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Toxicomanie - La réhabilitation une mission des plus délicates II - Oum el-Nour , seul centre du M-O à prendre en charge les personnes piégées par la drogue(photos)
Par AZOURI Médéa, le 07 septembre 1999 à 00h00
Le nombre de toxicomanes augmente depuis plusieurs années au Liban, surtout parmi les jeunes. En l’espace d’une dizaine d’années, la moyenne d’âge des toxicomanes dans le pays est passée de 35 à 18 ans. Dans la plupart des cas, le problème de base sur ce plan semble être le contexte familial et l’absence de communication entre les générations (voir «L’Orient-Le Jour» du 6 septembre). Face à l’aggravation d’un tel fléau, des efforts louables sont déployés à plus d’un niveau afin d’éradiquer ce mal et de faciliter la réhabilitation de tous ceux qui désirent sortir du piège dans lequel ils sont tombés. La question qui se pose, d’emblée, est de savoir comment un toxicomane pourrait, aujourd’hui au Liban, entreprendre une opération de réhabilitation, après une cure de sevrage. Il existe au Moyen-Orient un seul et unique centre qui puisse répondre à cette demande. Ce centre se trouve précisément au Liban. Il s’agit de celui ouvert par l’Association «Mère de Lumière» («Oum el-Nour»). C’est en 1989 qu’a été créée cette association pour la réhabilitation des toxicomanes. Elle est actuellement le seul centre (de la région) qui puisse offrir un suivi complet et gratuit aux toxicomanes. Le général à la retraite Adib Saad, directeur général, ainsi que les membres de l’équipe d’encadrement du centre de Achkout expliquent le fonctionnement de cette institution unique en son genre. «Chaque toxicomane qui intègre le centre doit avoir 18 ans au moins et doit venir de son plein gré. “Oum el-Nour” ne contraint personne. Il faut que le toxicomane ait décidé lui-même d’en finir avec la drogue», déclare M. Saad. Le centre a traité, depuis 1989, 555 «volontaires», Des drogués, mais aussi des alcooliques et des personnes devenues dépendantes des médicaments. L’association, à ses débuts, n’a reçu que 27 personnes, pour la plupart ayant au-dessus de 30 ans ; l’année dernière, leur nombre s’est élevé à 134 dont la moyenne d’âge avait malheureusement baissé. Cure de sevrage Rien ne distingue un résident au centre d’un autre. Ni confessionnalisme ni statut social ni nationalité (un grand nombre de résidents viennent des pays voisins) ni âge. «Comme les toxicomanes ont les mêmes habitudes, le même comportement, plus rien ne les différencie. C’est un même mode de pensée, un même mode de vie : la dépendance», précisent les éducateurs de Achkout. Après plusieurs entretiens à la direction générale de l’Association, à Zouk Mikaël, les nouveaux résidents sont invités à suivre une cure de sevrage dans l’un des établissements hospitaliers qui assurent une telle cure. Celle-ci dure environ une dizaine de jours. Le nouveau résident est ensuite envoyé à l’un des centres de l’Association, à Achkout, à Sehaïlé, à Feytroun – pour les femmes (7,2 % des résidents sont des femmes) – ou à Dékwané. «Oum el-Nour» a effectué cette année une enquête qui lui a permis d’établir des statistiques concernant l’âge des résidents, mais aussi leur statut civil, leur niveau scolaire, les drogues qu’ils utilisent, etc. Ces chiffres ne sont représentatifs que des seuls résidents de «Oum el-Nour», mais ils permettent, quand même, d’avoir plus d’informations sur la toxicomanie au Liban. L’enquête menée par l’Association a permis de recueillir des renseignements concernant 521 résidents sur les 555 accueillis par «Oum el-Nour» depuis sa fondation (tous les résidents n’ont pas voulu répondre à l’enquête de l’Association). L’étude ainsi effectuée a permis d’illustrer un large éventail d’âge parmi les résidents. Ainsi, 32 personnes avaient plus de 50 ans. Dix jeunes de 17 ans sont entrés dans un des centres. Vingt et un patients étaient âgés de 22 ans, vingt-six de 27 ans, trente-deux de 30 ans, et vingt résidents avaient atteint la quarantaine. En ce qui concerne le statut civil, seuls 501 patients ont accepté de fournir des renseignements à ce propos au moment de l’accueil. Il s’est avéré ainsi que 288 des résidents étaient célibataires, 48 divorcés et 163 mariés, en plus d’un veuf et d’une personne séparée de sa femme. Des situations très différentes selon les résidents. «Aujourd’hui, nous recevons beaucoup de jeunes, souligne M. Saad. Le fléau est très répandu dans le milieu scolaire, surtout dans le secondaire. Les jeunes s’adonnent à beaucoup de drogues dites douces, mais de plus en plus aussi à des drogues dures, comme la cocaïne, dans les milieux aisés, et l’héroïne», précise-t-il. Un travail de suivi En ce qui concerne la méthode suivie par «Oum el-Nour», M. Saad indique que les résidents dorment sur place pour une période qui s’étend de 12 à 24 mois. Ils suivent un programme réparti en quatre étapes, dont l’une comparte la réconciliation avec les parents. «Sur les quelque 550 résidents que nous avons suivis depuis 10 ans, il y avait à la base un problème avec l’entourage familial», explique l’un des éducateurs. Un suivi des anciens est également proposé au centre de Dékwané, «parce que beaucoup d’anciens toxicomanes sont encore fragiles», précise Adib Saad. «Il est donc nécessaire de leur offrir un cadre de rassemblement et d’entraide. Et comme la réinsertion en milieu de travail est un processus qui s’échelonne sur plusieurs années, nous nous devons de tenir des réunions périodiques, afin d’établir des contacts et suivre l’acheminement des ex-résidents». Prévention et fonds «Oum el-Nour» tient à faire de la prévention dans les écoles et les universités. C’est pourquoi l’Association reçoit fréquemment des étudiants en médecine, des stagiaires en psychologie et des assistantes sociales. «Mieux vaut prévenir que guérir. La prévention est encore très faible au Liban. Les gens ne sont pas au courant des retombées catastrophiques de l’utilisation de drogues», soulignent les éducateurs. Comment font-ils pour subvenir aux moyens des résidents, sachant que la prise en charge mensuelle d’un toxicomane coûte entre 500 et 700 dollars ? «Nos ressources matérielles sont constituées en majeure partie de donations faites par des personnes et organisations locales et internationales s’intéressant à la réhabilitation des personnes souffrant de toxicomanie», souligne l’un des responsables qui précise à ce sujet : «Mais, malheureusement, ces dons restent en deça de nos besoins réels. C’est ce qui limite notre action. Nos dépenses en 1998 se sont élevées à 618 000 dollars. Le ministère de la Santé vient de reconnaître l’utilité de nos services et couvre une partie des frais d’hébergement, soit environ 150 000$ annuellement. Le ministère des Affaires sociales nous accorde déjà un montant annuel d’environ cent mille dollars». Le 18 septembre, pour l’anniversaire d’«Oum el-Nour», une grande fête sera organisée au centre de Achkout, avec tombola et vente des objets fabriqués par les résidents dans le cadre des ateliers de travail : pyrogravure, poteries, mais aussi miel, kichik, etc. Cette journée de rencontre et d’échange donnera l’occasion de contribuer au financement d’une Association dont la mission paraît aujourd’hui plus vitale que jamais pour les jeunes Libanais.
Le nombre de toxicomanes augmente depuis plusieurs années au Liban, surtout parmi les jeunes. En l’espace d’une dizaine d’années, la moyenne d’âge des toxicomanes dans le pays est passée de 35 à 18 ans. Dans la plupart des cas, le problème de base sur ce plan semble être le contexte familial et l’absence de communication entre les générations (voir «L’Orient-Le Jour» du 6...
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