussi bien de chrétiens que de musulmans. Vendredi dernier, c’est à Dar el-Fatwa, qu’il a été question de l’Incarnation et de la Trinité. Les débats qui ont eu lieu ont fait ressortir l’importance d’une compréhension mutuelle, d’abord intellectuelle, des deux religions, par les tenants de l’une et de l’autre. Sommes-nous donc en présence de deux anthropologies différentes ? L’histoire de la convivialité au Liban n’est-elle qu’une construction politique a posteriori ? La page des Croisades est-elle tournée dans les mentalités aussi bien que dans les faits ? Voilà des questions, qu’en écoutant les intervenants à Dar el-Fatwa, l’on est certainement en droit de se poser. Le sens pratique, l’humilité, l’humour du cardinal Arinze, qui a su mettre la couleur de sa peau et sa nationalité nigériane au service de ses arguments, lui ont permis, vendredi, d’échapper aux pièges de certaines questions qui lui ont été posées. que l’homme soit créé à l’image de Dieu, cette évidence chrétienne, ne va pas de soi, en effet. Pour certains, cette proposition frise le blasphème. Mais ce ne sera pas le cardinal noir, mais le professeur Mahmoud Ayoub, qui répondra le mieux à ces indignations. Bien placé pour comprendre la portée des questions posées, le Pr Ayoub, premier musulman à avoir enseigné dans une faculté du Vatican, a su transposer la ressemblance proposée de l’extérieur à l’intérieur, et dire en mots simples que Dieu a revêtu l’homme de sa propre dignité en le créant libre et doué de choisir entre le bien et le mal. C’est dire combien le dialogue islamo-chrétien est important, au niveau théologique, et combien il est indispensable de déjouer les pièges de la lettre pour parvenir à la bonne profondeur de dialogue. Croire en un Dieu Trinité, c’est moins évident que ça n’en a l’air et il n’est pas inutile d’expliquer comment le christianisme n’est pas un polythéisme. D’où l’importance de définir les mots utilisés. Les questions politiques ont également été soulevées par les intervenants. La position du Vatican à l’égard d’Israël et certains gestes de Jean-Paul II à l’égard des Juifs semblent faire problème. Loin du débat théologique et de l’actualité politique, le cardinal Arinze a tenté de déplacer le débat vers le terrain de la pratique et de dégager, dans ce domaine, certains principes, notamment le respect de la liberté religieuse et le principe de réciprocité. Les divergences entre le christianisme et l’islam sont là-dessus importantes. Aux yeux de l’islam, changer de religion, c’est se mettre au banc de la communauté des croyants. Pour le cardinal Arinze, le principe de réciprocité doit tirer sa force de son universalité. Les musulmans qui vivent dans des pays où d’autres religions sont dominantes, comme le bouddhisme en Thaïlande ou le christianisme en Italie, doivent respecter là où ils sont majoritaires le principe de réciprocité qui leur permet de pratiquer librement leur foi ailleurs. Le 21 juin 1995, jour de l’inauguration de la première mosquée de Rome, le pape déplorait que de tels signes de reconnaissance de la liberté religieuse manquent encore dans certains pays islamiques. À eux deux, le christianisme et l’islam forment la moitié de la population du globe, a-t-il dit au cours d’un dîner offert par le Comité national islamo-chrétien pour le dialogue. S’ils décident de vivre en bonne entente, de grandes parties du monde seront établies dans la paix. Le Liban, pauvre en ressources naturelles, dispose, cependant d’une monnaie internationale qui a cours partout, la convivialité, devait-il ajouter non sans humour. À la suite de Jean-Paul II, et à son exemple, c’est confirmer le Liban dans une vocation historique, une raison d’être. encore faut-il que les Libanais, musulmans et chrétiens, décident de l’assumer de façon définitive et permanente, et qu’ils la mettent à l’abri des secousses de l’histoire. C’est le paradoxe libanais défini dans l’intervention de M. Harès Chéhab, secrétaire général du comité : «Nous avons un défi à relever continuellement : assurer le bon fonctionnement d’un système garantissant le pluralisme de la société civile comme ciment de l’unité de l’État (...). le dialogue islamo-chrétien est un facteur clé pour la réussite de ce processus».
Pour rester dans cette partie du monde, le christianisme doit trouver un modus vivendi avec l’islam. Telle est la «proposition extérieure» du dialogue islamo-chrétien. Ce dialogue doit également être mené pour soi, comme partie de la recherche de la vérité. Et cela, c’est la «proposition interne». Ce dialogue est certainement l’un des thèmes-vedettes du premier congrès des...