Actualités - CHRONOLOGIE
L'argent et la santé (photos)
Par ABI AAD Nicole, le 29 janvier 1999 à 00h00
Dans un domaine aussi délicat que celui de la santé, les préoccupations d’ordre matériel doivent ou devraient jouer un rôle mineur. Toutefois, les réalités quotidiennes sont autres, il n’est pas toujours évident de faire la part des choses... Il y aurait deux genres d’hôpitaux: ceux à vocation hospitalière et qui ne négligent pas les frais, et ceux à but plutôt lucratif. Saviez-vous qu’au Liban, une loi protège le patient hospitalisé? En effet, il est interdit de renvoyer un malade qui a été accepté dans l’hôpital. Interrogé sur le coût de l’hospitalisation au Liban, un responsable répond: «Les organismes chargés de nous rembourser tardent à nous payer. Et quand ils le font, c’est souvent avec un pourcentage en moins. Nous sommes donc obligés de prévoir une majoration des tarifs, en vue d’un retard et d’un escompte futur». En effet, la dette du ministère vis-à-vis des hôpitaux s’élevait à plusieurs millions de dollars il y a plus d’un an. Actuellement, l’État doit 300 milliards de livres libanaises d’arriérés aux hôpitaux. Les hôpitaux privés n’ont pas été réglés depuis novembre 1997, et n’ont pas reçu leurs frais depuis 1996. Armand Pharès, de la société The Unicorn, se plaint du fait que «les hôpitaux sont pour une grande majorité en situation permanente d’incapacité de payement. Certains ont tout de même la décence et l’éthique de ne pas utiliser leurs fournisseurs comme banquiers!». Nicolas Gharzouzi, responsable des ventes chez Tamer Group, affirme que «plus de la moitié du chiffre d’affaires de ces établissements se fait avec les tiers payants, à savoir les assurances, les coopératives, la Sécurité sociale, l’armée. Or ces derniers ont souvent des retards énormes pour régler la facture, ce qui ne peut que se répercuter sur leurs fournisseurs qui devront eux aussi attendre d’être réglés. Le meilleur fournisseur est donc celui qui peut accorder des crédits aux hôpitaux, il aura ainsi une avance sur les autres». M. Élias Gannagé est également de cet avis et confie: «La Société Georges et Antoine Gannagé a commencé à proposer des facilités de payement en 1991, car, à cause des retards de payement, les hôpitaux ne disposaient pas d’assez de liquidités. C’était donc le meilleur moyen pour que les hôpitaux puissent avoir accès aux nouvelles technologies». Une concurrence grandissante De plus, même dans le domaine hospitalier, la concurrence est très forte. Chaque hôpital veut rester indépendant et autosuffisant. Or, déclare un responsable chez Intermedic, «quand on parle d’équipements, on parle d’investissements énormes». Selon les sources de Gérard Figuié, en 1995, il existait près de 160 établissements, secteurs privés et publics confondus, répartis en 22 hôpitaux à long séjour (spécialisés pour l’accueil des malades en gériatrie, maladies mentales et chroniques), et 115 hôpitaux à court séjour (médecine générale et maternité). Or, il existe actuellement 4 centres de radiothérapie, une douzaine de centres de chirurgie à cœur ouvert (contre 2 seulement en 1990), 20 IRM et 80 scanners, pour seulement 4 hôpitaux universitaires, 14 établissements de plus de 200 lits, une centaine entre 100 et 200 lits, et une trentaine ayant moins de 100 lits... Le gouvernement, de par le programme de reconstruction, fait certainement des efforts honorables pour réhabiliter les hôpitaux gouvernementaux en matière d’équipement et construire de nouveaux édifices dans plusieurs régions du Liban, mais il est nécessaire d’associer à ce projet un programme qui tienne en compte la gestion effective de ces hôpitaux au niveau des ressources humaines compétentes ainsi qu’au niveau d’une gestion administrative efficace. Depuis quelque temps, on parle aussi d’une réforme prochaine du système de la santé. Espérons qu’elle verra le jour rapidement et soulagera malades, hôpitaux et fournisseurs.
Dans un domaine aussi délicat que celui de la santé, les préoccupations d’ordre matériel doivent ou devraient jouer un rôle mineur. Toutefois, les réalités quotidiennes sont autres, il n’est pas toujours évident de faire la part des choses... Il y aurait deux genres d’hôpitaux: ceux à vocation hospitalière et qui ne négligent pas les frais, et ceux à but plutôt lucratif. Saviez-vous qu’au Liban, une loi protège le patient hospitalisé? En effet, il est interdit de renvoyer un malade qui a été accepté dans l’hôpital. Interrogé sur le coût de l’hospitalisation au Liban, un responsable répond: «Les organismes chargés de nous rembourser tardent à nous payer. Et quand ils le font, c’est souvent avec un pourcentage en moins. Nous sommes donc obligés de prévoir une majoration des tarifs, en vue d’un...
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