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Actualités - CHRONOLOGIE

Les hôpitaux au Liban : un état des lieux (photos)

De tout temps, les médecins et le service hospitalier du Liban ont bénéficié d’une excellente réputation. Dans son ouvrage, «Le point sur le Liban», Gérard Figuié observe que «dès le début des années 60, la réputation du service de santé libanais était déjà solidement implantée dans tout le Moyen-Orient. Le Liban se trouvait, et de loin, le pays le mieux structuré de la région et recevait de nombreux patients venant de tout le monde arabe». Qu’en est-il aujourd’hui? Cette réputation est-elle toujours fondée? Les services proposés par les hôpitaux au Liban sont-ils à la hauteur de leur renommée? Les hôpitaux sont-ils bien équipés? Qu’en est-il des urgences? Le domaine de la santé est une préoccupation majeure quel que soit le pays, domaine dans lequel les négligences ne sont pas permises. Quelle est la situation des hôpitaux libanais? Offrent-ils toujours un bon niveau de qualité, ou faut-il craindre de tomber malade et d’avoir à les fréquenter? Forces et carences Premier constat, au Liban, la notion d’hôpital est très élastique. En effet, cette définition varie d’une région à une autre; parfois, une modeste clinique de deux ou trois médecins est pompeusement baptisée hôpital. Ainsi, la situation des hôpitaux est très disparate; entre un établissement et un autre, les différences de niveau sont très importantes. Jusqu’en 1975, la plupart des grands hôpitaux étaient concentrés dans la capitale. Or, depuis quelques années, on assiste à une décentralisation vers toutes les régions du pays. En général, la plupart des hôpitaux sont bien tenus et offrent un service tout à fait correct, notamment les institutions universitaires et communautaires qui sont les héritières d’une renommée bien méritée, de même que certains établissements privés qui se caractérisent par la disponibilité de services spécialisés et leur compétence humaine de grande valeur. Même s’ils existent, les établissements réputés infréquentables restent extrêmement rares. Dans le domaine de la santé, aucune négligence n’est permise. On constate ainsi que les normes d’hygiène sont généralement bien respectées; de plus, un effort considérable est actuellement déployé par la majorité des hôpitaux afin de s’aligner sur les normes internationales par le biais de cycles de formation des ressources humaines sur le contrôle de l’infection, ainsi que par l’acquisition de matériels spéciaux réservés à cette fin. Par ailleurs, la gestion des déchets hospitaliers infectieux est toujours problématique. Le sujet est délicat dans tous les pays du monde et l’urgence demeure de trouver des solutions radicales permettant de sauvegarder l’environne- ment. Les moyens dont disposent nos hôpitaux sont précaires et ne répondent pas aux normes internationales. Néanmoins, il existe à présent des solutions efficaces, et une campagne d’éveil auprès des hôpitaux et des ministères concernés est actuellement menée afin d’adopter ces solutions et de les faire appliquer. D’autre part, les systèmes de protection contre les pannes de courant électrique sont bien appliqués, la guerre ayant amené toutes les institutions à se doter de dispositifs électriques afin de pallier les carences de courant. Tous les établissements sont dotés de protections électriques. UPS et générateurs sont prêts à assurer la relève en cas de coupure de courant. Qu’on se rassure donc, la coupure de courant survenue en France et accusée d’avoir contribué au décès de 7 patients dans un service de réanimation est assez improbable chez nous. Une mauvaise appréhension des équipements Au niveau des équipements, Pierre Farah, de la société Intermedic, affirme que les responsables des établissements hospitaliers sont très concernés par l’adaptation de nouvelles technologies ainsi que par la mise à jour de leur matériel médical. Pour autant que ce souci soit justifié, il faudra néanmoins établir une réglementation au niveau national, ainsi qu’un programme de concertation entre les différentes institutions médicales. Ces dispositions devraient permettre d’optimiser l’usage de ce matériel, tant au niveau de la compétence humaine qu’en matière de rendement financier. Ce qui n’est pas vraiment le cas pour le moment. Résultat: une politique individuelle d’équipement dont les conséquences sont justement le suréquipement, un usage parfois injustifié, une compétence humaine moins spécialisée pour l’utilisation et surtout un rendement financier pauvre, assujetti à une concurrence bien souvent anarchique entre les utilisateurs. D’ailleurs, Maurice Massaad, des établissements Albert Massaad, déclare: «En Europe, le lit d’hôpital a connu une évolution considérable au XXe siècle. Il s’est médicalisé. Il a intégré des fonctionnalités multiples et ses concepteurs ont appris à l’adapter aux pathologies, réanimation, rééducation fonctionnelle... Le lit a aussi amélioré et favorisé les conditions de travail du personnel: accessibilité, manutention et hygiène... Cette évolution (révolution?) découle d’un partenariat hôpitaux-industriels qui progresse de plus en plus; il n’est pas rare aujourd’hui de voir les cahiers des charges élaborés par les services de soin à l’intention des fabricants. Au Liban, les cahiers des charges se font denrée rare. S’il en existe, c’est une véritable copie de catalogues de grands fabricants... Les commandes sont souvent centralisées sur une personne et se font sans essai, ni démonstration. L’équipe soignante, souvent tenue à l’écart (c’est en fait la partie qui voit tous les jours la partie submergée de l’iceberg) n’a pas de contact direct avec les producteurs, ou presque. Certains hôpitaux, et nous les félicitons, commencent à faire participer leurs équipes à des séminaires ou des conférences que ce soit au Liban ou à l’étranger, sur l’organisation, le management, la prise en compte du comportement client, la dimension hôtelière que l’hôpital tend à prendre en compte de plus en plus, et ont la conviction que cet investissement à long terme portera ses fruits très bientôt». M. Zakhia, ancien directeur du service maladie de la région Ile-de-France pendant de nombreuses années, déclarait toutefois, dans une récente interview pour L’Orient-Le Jour, que «les hôpitaux privés travaillent chacun selon son rythme et sa façon de voir les choses, sans se soucier de savoir ce qu’un établissement voisin a comme équipement ou ce qui est rentable et utile pour lui». Se réadapter après la guerre À partir de 1991, ce fut la course pour se rééquiper car pendant les années de guerre qui ont ravagé le Liban, peu d’hôpitaux avaient continué à se fournir en matériel. La grande majorité ne pensait qu’à parer au nécessaire, au plus urgent. Seules, les unités d’urgence se sont développées. Avant la guerre, certains hôpitaux, comme les établissements gouvernementaux et universitaires, disposaient d’unités d’urgence. Puis, peu à peu, avec des besoins croissants, ce service a commencé à se développer dans les autres hôpitaux. Actuellement, certains hôpitaux disposent d’urgences très spécialisées et opérant 24 heures sur 24: pédiatrie, accidents de routes, cardiologie.... Quant aux hôpitaux publics, la situation est loin d’être confortable. Ce n’est pas un secret, la guerre a sensiblement affecté leur rendement et la qualité de leurs services. Dans de nombreux cas, le matériel est dépassé, et donc peu utilisable. Plus grave encore, le problème se pose également au niveau des compétences humaines disponibles au niveau de ces hôpitaux. Certains établissements sont complètement équipés, mais n’arrivent pas à ouvrir leurs portes, car il n’y a personne pour les gérer. Les ressources humaines manquent donc. M. Zakhia affirme également «qu’il ne suffit pas de construire et d’équiper des bâtiments, il faut savoir attirer les médecins compétents qui, pour l’instant, hésitent à s’associer aux hôpitaux publics». À titre informatif, rappelons qu’en 1972, le secteur public comptait 1420 lits contre 585 seulement en 1991.
De tout temps, les médecins et le service hospitalier du Liban ont bénéficié d’une excellente réputation. Dans son ouvrage, «Le point sur le Liban», Gérard Figuié observe que «dès le début des années 60, la réputation du service de santé libanais était déjà solidement implantée dans tout le Moyen-Orient. Le Liban se trouvait, et de loin, le pays le mieux structuré de la région et recevait de nombreux patients venant de tout le monde arabe». Qu’en est-il aujourd’hui? Cette réputation est-elle toujours fondée? Les services proposés par les hôpitaux au Liban sont-ils à la hauteur de leur renommée? Les hôpitaux sont-ils bien équipés? Qu’en est-il des urgences? Le domaine de la santé est une préoccupation majeure quel que soit le pays, domaine dans lequel les négligences ne sont pas permises. Quelle...