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Actualités - REPORTAGES

Familles Aline, Roméo, Papou, Nahi et Nay Lahoud : la vie comme un musical(photos)

Ils sont unis comme les doigts d’une main, la main d’un artiste enchanteur, peintre de merveilleux décors, créatrice de fabuleux costumes, musicienne de la vie, danseuse, signant de belles réussites, des tableaux vivants, colorés, chantants. Très vite rejointe par une deuxième main, venue applaudir les succès de cette famille à la carrière multiple. L’enfance des petits Lahoud ressemble à une comédie musicale drôle et légère, une histoire charmante qui aurait été imaginée par Aline, mise en scène par Roméo, colorée par Papou, dansée par Nay et produite par Nahi. Chacun y déversant son savoir-faire, sa sensibilité et ses souvenirs. Une histoire de vies, merveilleusement bien contée par la mère de cette tribu et son âme, Françoise, jeune fille de 16 ans, pas encore sortie de l’enfance, qui fut, très tôt, conviée par Raphaël Lahoud à pénétrer dans le monde des grands, lorsqu’il demanda sa main à ses parents consentants. Un couple complémentaire s’unit pour la vie. Lui, politicien de 24 ans, poète, auteur de plusieurs livres politiques, elle, artiste, aimant l’art sous toutes ses formes, le théâtre, l’opéra, la musique classique et le piano. Drôle de femme qui possédait le talent – rare – de prendre la vie et ses surprises avec légèreté. Bien heureusement, car un matin, un lendemain de pleine lune, sans doute, Raphaël part pour trois mois en Argentine. Trois longs mois qui vont durer … 19 ans ! Françoise boude, on la comprend, et élève seule Aline et Roméo, le digne héritier, né durant l’absence de son père. Sa colère et sa rancœur, elles les cachent au fond de son âme et répand autour d’elle une ambiance de joie dans le respect d’un père inconnu. Circulant dans les villages, réunissant des poètes et des peintres pour des moments privilégiés, elle se construit une réputation en même temps qu’une forte personnalité, appréciée par tous. Raphaël se forge une carrière politique solide, fonde le journal Addifaa’ (La défense), dans les deux langues espagnole et arabe. Il devient ministre de l’Information et ministre plénipotentiaire, spécialisé dans les pays arabes, durant les années glorieuses du général Peron, dont il devient également l’ami. Il développe une étroite collaboration avec sa femme Evita, étroite mais pas intime, «elle ne me plaisait pas!», répondait-il aux – nombreuses – langues médisantes. Les années continuent à passer, sans le père, fantôme trop absent, ombre très présente. Aline prend la plume et signe ses premiers textes, des lettres d’amitié à cet inconnu. La graine du journalisme est plantée. La graine paternelle également. «Je reviendrais si ta mère me pardonne!», lui écrira-t-il. La mère, qui n’a aimé que lui, permet le retour de l’époux prodige. À l’aéroport, tout le village de Jbeil est au rendez-vous, avec Roméo, Aline et Françoise, pour accueillir ce séduisant étranger. Les deux tourtereaux se retrouvent, s’engouffrent dans une voiture et disparaissent une semaine, à la recherche du temps perdu et des émotions retrouvées. Amal, espoir, viendra au monde neuf mois plus tard! Une famille d’artistes «Papou», le premier mot que prononcera Amal, au lieu de… papa, deviendra vite un surnom, et plus tard une griffe célèbre. La famille, rejointe plus tard par Nahi et Nay va multiplier les talents. Aline, «l’ intellectuelle de la famille», se taillera au fil des ans une place dans le monde du journalisme. Elle imaginera quelques histoires que son frère «mettra en spectacles», rédigera des rencontres et des reportages inédits laissant éclater une vérité qui lui est chère. Rédactrice en chef de la revue Magazine, pour un temps, elle poursuit sa profession dans différentes revues, en créant ses propres rubriques. Roméo, «l’aventurier de la famille», achève ses études en architecture d’intérieur et s’embarque pour la Scala de Milan, où un stage en scénographie lui confirme son amour pour les planches. En 1963, à la demande des dames du Comité du festival de Baalbeck, le courageux Roméo s’écrie du haut de ses trente ans: « Je vais faire un vrai spectacle». Pari tenu, pari gagné. Une année de préparation et, au bout de cet engagement, une surprenante réussite. Roméo dévoile et impose, avec al-Challal, ( la cascade) le «style Lahoud», un «vrai spectacle», où des tableaux se succèdent, mettent en scène le patrimoine libanais, avec une musique, une chorégraphie, des costumes, des décors et une lumière spectaculaires. Il impose également le style «Papou» en chargeant sa jeune sœur de déserter provisoirement les bancs de l’école pour dessiner les costumes du spectacle. «Il m’a tenu la main, dira-t-elle, et m’a fait entrer par la grande porte!» Papou la talentueuse, «la superstitieuse de la famille» fera également ses premiers pas de danseuse, pour l’occasion. En 36 ans, Roméo va concevoir quelque 36 spectacles, avec les plus grandes vedettes, et la complicité permanente de son clan. Papou, qui rêvait d’être peintre, qui se destinait à l’architecture d’intérieur – elle a obtenu un diplôme en la matière après cinq années d’études en France –, va laisser ce métier, qu’elle ne soupçonnait pas, venir à elle. De Chakib Khoury à Georgette Gebara, en passant par Antoine Kerbage et les autres, elle «habillera» les plus grands. Les plus difficiles aussi, puisqu’elle va se charger de dessiner les uniformes de la compagnie d’aviation Alia, les autres suivront naturellement, et des robes de mariée. «Marie-Thérèse Kheir Badaoui, qui avait vu mon travail au théâtre, m’a demandé de lui dessiner sa robe de mariée». Coup d’essai, coup de maître. Depuis, Papou a «marié» un nombre incalculable de femmes, et s’est marié avec le Dr Beshir Saadé, avec la même émotion. Elle comble encore la Haute Couture de son talent et de sa personnalité, avec Nay, sa collaboratrice, «le joker de la famille», qui possède également de nombreux dons – pas cachés –, la chorégraphie, qu’elle pratique en duo avec son mari Alain Merheb et la comédie, dévoilée dans de nombreuses pièces de Roméo. Reste enfin Nahi, «le bras droit de Roméo», producteur, technicien, cerveau de la troupe Lahoud. Et un parent par alliance de son frère, son épouse, la chanteuse Salwa al-Atrib n’est autre que la sœur d’Alexandra, femme de Roméo! En 1977, Raphaël le grand fumeur s’est retiré de ce monde. Françoise l’a rejoint, il y a quatre ans, heureuse de le retrouver encore une fois. Ensemble, ils comblent le ciel de leur gaieté…
Ils sont unis comme les doigts d’une main, la main d’un artiste enchanteur, peintre de merveilleux décors, créatrice de fabuleux costumes, musicienne de la vie, danseuse, signant de belles réussites, des tableaux vivants, colorés, chantants. Très vite rejointe par une deuxième main, venue applaudir les succès de cette famille à la carrière multiple. L’enfance des petits Lahoud...