Estivales - Al-Mayadine Quartet à Deir el-Qamar La musique de Marcel Khalifé : un univers enchanteur(photo)

Un nombreux public de connaisseurs, souvent venus de loin, ont assisté aux deux concerts que proposait l’ensemble instrumental de Marcel Khalifé. Cadences occidentales, harmonies et rythmes orientaux, associés à une esthétique originale : la prestation a suscité l’enthousiasme du public. Deux oud, tenus par Marcel Khalifé et Charbel Rouhana, accompagnés d’Abboud el-Saadi à la guitare basse et d’Ali el-Katib au Riq : «Al-Mayadine Quartet est au complet. Un cadre hors du commun : la cour du sérail de l’émir Youssef Chéhab, dont les arcades en ogives encadrent les musiciens. Marcel Khalifé souligne, entre deux phrases musicales, son plaisir de jouer dans un espace chargé de signification historique ; car, pour lui, «la musique ressemble à la pierre, elle implique la mémoire du passé». La première soirée était exclusivement instrumentale dans un premier temps, avec un ensemble de pièces intitulées Jadal oud. Marcel Khalifé précise que cette composition vise à mettre en valeur la spécificité et la richesse musicale que présente le luth, même s’il ne sert souvent que d’accompagnement à la voix du chanteur. Jadal oud est fondé sur des repères familiers au public : la musique de l’auteur est profondément ancrée dans la musique arabe. Ainsi, il introduit une de ses pièces en mentionnant sa parenté avec ce que jouaient les Arabes de jadis, qui traversaient le désert pour atteindre l’Andalousie. Parfois, une réminiscence : les auditeurs reconnaissent un air de Feyrouz fondu dans une ample période musicale. L’improvisation joue un rôle déterminant dans l’interprétation des musiciens, qui débouche sur la création de nouveaux champs d’expression. L’alternance de tonalités, majeure et mineur, ainsi que les brusques variations de rythme contribuent à l’expressivité de l’ensemble, qui restitue différentes modulations sentimentales. Marcel Khalifé a clôturé son premier concert en interprétant trois de ses chansons, suscitant l’enthousiasme du public. L’artiste a tout d’abord offert un de ses «poèmes musicaux» aux enfants du Liban-Sud. Il a ensuite rendu hommage à sa mère, puis à Rita, qui représente l’idéal de la femme aimée dans ses textes. Les auditeurs, tour à tour charmés et émus, ont beaucoup applaudi des musiciens qui ont su faire partager l’univers enchanteur de leur musique.