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Actualités - REPORTAGES

(Supplément) Opportunités bancaires régionales : la place de Beyrouth a-t-elle un rôle ?

Les visées bancaires régionales de la place de Beyrouth ont souvent alimenté les discours ces dernières années. La capitale libanaise espère retrouver ses positions d’antan après le retour au calme. Un tel objectif est-il réaliste ? Et quelles sont les conditions d’une éventuelle réussite dans ce domaine ? Entre 1993 et 1996, les opérateurs étrangers, internationaux et régionaux ont montré un certain intérêt pour le marché bancaire libanais. On assiste au retour de quelques banques internationales, et des investisseurs arabes s’impliquent directement ou indirectement dans les banques libanaises. Pour beaucoup, l’intérêt montré par les investisseurs étrangers pour le secteur bancaire libanais doit être relativisé dans le contexte international actuel, d’ailleurs cet engouement n’est plus à l’ordre du jour et le marché bancaire libanais est beaucoup moins séduisant. Beyrouth a perdu son rôle régional traditionnel d’avant 1975, notamment pour les capitaux des monarchies du Golfe. Ces pays ont réussi à développer leurs propres marchés bancaires et financiers très performants et nettement plus compétitifs que le marché libanais. Ils disposent de toutes les connexions internationales nécessaires pour assurer leur développement dans ce domaine. Beyrouth ne leur sera donc d’aucune utilité. D’autres vont plus loin, en précisant que le mythe «du Beyrouth d’avant-guerre» comme place bancaire régionale semble quelque peu surfait. En effet, si l’on compare les actifs bancaires de l’époque aux revenus pétroliers générés par les premières hausses de prix du brut, on constate que les banques libanaises n’ont drainé qu’une très faible partie de ces surplus. L’argent du pétrole était directement placé à Londres ou aux États-Unis. Les capitaux en provenance du Golfe étaient principalement ceux des agents économiques libanais opérant dans le Golfe ou des ressortissants de ces pays qui fréquentaient le Liban. En fait, les opérations bancaires de l’époque étaient plus liées à la fonction d’intermédiation commerciale du pays plutôt qu’à son rôle bancaire. Par le port de Beyrouth transitait une grande partie des flux de commerce régionaux. Ce transit vers les pays de l’hinterland assurait l’essentiel des affaires bancaires de cette période. Changement de cibles Même ce rôle marginal, la place bancaire de Beyrouth semble l’avoir définitivement perdu pour les pays du Golfe. Par contre, pour les pays les plus proches, notamment la Syrie, l’Irak et la Jordanie, Beyrouth peut attirer un certain volume d’affaires bancaires. Des liens existent déjà et ils peuvent être développés dans le futur. De nombreux obstacles réglementaires et juridiques sont observés dans ces pays et le Liban peut offrir certaines alternatives. Mais le secteur bancaire libanais doit consolider son développement et être plus compétitif pour profiter de ces flux régionaux. La concurrence internationale est très acharnée et rien n’est acquis pour les banques libanaises qui doivent continuer à améliorer leurs services et leurs produits. Les alliances régionales et internationales sont des atouts certains, comme le sera d’ailleurs tout réel développement du marché financier interne. Ce marché est très marginal et doit être mieux structuré et organisé. Le Liban dispose de certains avantages financiers comparatifs, mais il doit veiller à leur développement, notamment pour les ressources humaines. Des niches financières et bancaires régionales existent et le Liban doit savoir en profiter. Il est encore trop tôt pour juger des expériences qui ont eu lieu au cours des dernières années. Les premiers résultats de l’investissement bancaire des pays du Golfe au Liban sont quelque peu mitigés et les premiers enseignements que l’on peut tirer est que ce processus n’est pas une opération à court terme et exige de grands efforts surtout pour les pionniers dans ce domaine. Toutefois, de telles opérations permettent aux banques de rationaliser leurs actions, de mieux définir leurs stratégies de développement et de s’engager dans une recherche continuelle d’une plus grande efficience. Elle s’inscrit souvent dans la modernisation des structures et la recherche d’une meilleure transparence des établissements bancaires. Dans le nouveau contexte économique international, les banques sont amenées à faire preuve de beaucoup d’imagination pour assurer leur croissance. Le développement des nouveaux produits et services et la diversification des investissements montrent bien que les banques libanaises ne peuvent plus se limiter à leur rôle traditionnel d’intermédiaire national. Les besoins de coopération régionaux et internationaux sont évidents et ne concernent pas uniquement l’industrie bancaire. Tous les secteurs font appel à des partenaires étrangers pour assurer leur croissance. L’ouverture régionale et internationale des capitaux est aussi importante que la multiplication des agences, les redéploiements spatiaux ou la promotion de services et produits nouveaux. Des atouts à exploiter Pour son éventuel développement régional, le Liban dispose de trois atouts: l’absence d’une concurrence régionale réelle directe – jusqu’à présent – une culture bancaire relativement importante par rapport aux autres pays de la région et surtout des ressources humaines bancaires et financières très riches et bien formées. Les cadres bancaires libanais ne sont pas seulement déployés sur le marché local, mais surtout sur le marché régional et même international. Les places bancaires régionales qui se sont développées depuis 1975 sont des marchés off shore qui restent très fragiles. En effet , sans une vraie structure bancaire et financière interne on peut difficilement prétendre avoir un poids régional réel. Il ne s’agit pas de disposer d’un ou de plusieurs avantages, mais d’un ensemble de structures et de culture bancaires. C’est pourquoi certains observateurs estiment que dans le domaine bancaire et financier la seule place capable de focaliser l’industrie bancaire régionale future sera Le Caire. Malgré les longues périodes de crise, les banques libanaises ont pu maintenir une bonne structure de gestion bancaire et surtout développer leur savoir-faire. Le retour au calme est venu consolider ces avantages, ce qui permet d’espérer une activité régionale future, notamment pour les pays limitrophes, la Syrie, la Jordanie, ou l’Irak. D’autres instruments, surtout au niveau du marché boursier et financier, doivent être développés pour consolider ces atouts. L’objectif est de développer et de consolider la valeur ajoutée en terme de métier et de produits. La concurrence régionale et internationale sera très grande. Taux de bancarisation au Liban et dans certains pays industrialisés Liban 70 670 9,6 5 978 7 690 Belgique 143 9 321 65,2 1 091 3 533 Canada 2 497 13 712 5,5 2 195 3 768 France 547 46 716 85,4 1 252 5 062 Allemagne 3 509 66 609 19,0 1 231 5 309 Italie 939 39 091 41,6 1 471 5 784 Japon 4 635 72 378 15,6 1 739 10 620 Pays-Bas 126 6 694 53,1 2 320 5 749 Suisse 372 7 140 19,2 996 8 275 Grande-Bretagne 561 35 946 64,1 1 636 12 793 USA 23 123 72 654 3,1 3 654 2 624 Distribution de l’activité bancaire selon les différentes catégories des banques Catégorie Nbre Part dépôts Part crédits Banques libanaises 39 64,52% 63,00% Banques libanaises sous contrôle arabe 11 5,47% 5,13% Banques libanaises sous contrôle étranger non arabe 5 12,76% 13,54% Banques arabes 5 4,53% 3,53% Banques étrangères 10 8,23% 9,06% Banques d’investissement 8 4,49% 5,75% TOTAL 78 100,0% 100,0% Source: Association des banques avril 1998
Les visées bancaires régionales de la place de Beyrouth ont souvent alimenté les discours ces dernières années. La capitale libanaise espère retrouver ses positions d’antan après le retour au calme. Un tel objectif est-il réaliste ? Et quelles sont les conditions d’une éventuelle réussite dans ce domaine ? Entre 1993 et 1996, les opérateurs étrangers, internationaux et régionaux ont montré un certain intérêt pour le marché bancaire libanais. On assiste au retour de quelques banques internationales, et des investisseurs arabes s’impliquent directement ou indirectement dans les banques libanaises. Pour beaucoup, l’intérêt montré par les investisseurs étrangers pour le secteur bancaire libanais doit être relativisé dans le contexte international actuel, d’ailleurs cet engouement n’est plus à l’ordre du...