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Actualités - OPINION

Célébrations - Aujourd'hui , la Noël arménienne L'Eglise doit sortir de sa captivité institutionnelle

À l’occasion du 6 janvier, fête de Noël selon la tradition de l’Église arménienne orthodoxe, le catholicos Aram Ier a publié un message dans lequel il invite les fidèles à se «tourner vers Dieu et, en lui, à se tourner vers leurs semblables». L’Église, y dit-il, «doit sortir de sa captivité institutionnelle et devenir une Église pour les autres». «De graves menaces pèsent sur l’écosystème mondial», ajoute Aram Ier, «la population du globe est menacée de dégénérescence morale, de décadence spirituelle et d’anéantissement physique». Les hommes sont donc invités à «reconnaître en toute conscience» qu’ils ne s’appartiennent pas, et qu’ils ne peuvent transformer le monde que s’ils sont eux-mêmes d’abord transformés. Voici le texte intégral du message de Noël de S.S. Aram Ier : Tournons-nous vers Dieu. C’est autour de ce thème que plus de 4 000 personnes, délégués, conseillers et observateurs se sont rassemblés du 3 au 15 décembre 1998 à Harare (Zimbabwe), dans le cadre de la Huitième Assemblée Générale du Conseil Mondial des Églises. Cette Organisation internationale qui regroupe plus de 380 Églises membres de plusieurs confessions et de toutes les régions du monde célébrait aussi ses cinquante ans d’existence. Dans mon rapport de président des Comités Central et Exécutif qui couvrait les dernières sept années du témoignage du Conseil et parlant du thème de l’Assemblée, je disais ce qui suit : «Tournons-nous vers Dieu, et en Lui, tournons-nous vers les êtres humains, nos semblables». Nous sommes tous devenus proches les uns des autres dans le «village planétaire», noirs et blancs, riches et pauvres, chrétiens, musulmans, bouddhistes, fidèles d’autres religions ou athées. Déchirés par nos divergences et nos tensions, nous ne savons pas encore vivre ensemble dans un monde où nous n’avons pourtant que le choix de vivre en une seule communauté. Nous tourner vers Dieu signifie que nous avons à nous tourner vers notre prochain, animés par un amour agissant, en recherchant la justice et la réconciliation. Nous sommes un peuple missionnaire, non pas pour dominer les autres et leur imposer nos valeurs et nos cultures, mais pour partager la «bonne nouvelle» avec tous. Le dialogue que nous engageons avec notre prochain ne diminue en rien l’engagement total qui nous lie à notre foi. Dans la relation de dialogue avec les autres, notre foi s’enrichit, s’affine et se fortifie. Dialoguer signifie témoigner, c’est à dire vivre l’événement du Christ au cœur des ambiguïtés, des incertitudes et des polarités du monde. Cela signifie aussi écouter et chercher à comprendre la foi et les perspectives des autres. Le dialogue est un garde-fou contre le syncrétisme; il est la recherche d’une communauté élargie. Dans un monde où la culture technologique et la mondialisation provoquent la déshumanisation, où les nouvelles idéologies de la sécularisation nient la présence de la réalité ultime et s’emploient à promouvoir des valeurs matérialistes et consuméristes, l’Église, en collaboration avec les autres religions, est appelée à remodeler, à renouveler et à réorienter la société en renforçant son fondement sacré. Dans les sociétés pluralistes d’aujourd’hui nous partageons avec nos voisins une responsabilité commune en vue d’un avenir commun. Tournons-nous vers Dieu, et en Lui, tournons-nous vers Sa création. Nous vivons au sein d’une création fragile qui va rapidement vers un destin inconnu. De graves menaces pèsent sur l’écosystème mondial; la population du monde est menacée de dégénérescence morale, de décadence spirituelle et d’anéantissement physique. Des statistiques alarmantes font état de l’ampleur actuelle de la pauvreté et de la faim, de la destruction de l’environnement et de la violence. L’Assemblée d’Evanston (1954) déclarait que l’homme est devenu «ennemi de soi-même. Il cherche la justice, et l’oppression règne. Il veut la paix, et la guerre se déchaîne. Le pouvoir même qu’il acquiert sur la nature menace de le détruire». La création est devenue un objet livré à l’exploitation humaine. Nous tourner vers Dieu implique que nous nous repentions de ce que nous avons commis et continuons à commettre contre l’humanité, notre oikos (la maison que Dieu nous a donnée). La création appartient à Dieu, l’humanité en est l’intendante. C’est pourquoi tout processus ou développement qui compromet la viabilité de la création doit être remis en question. L’humanité doit retrouver des relations justes avec la création. Tournons-nous vers Dieu, et en Lui, tournons-nous vers nous-mêmes Nous ne pouvons transformer le monde que si nous sommes nous-mêmes transformés. Quelle sorte d’Église voulons-nous pour le 21e siècle? Une Église confinée dans les limites des États-nations ou des groupes ethniques et préoccupée seulement de se perpétuer elle-même ou une Église missionnaire ouverte au monde et prête à affronter ses défis? L’avenir du mouvement œcuménique sera déterminé dans une large mesure par nos perceptions et nos convictions ecclésiologiques. Il ne saurait survivre sans une vision que sous-tend une conception globale de l’Église, de l’humanité et du monde. L’Église ne peut adhérer aux compromis qu’offre le monde. Elle doit incarner l’Évangile dans sa propre vie et dans celle des sociétés. J’ai encore dans la mémoire la voix d’une jeune personne que j’ai entendue s’écrier : «Où donc est mon Église? Que fait-elle?» Les fidèles ont besoin d’une Église qui les écoute et qui prend soin d’eux. Ils veulent une Église qui trouve son accomplissement en devenant une réalité missionnaire. L’Église doit sortir de sa captivité institutionnelle et devenir une «Église pour les autres». Nous tous, ensemble, nous sommes l’Église, l’Église du peuple; ensemble, nous accomplissons notre vocation. Les Églises qui vivent ensemble en un même lieu doivent former une communauté renouvelée, un exemple vivant de communauté conciliaire. Le monde nous écoutera si nous demeurons ensemble et agissions ensemble dans l’obéissance à l’Évangile et la fidélité au commandement du Christ. Ensemble, les Églises doivent devenir une signe d’espérance dans un monde en proie à l’absurdité et au désespoir. Enfin, tournons-nous vers Dieu qui s’est révélé en Jésus-Christ Il est la source de notre être et de notre existence, de notre espérance et de notre joie. Nous croyons en Dieu qui, le premier, s’est tourné vers l’humanité en la personne du Christ et qui nous invite à nous tourner vers Lui. Il se tourne toujours vers nous dans Sa grâce, même si nous ne sommes pas prêts à nous tourner vers Lui dans la foi et la repentance. Il est demeuré fidèle à Son Alliance (Genèse 9, 11; Deutéronome 4,25-31). La question qui nous est adressée au cours de cette Assemblée est la suivante : Sommes-nous fidèles à l’Alliance que Dieu a conclue avec nous? En fait, nous nous sommes plus souvent tournés vers la haine et la violence, vers l’injustice et le pouvoir. Nous nous sommes tournés vers nous-mêmes et avons ignoré tout le reste et nous avons prétendu maîtriser notre propre destin. Nous avons fait du monde un lieu égoïste, replié sur lui-même et privé d’espérance et de transcendance. Nous tourner vers Dieu signifie que nous devons reconnaître en toute conscience que nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes, mais à Dieu. Cela implique que nous nous détournions de toutes les valeurs, idéologies et manières de vivre qui évacuent de notre vie la réalité ultime. L’humanité ne survivra pas sans la dimension eschatologique. Nous devons reconnaître que toutes les ressources humaines, toutes les réalisations miraculeuses de la technologie, sont inadéquates et relatives, et nous tourner vers Dieu dans un esprit d’humilité et de repentance. Nous devons renoncer à l’aliénation pour nous réconcilier avec Dieu, nous détourner de nos propres voies pour prendre celle de Dieu et nous tenir sous Son jugement». Ce que j’ai dit à Harare, il y a à peine un mois en m’adressant aux Églises du monde, je crois pouvoir le dire aussi ici au Liban, à mes compatriotes libanais. Le Liban fait partie de la communauté internationale et tous les soucis, les conditions et les réalités auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui s’y répercutent directement ou indirectement. Nous vivons dans un monde pluraliste où l’interaction et l’interdépendance, en un mot le dialogue existentiel est une réalité tangible et irréversible. Les problèmes des autres sont aussi nos problèmes et vice versa. Donc, plus que jamais, nous aussi devons-nous tourner vers Dieu. Nous appartenons certes à des religions et des confessions différentes. Nous avons différentes conceptions théologiques de Dieu mais nous croyons tous au même Dieu. En ces jours d’Épiphanie, de Nouvel An et du Ramadan, tournons-nous vers Dieu, qui reste toujours la source de notre existence, l’espérance et le but de notre vie humaine et vivons les commandements divins dans notre vie individuelle et collective. Sans Dieu nous perdrions le sens de notre existence et le Liban perdrait quelque chose de sa pérennité.
À l’occasion du 6 janvier, fête de Noël selon la tradition de l’Église arménienne orthodoxe, le catholicos Aram Ier a publié un message dans lequel il invite les fidèles à se «tourner vers Dieu et, en lui, à se tourner vers leurs semblables». L’Église, y dit-il, «doit sortir de sa captivité institutionnelle et devenir une Église pour les autres». «De graves menaces pèsent sur l’écosystème mondial», ajoute Aram Ier, «la population du globe est menacée de dégénérescence morale, de décadence spirituelle et d’anéantissement physique». Les hommes sont donc invités à «reconnaître en toute conscience» qu’ils ne s’appartiennent pas, et qu’ils ne peuvent transformer le monde que s’ils sont eux-mêmes d’abord transformés. Voici le texte intégral du message de Noël de S.S. Aram Ier :...