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Actualités - REPORTAGES

Patrimoine - L'empereur romain Hadrien en avait fait une affaire personnelle La protection des forêts du Liban, une préoccupation millénaire (photos)

La protection des forêts du Liban est une préoccupation vieille de deux mille ans. Un texte romain, qui date de l’an trente-trois avant J.-C., s’inquiète du sort de ces forêts, de leur disparition très rapide. Prestige de toute une nation, ces forêts ont été largement exploitées par tous les conquérants qui ont traversé le Liban. Babyloniens, Égyptiens, Perses, Grecs, Romains. Tous avaient besoin de ce bois dur pour la construction de leurs temples, navires ou palais. Les Phéniciens utilisaient le bois comme principale source d’énergie, ils l’employaient dans le commerce et les constructions des bateaux et des temples, en Phénicie et ailleurs. Le temple de Jérusalem est édifié avec du bois des cèdres du Liban. Premières tentatives de protection Au deuxième siècle de notre ère, l’empereur romain Hadrien tente de limiter cette exploitation pour son profit personnel. Il s’était vite rendu compte de l’importance du cèdre, sapin, chêne et genévrier, arbres au tronc élancé, pour la construction des navires de guerre. Il s’en réserva exclusivement l’usage, interdisant aux autochtones d’y toucher. Pour leur rappeler cet ordre impérial, il fit graver sur les rochers de la montagne libanaise cette inscription : «De la part de l’empereur Hadrien Auguste, délimitation des forêts Quatre genres d’arbres (lui sont réservés), les autres aux particuliers». Une aventure pour retrouver les inscriptions Mais retrouver ces inscriptions et la documentation y relative est un objectif scientifique qui frôle l’aventure. Le Dr Hany Abdul-Nour, ingénieur-agronome, professeur à l’Université libanaise, grand passionné d’archéologie et fondateur d’un club spéléologique, ALES, les recense. «À Yammouneh, guidés par un villageois, on a traversé des champs de mines pour vérifier une inscription complète mentionnée au XIXe siècle et jamais revue depuis. À Toula, Batroun, on n’a pas pu accéder au site, une pancarte de l’armée libanaise en interdisant l’accès». Ces inscriptions latines gravées sur un rocher ne répondent à aucune norme. Pourtant elles ne sont pas localisées au hasard. On les trouve le long des vallées, sur les zones du transport et d’abattage du bois, et sur les hauts lieux, postes de surveillance. Mais, parfois, elles sont incomplètes, les lettres ligaturées, et à cinquante centimètres du sol. Pourquoi ces bizarreries? Le Dr Abdul-Nour explique: «Les graveurs envoyés par l’empereur, pour tracer ces inscriptions dans les montagnes, se sont acquittés de leur tâche le plus vite possible. Par économie de gestes, ils ligotent les lettres et les gravent, assis sur le sol. Bref, tout dépend de la paresse du graveur». Mais le Dr Abdul-Nour n’est pas le premier à s’intéresser à ces inscriptions, Renan en a parlé au siècle dernier, le père jésuite Mouterde aussi, Jean-Francois Breton a fait toute une étude dernièrement sur cette question… Malheureusement aucune n’est complète. Cent quatre-vingts inscriptions sont connues au Liban actuellement, mais ce ne sont que les deux tiers de ce qui existe vraiment. En fait, douze nouvelles inscriptions ont été récemment découvertes par le Dr Abdul-Nour aidé par les membres du club spéléologique ALES, (Association libanaise d’études spéléologiques). Les inscriptions forestières: une chasse au trésor… De tous les pays de l’empire romain, ces inscriptions forestières n’ont été gravées qu’au Nord du Liban et de Beyrouth. Hadrien n’a décrété cet ordre impérial de protection que pour ces forêts. Malheureusement, ces inscriptions ont été souvent mal comprises. Les prêtres, au siècle dernier, les prenaient pour des hymnes à la Vierge et au Christ. Actuellement, et par manque d’informations, les paysans les voient comme indices menant à un trésor et les détruisent pour procéder aux fouilles… La seule façon de les protéger passe donc par une campagne d’information nationale.
La protection des forêts du Liban est une préoccupation vieille de deux mille ans. Un texte romain, qui date de l’an trente-trois avant J.-C., s’inquiète du sort de ces forêts, de leur disparition très rapide. Prestige de toute une nation, ces forêts ont été largement exploitées par tous les conquérants qui ont traversé le Liban. Babyloniens, Égyptiens, Perses, Grecs, Romains....