Au moins six habitants de Kaboul ont été tués et 5 blessés mercredi lors de la chute de deux roquettes sur un quartier résidentiel de la capitale afghane, ont indiqué des témoins. «La plupart des victimes sont des femmes et des enfants d’une même famille», a précisé un voisin. Plusieurs autres voisins se sont précipités pour conduire les blessés vers les hôpitaux alors que d’autres entamaient le déblaiement des décombres. Les miliciens Taliban, qui ont isolé la zone, ont affirmé que les roquettes étaient des «Orogan» de fabrication soviétique tirées depuis une position située à environ 25 kilomètres de la zone. Ces derniers jours déjà, les Taliban ont accusé les forces du commandant Ahmed Shah Massoud, l’un des principaux chefs de guerre de l’opposition, d’avoir lancé plusieurs roquettes sur la ville à partir de leurs positions. Mardi en particulier, quatre roquettes se sont abattues sur la zone de l’aéroport. Jusqu’à présent, les attaques d’artillerie de Massoud contre Kaboul ont toujours été lancées sur cette zone aéroportuaire dénuée de populations civiles. Le ministre de l’Information, le mollah Amir Khan Muttaqi, a accusé lundi l’opposition d’avoir profité du séisme qui a ravagé le nord-est de l’Afghanistan pour lancer des attaques «coordonnées» ces jours derniers sur plusieurs fronts du pays: dans l’ouest, le nord — non loin de la zone dévastée samedi par un séisme — et dans la région de Kaboul. Le ministre a précisé que les forces du commandant Massoud avaient attaqué la milice intégriste dans la région de Charkar Dara, à quelque 25 kilomètres au nord-ouest de la capitale. La coalition de l’opposition comprend le commandant Massoud, le chef militaire du président Burhanuddine Rabbani, renversé par les Taliban en septembre 1996, le Jumbesh-i-Milli du général ouzbèke Abdul Rachid Dostam — un ancien chef militaire du régime communiste pro-soviétique renversé en 1992 par les Moudjahedine — ainsi que les troupes du Hezb-i-Wahdat, le mouvement des Hazaras chiites de Karim Khalili. La milice intégriste au pouvoir à Kaboul contrôle les deux tiers du pays. Cette attaque à la roquette sur des populations civiles a fait renaître la crainte chez les Kaboulis, alors que des milliers d’entre eux sont morts au cours de bombardements des différentes factions des Moudjahedine, qui se disputaient le contrôle de la ville après la chute du régime communiste de Najibullah en 1992. «Par la grâce de Dieu, nous en avons assez. Pourvu que cela ne recommence pas», s’est écrié un jeune étudiant après l’attaque de mercredi. (AFP)