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Universités - Rencontre avec Elie Salem Balamand se veut fidèle à l'idéal de tolérance (photos)
Par AZOURI Médéa, le 27 septembre 1999 à 00h00
Fondée en 1988, par décision du primat de l’Église grecque-orthodoxe d’Antioche, l’Université de Balamand est aujourd’hui un établissement privé d’enseignement supérieur (reconnu par l’État) bien ancré dans le paysage culturel libanais. De cinq cents étudiants, il y a onze ans, l’effectif de l’université est passé à deux mille étudiants répartis dans les sept facultés de l’établissement: l’Académie libanaise des beaux-arts (Alba), la faculté de théologie Saint-Jean Damascène, la faculté des lettres et des sciences humaines, la faculté des sciences, la faculté d’ingénierie, la faculté de gestion des entreprises et enfin la faculté des sciences paramédicales. Cent cinquante professeurs assurent les cours et les classes ne contiennent jamais plus de vingt auditeurs. «Nous voulons servir la nation et former sa jeunesse dans une atmosphère d’entente et de solidarité, loin de toute discrimination», explique Élie Salem, ancien ministre des Affaires étrangères et président de l’université de Balamand depuis 1993. «Les responsabilités de l’université sont très importantes. D’une part, afin de comprendre les raisons qui ont poussé notre pays à être en guerre, et, d’autre part, afin que ça ne se reproduise plus. Ce sont les intellectuels qui sont en charge des idées. Mais il faut avoir un sentiment de loyauté, de fidélité et de dévouement, indépendamment de la religion ou de la région dans laquelle on vit... La communauté libanaise est dispersée, il faut garder le lien avec les Libanais qui vivent en dehors du Liban. Nous nous devons de leur donner envie de rentrer. Même si nous avons fait d’un des plus beaux pays l’un des plus laids aujourd’hui, on doit œuvrer en faveur d’un Liban plus beau, au niveau de l’environnement, du tourisme. L’unité libanaise est très importante. C’est ce que nous cherchons à enseigner à nos étudiants. C’est pourquoi nous avons un centre de dialogue entre les différentes confessions. Nos étudiants ne sont pas uniquement des orthodoxes. Plus d’un tiers des élèves sont musulmans, et tous viennent de régions différentes». Balamand est donc une université qui se veut fidèle aux idéaux de tolérance, de dialogue, d’altruisme et d’ouverture. «Nous dénigrons toutes les formes de discrimination touchant la race, la religion, le sexe ou les handicaps physiques. Et c’est autour de l’expression de ces valeurs que nous souhaitons organiser l’intégralité de la vie universitaire. Il faut permettre aux étudiants d’affronter les problèmes de leur future vie professionnelle et sociale», précise enfin Élie Salem. Deux facultés à Beyrouth Le campus de l’Université de Balamand (350 000m2) s’élève en grande partie sur la colline de Balamand, dans les environs du monastère du le même nom. C’est le patriarche Ignace IV qui a mis à la disposition de l’université le terrain sur lequel elle se trouve. Une faculté, l’Alba, se trouve à Beyrouth (Sin el-Fil) et une autre, la faculté des sciences de la santé, en face de l’hôpital Saint-Georges à Achrafieh. Les vingt bâtiments qui abritent l’université ont été réalisés grâce aux donations prodiguées par des personnalités libanaises et arabes. Ils portent leurs noms. Cent soixante-cinq étudiants résident sur le campus, et plusieurs autres vivent à 5 minutes de l’université, dans le village de Qilnat. Balamand est une des rares universités qui se situent loin de la capitale. Balamand octroie un grand nombre de bourses... Et tend à donner à ses étudiants un niveau élevé d’éducation. C’est d’ailleurs avec beaucoup de plaisir qu’Élie Salem nous explique la réussite de ses élèves. «Un grand nombre de nos étudiants ont réussi à intégrer les universités anglaises et américaines, comme Oxford, Cambridge ou MIT. La meilleure publicité pour notre université, c’est donc nos étudiants. En dix ans, notre effectif a quadruplé. Nous espérons continuer dans cette voie. Nous avons plusieurs projets en cours pour pouvoir offrir aux jeunes des possibilités variées de diplôme». En effet, Balamand est la seule université au Liban à dispenser, dans le cadre de la faculté d’ingénierie, des cours de génie aéronautique. Six avions sont à la disposition des élèves, et l’université est en train de passer un accord avec l’aéroport de Kleïate pour pouvoir profiter de ses pistes... Elle a également conclu un accord avec la chaîne internationale Hilton Conrad, qui possède son propre collège à Houston, la Conrad Hilton School, afin de construire un local entièrement destiné à l’hôtellerie. On y trouvera un restaurant et des chambres à coucher pour compléter la formation des étudiants. Ils seront par ailleurs diplômés des deux universités : Balamand et Conrad Hilton. «Nous essayons au maximum de nous ouvrir sur le monde. C’est une des raisons pour lesquelles la majorité de nos cours sont en arabe, qui est notre langue nationale, et en anglais. Tout l’enseignement au département des sciences humaines se fait toutefois en français», précise Élie Salem. Dans le cadre de la faculté des sciences humaines, Balamand est l’unique université au Liban à dispenser des cours d’éducation physique et sportive. «Nous avons pour cela un laboratoire où les étudiants travaillent sur les réactions du corps humain, etc.». Un des autres projets de l’université est d’ouvrir une huitième faculté de spécialisation en médecine. «Nous aimerions accueillir les résidents qui ont terminé leur cursus pour qu’ils effectuent chez nous leur spécialisation». Les diplômes délivrés par Balamand sont: la licence (BA-BS) le mastère (MA-MS), ainsi que des diplômes d’enseignement, des DES et des DESS. «D’ici-cinq ans, nous souhaiterions pouvoir délivrer un doctorat», souligne Élie Salem.
Fondée en 1988, par décision du primat de l’Église grecque-orthodoxe d’Antioche, l’Université de Balamand est aujourd’hui un établissement privé d’enseignement supérieur (reconnu par l’État) bien ancré dans le paysage culturel libanais. De cinq cents étudiants, il y a onze ans, l’effectif de l’université est passé à deux mille étudiants répartis dans les sept...
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