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Actualités - REPORTAGES

Industrie - Le Conseil des ministres a tranché Le gouvernement souhaite libéraliser le secteur du ciment

Après plusieurs semaines de tractations, le gouvernement a pris la décision d’autoriser l’importation du ciment au Liban. Hier, la réaction des cimenteries libanaises est restée mitigée. D’un coté, l’autorisation est une entrave à la protection de cette activité nationale ; mais la proportion de 7,5 % des besoins du marché local, préconisée par le Conseil des ministres, ne devrait pas affecter, outre mesure, la survie des fours de Chekka et d’ailleurs. Bien que le ministère de l’Industrie ait la tutelle du secteur économique des cimenteries, le dossier a été examiné et tranché, mercredi dernier, en Conseil des ministres. L’affaire était en effet d’importance, puisqu’elle concerne l’une des plus grandes et des mieux protégées des industries libanaises. C’est donc le Conseil des ministres qui a finalement autorisé l’importation du ciment, dans le but de couvrir la demande, mais au maximum pour 7,5 % des besoins du marché local. En outre, une taxe de 18 $ par tonne vise à protéger la production nationale. Pour les industriels concernés, cette décision s’inscrit dans le sens d’une libéralisation du marché libanais et ne protège pas le secteur productif. Il faut rappeler que les trois usines concernées (Cimenterie nationale, Société des ciments libanais et Sibline) accusent, depuis le début de l’année, une baisse moyenne de 20 % de leur chiffre d’affaires, alors qu’un importateur (Seament) se propose d’ être le quatrième producteur. Un litige est donc né de la prolongation de la licence d’importation attribuée à la société Seament. Ce groupe international opère depuis quelques années au Liban, alors que les industriels locaux ne pouvaient produire le volume de ciment réclamé pour la reconstruction du pays. Aujourd’hui, les cimenteries libanaises ont beaucoup investi et ont doublé leur capacité de production ; cette nouvelle autorisation reste donc, selon les professionnels, très controversée. Pour les producteurs locaux, la première conséquence de cette nouvelle autorisation, devrait être l’apparition de nombreux petits opérateurs, plus ou moins professionnels, qui devront un jour avoir une taille suffisante pour survivre. En effet, rien ne limite, dans le texte, le nombre d’importateurs. Par ailleurs, selon les professionnels, la taxe de 18 $ par tonne ne représente pas un réel handicap pour un négociant qui acquiert des lots de ciment, en Grèce notamment, à un prix de 35 $ la tonne. Le prix de vente moyen étant, au Liban, de 68 $, la marge reste confortable pour un intermédiaire qui n’a pas d’installation lourde à amortir. La protection du consommateur Pour les industriels interrogés par L’Orient-Le Jour, si l’objectif de cette décision était de protéger le consommateur contre un cartel et une flambée des prix, un simple encadrement du prix du ciment ou un consensus, trouvé entre les propriétaires des usines libanaises et le gouvernement, auraient sans doute mieux garanti le citoyen, au niveau du prix de vente, mais aussi au plan de la qualité du ciment. Celle-ci a été nettement améliorée, se plaisent à rappeler les industriels libanais, grâce aux investissements particulièrement importants qu’il faut aujourd’hui amortir ; au-delà d’un coût de production qui est d’ environ 55 $ par tonne de ciment. Toutefois, la proportion d’importations autorisées reste mesurée. Autrefois, Seament négociait vers le Liban, environ 10% des besoins du marché local. Aujourd’hui, les 7,5 % autorisés représentent quelque 200 000 tonnes par an. Le préjudice pour les cimenteries locales est donc faible à ce niveau, mais pour eux, cette marge est nécessaire pour l’amortissement de leurs rénovations dont le coût s’élève globalement à 350 millions de dollars. «Nous survivrons !» lance, désabusé, l’un de ces capitaines d’industrie. Par ailleurs, dans la mesure ou la société Seament peut importer moins de 10 % du marché, ses responsables vont – ils poursuivre leurs investissements dans une nouvelle cimenterie, alors que rien ne les y contraint ? ( L’objectif des responsables de Seament étant fixé à environ 400 000 tonnes par an, pour investir plus avant.) Dans ces conditions, ne devraient-ils pas se contenter de 200 000 tonnes, dans l’attente d’un élargissement de cette première libéralisation ?
Après plusieurs semaines de tractations, le gouvernement a pris la décision d’autoriser l’importation du ciment au Liban. Hier, la réaction des cimenteries libanaises est restée mitigée. D’un coté, l’autorisation est une entrave à la protection de cette activité nationale ; mais la proportion de 7,5 % des besoins du marché local, préconisée par le Conseil des ministres, ne devrait pas affecter, outre mesure, la survie des fours de Chekka et d’ailleurs. Bien que le ministère de l’Industrie ait la tutelle du secteur économique des cimenteries, le dossier a été examiné et tranché, mercredi dernier, en Conseil des ministres. L’affaire était en effet d’importance, puisqu’elle concerne l’une des plus grandes et des mieux protégées des industries libanaises. C’est donc le Conseil des ministres qui a...