Pour leurs 51, 53 et 51 ans au service de la jeunesse libanaise, trois religieuses françaises de la congrégation des Filles de la Charité des sœurs de Besançon ont été décorées de l’Ordre du mérite libanais par M. Gaby Kastoun, directeur général de l’Éducation, représentant le ministre Mohammed Youssef Beydoun. Ce fut l’occasion d’une cérémonie de famille émouvante, organisée au collège des Besançon – Hazmieh pour les sœurs Paul Geneviève, René-Marcel et Laetitia. Une rencontre à laquelle ont participé de nombreuses anciennes de toutes les générations, des amis et des parents. Plus d’un demi-siècle passé dans un Liban dont elles ont fait une seconde patrie, qu’elles ont aimée et défendue surtout aux heures les plus noires de la guerre et où elles ont mené leur propre résistance, celle du courage et du silence, méritait un hommage particulier. En effet, alors que la folie meurtrière envahissait le pays, elle ont, avec leur communauté, protégé et refusé, au prix de vexations diverses, de déserter un collège devenu fantôme, situé au cœur des combats du centre-ville, entre la rue Georges Picot et le secteur de Wadi Abou Jamil. Elles auront aussi consacré leur vie au service de nombreuses générations de jeunes filles devenues des Libanaises responsables dans la vie publique et privée, ou mères au foyer dans leurs institutions de Beyrouth, Hazmieh, Baskinta, Kfour et baabdate. Un choix et des vies qui forcent le respect. La supérieure régionale, sœur Noha, a prononcé une allocution dans laquelle elle a évoqué la fidélité de ces trois Françaises à ce Liban qu’elles ont en quelque sorte contribué à «façonner» en formant ses femmes, pour que «cette terre des Cantiques des Cantiques ne meure pas», a-t-elle dit. «Votre vie, vous l’avez donnée à Dieu, à l’humanité tout entière, mais vous nous avez réservé la fleur de votre existence.. Mes sœurs Paul Geneviève, René-Marcel et Laetitia, votre histoire s’inscrit désormais dans notre histoire, de génération en génération…», a conclu la responsable. Au nom du ministre de l’Éducation, M. Gaby Kastoun a rendu hommage à ces éducatrices qui sont devenues «un symbole dans l’Histoire du Liban, donnant avec générosité, amour et sacrifices tout au long des 50 ans et plus. Des sœurs qu’on pourrait plutôt appeler Espérance, Amour et Charité», a-t-il ajouté. Chacune des trois religieuses devait ensuite prononcer un mot de remerciements rappelant leurs 50 années «vécues dans l’enthousiasme, enseignant à regarder l’autre avec respect quels que soient sa religion, sa nationalité ou son appartenance, préparant les générations de femmes d’avenir dans ce Moyen-Orient riche en enseignements et en valeurs». Puis ce fut le mot des anciennes et celui des enseignants qui ont dit leur émotion mais surtout leur reconnaissance pour tant de générosité et de dévouement. La fête s’est clôturée par un cocktail où les uns et les autres se sont retrouvés, bavardant et égrainant des souvenirs.