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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Après le geste d'ouverture de Madeleine Albright Téhéran à Washington : des actes, après les paroles "L'Iran change positivement et nous voulons soutenir cela", déclare Clinton

A la proposition — assortie de conditions — de normalisation avancée mercredi par Madeleine Albright, Téhéran a répondu avec prudence, demandant que les paroles soient suivies d’actes, tout en estimant «positif» le ton employé par le secrétaire d’Etat. Prenant le relais, le président Clinton a plaidé pour «une réconciliation authentique», le porte-parole de la Maison-Blanche, lui, déclarant que «les gestes positifs» de l’Iran «seront reçus positivement» par Washington. «L’Iran change de façon positive», a estimé le chef de l’Exécutif US qui était interrogé par les journalistes sur la pelouse de la Maison-Blanche. «Ce que nous souhaitons, a-t-il ajouté, c’est une réconciliation authentique, basée sur (...) la réciprocité». Le président américain a insisté sur le fait que «l’Iran change positivement et nous voulons soutenir cela». Bill Clinton a estimé que les Iraniens devaient pour cela «être prêts à s’éloigner du soutien au terrorisme, de la diffusion d’armes dangereuses et de l’opposition au processus de paix» au Proche-Orient. C’est sensiblement le même langage qu’avait tenu, peu auparavant, le porte-parole présidentiel. «Le président et le secrétaire d’Etat estiment qu’il est important de faire remarquer que les gestes positifs (de Téhéran) seront reçus positivement par les Etats-Unis», avait déclaré Michael McCurry. Les Etats-Unis, avait poursuivi le porte-parole, «observeront et évalueront avec attention l’attitude du régime de Téhéran», et en particulier les mesures prises par le président Mohammad Khatemi. De «grands problèmes» subsistent entre les deux pays, avait cependant ajouté Michael McCurry. Le porte-parole avait lui aussi rappelé à cet égard le «soutien au terrorisme» et la poursuite de programme d’armements de destruction massive que les Etats-Unis reprochent à Téhéran. Les réactions iraniennes pour leur part ont été marquées par la prudence. Téhéran, tout en saluant le ton «positif» US, n’en a pas moins demandé des gestes concrets, en particulier dans le domaine pétrolier. Respect mutuel Le ministre iranien des Affaires étrangères Kamal Kharazi a demandé à Washington de «faire suivre les paroles par des actes» et suggéré une révision de la politique de sanctions américaine contre le secteur pétrolier iranien. «Les Américains nous empêchent de construire des oléoducs, cela porte préjudice au développement, non seulement de l’Iran, mais de toute la région», a ajouté M. Kharazi, qui effectue une visite officielle de deux jours en Espagne. M. Kharazi faisait référence à l’important projet de transfert du gaz et du pétrole des pays riverains de la mer Caspienne à travers l’Iran, auquel s’opposent les Etats-Unis qui privilégient un passage par la Turquie. Le chef de la diplomatie iranienne a également demandé qu’une éventuelle normalisation se fasse dans le «respect mutuel» et que les Etats-Unis mettent un terme à leur «politique hostile à l’égard de l’Iran». L’ambassadeur d’Iran à l’ONU, M. Hadi Nejad-Hosseinian, cité par la télévision d’Etat, a pour sa part salué le «ton positif qui est apparu aux Etats-Unis» mais a ajouté dans la foulée que «cela doit être accompagné d’actes concrets». Signe de l’importance accordée par Téhéran à tout ce qui vient de Washington, la proposition américaine a été présentée dans les tout premiers titres du grand journal télévisé national. L’Iran et les Etats-Unis n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis avril 1980, au plus fort de la prise d’otages pendant 444 jours de 52 membres du personnel de l’ambassade américaine à Téhéran. Dans un discours-clé devant l’Asia Society à New York, Mme Albright a reconnu mercredi les changements intervenus en Iran depuis l’élection en mai 1997 du président modéré Mohammad Khatami et a estimé que les deux pays devaient chercher des moyens de retrouver une confiance mutuelle. «Si un tel processus peut être entamé et maintenu d’une manière qui réponde aux préoccupations des deux parties, alors, aux Etats-Unis, nous pouvons voir la perspective de relations très différentes», a-t-elle déclaré. Mme Albright a toutefois tenu à rappeler que son pays maintenait sa politique de sanctions contre Téhéran.«Le fossé entre nous est toujours large, mais nous devons mettre à l’épreuve les moyens de le combler», a-t-elle affirmé. Football et prêche M. Khatami avait fait un geste d’ouverture en janvier dernier en plaidant pour un accroissement des échanges culturels, sportifs ou touristiques entre les deux pays afin d’ouvrir une «brèche dans le mur de défiance» entre les deux pays. Il s’était toutefois gardé d’appeler à une reprise de contacts officiels, sujet toujours tabou pour la République islamique, où l’hostilité aux Etats-Unis continue d’être un pilier de l’idéologie officielle. Toute perspective de rapprochement avec Washington est par ailleurs vigoureusement dénoncée par l’aile conservatrice du régime islamique, qui contrôle de nombreuses institutions. Le guide de la République et «numéro un» du régime, l’ayatollah Ali Khamenei, a à plusieurs reprises rejeté sans appel toute perspective de négociation avec les Américains. La proposition américaine survient par ailleurs peu avant le match qui doit opposer dimanche l’Iran aux Etats-Unis dans le cadre du groupe F de la Coupe du monde de football en France. Ce match à forte symbolique politique constitue la plus importante rencontre sportive entre les deux pays depuis près de vingt ans. La question des relations avec Washington pourrait également être évoquée aujourd’hui vendredi, lors de la grande prière hebdomadaire de l’université de Téhéran, qui permet chaque semaine à un haut dignitaire du régime de s’exprimer sur les grands sujets de politique intérieure ou étrangère.
A la proposition — assortie de conditions — de normalisation avancée mercredi par Madeleine Albright, Téhéran a répondu avec prudence, demandant que les paroles soient suivies d’actes, tout en estimant «positif» le ton employé par le secrétaire d’Etat. Prenant le relais, le président Clinton a plaidé pour «une réconciliation authentique», le porte-parole de la Maison-Blanche,...