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Ressources hydrauliques - Urgence à l'aube du XXIe siècle Plaidoyer pour un accord régional sur l'eau
Par H. G., le 17 août 1999 à 00h00
L’histoire est jonchée de conflits en relation avec l’eau. Avec la croissance de la population, la concurrence pour le contrôle des ressources hydrauliques devrait même s’intensifier. Dans la région, les spécialistes s’accordent à dire que cette source de vie est aussi l’une des principales causes des guerres contemporaines. Pourtant, comme le souligne M. Fady Esta, spécialiste de cette question, dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, il est nécessaire d’établir, au Moyen-Orient comme ailleurs, une solution globale. Cela nécessite un dialogue entre tous les pays de la région. C’est que les conflits sont nombreux, alors que l’échéance de 2020 pourrait marquer l’apparition d’une pénurie grave. Pour le spécialiste, des solutions s’imposent d’urgence, d’autant que la question demeure intimement liée à la protection de l’environnement. Les ressources hydrauliques mondiales sont de l’ordre de 7 500 mètres cubes par habitant et par an, alors que le volume minimal requis pour chaque individu est d’environ 100 mètres cubes. C’est dire que les habitants de la planète Terre ne manquent pas d’eau et peuvent croître et se multiplier sans que cela pose problème. Théoriquement. Car la plus grande réserve en eau est constituée par les océans et les mers d’eau salée. Exploiter ces ressources reste une entreprise très coûteuse. Par contre, les sources d’eau douce sont réparties géographiquement de façon telle que de nombreux pays manquent d’eau. C’est le cas du Moyen-Orient qui est classé parmi les contrées arides et semi-arides. Béni des dieux, le Liban a un avantage sur ses voisins, avec une estimation d’environ 3 000 mètres cubes par an et par personne. Toutefois, la très mauvaise gestion des ressources, souvent critiquée par les experts libanais aussi bien qu’étrangers, a conduit le Liban à n’avoir accès qu’à une moyenne d’environ 1 200 mètres cubes par an et par personne. Plusieurs solutions ont été proposées. M. Fady Esta insiste sur deux volets importants. Pour lui, il faudrait limiter la part réservée à la production agricole, laquelle nécessite pour l’irrigation des qualités trop importantes. L’acheminement de l’eau vers les champs à ciel ouvert laisse évaporer pas moins de la moitié de l’eau transportée. Mais pour ce spécialiste, une campagne d’information et d’éducation serait le moyen le plus efficace et le moins coûteux pour mieux gérer nos besoins. Des réductions simples, comme celui du débit des chasses d’eau ou encore l’arrêt de l’arrosage des jardins durant les périodes de séchereesse permettraient d’économiser plus de 50 % de la consommation dans le pays. Cet effort a été réalisé aux États-Unis, pourtant gros consommateur, et une économie importante a été constatée dès la première année. Ensuite viennent tous les grands travaux que l’État doit mettre en chantier dans ce domaine, tels la création de lacs collinaires ou encore le détournement de certains cours. Plusieurs projets sont à l’étude : le lac collinaire du Yammouné reste d’actualité et le détournement de l’Awali (banlieue sud) est sur le point d’être réalisé. Solutions sur le plan régional Si les premières actions doivent provenir du Liban lui-même, il faut aussi savoir que l’enchevêtrement entre le tracé des fleuves et celui des frontières oblige à traiter la question sur un plan régional. Ainsi, le médiateur Fady Esta a insisté sur la nécessité de trouver un accord global, régional et rapide. En effet, selon lui, avec une croissance démographique de plus de 26 millions d’habitants dans la région (Palestine, Israël, Jordanie, Syrie et Liban), en 2010, un problème crucial se posera. Ainsi, la moyenne des ressources serait de moins de 300 mètres cubes par an et par habitant. «Avec une augmentation de la population de 30 % en dix ans et sans un accord régional, la région manquera sérieusement d’eau à partir de 2020», avertit M. Esta. L’eau est donc devenue un réel enjeu, facteur de conflits et détruisant souvent tout espoir de coopération régionale. L’Onu a dressé le plan Main; en 1954, la Ligue arabe a lancé le sien, puis par la suite Israël a voulu établir le plan Cotton et enfin un plan unifié a été arrêté, ces dernières années. Ce plan prévoit une répartition équitable des ressources en eau et n’oblige pas le Liban à livrer le Litani à Israël. Pour autant, ce plan ne tient compte que de quatre pays (Liban, Syrie, Israël et Jordanie). Pour M. Esta, c’est un accord tenant compte de tous les pays de la région, y compris la Turquie, qui devrait aider à la gestion et permettre d’envisager de grands projets de dessalement ou autres que seul aucun pays ne pourrait rentabiliser. Pour Fady Esta, «les responsables libanais doivent être conscients de l’urgence et de l’importance d’une meilleure gestion de l’eau au Liban, mais cet élément doit être aussi un argument stratégique dans les négociations de paix».
L’histoire est jonchée de conflits en relation avec l’eau. Avec la croissance de la population, la concurrence pour le contrôle des ressources hydrauliques devrait même s’intensifier. Dans la région, les spécialistes s’accordent à dire que cette source de vie est aussi l’une des principales causes des guerres contemporaines. Pourtant, comme le souligne M. Fady Esta, spécialiste de cette question, dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, il est nécessaire d’établir, au Moyen-Orient comme ailleurs, une solution globale. Cela nécessite un dialogue entre tous les pays de la région. C’est que les conflits sont nombreux, alors que l’échéance de 2020 pourrait marquer l’apparition d’une pénurie grave. Pour le spécialiste, des solutions s’imposent d’urgence, d’autant que la question demeure...