Boris Eltsine a obtenu hier le soutien des milieux d’affaires russes dans la crise financière que traverse la Russie et le Kremlin a annoncé que le chef de l’Etat présenterait un ensemble de mesures à la fin du mois. «On attend une grande discussion sur ce thème le 30 juin prochain dans la salle des Marbres du Kremlin (avec les parlementaires)», a dit Sergueï Iastrjembski, le porte-parole de la présidence. «Le président devrait dévoiler un programme anticrise», a-t-il ajouté. Eltsine s’est entretenu hier pendant une heure et quarante minutes avec dix personnalités des secteurs industriel et financier russes, convoquées au Kremlin au beau milieu d’une crise financière dont les répercussions économiques et politiques inquiètent les investisseurs et les partenaires de la Russie. «Ce qui est notable, c’est que tous ont parlé de la nécessité d’agir ensemble», a dit Iastrjembski, allusion évidente aux conflits d’intérêt politico-industriels qui opposent les barons de l’économie russe depuis des années. «Je crois que dans les tout prochains jours, avant la fin de la semaine, nous aurons confirmation de la nouvelle position de la communauté financière et des milieux d’affaires russes», a précisé le porte-parole. Pas de dévaluation Les faibles rentrées fiscales et la baisse des cours internationaux des hydrocarbures ont provoqué une contraction du budget qui, conjuguée à la crise asiatique, a sapé la confiance que placent les investisseurs dans l’économie et la stabilité politique du pays. La Banque centrale a dû tripler son taux de base à 150% la semaine dernière afin de stopper la panique qui s’était emparée des marchés financiers, provoquant un mini-krach à la Bourse de Moscou, et de protéger le rouble. Mardi, son premier vice-président, Andreï Kozlov, a exclu l’idée «catastrophique» d’une dévaluation de la devise russe. De son côté, le gouvernement de Sergueï Kirienko a annoncé un plan d’austérité comportant des coupes drastiques dans les dépenses publiques et un renforcement des recettes, notamment pas le biais d’un contrôle accru sur la perception des impôts et taxes. Dans un entretien publié hier par Le Figaro, le premier ministre russe se dit optimiste. Kirienko, attendu aujourd’hui à Paris, estime que la situation des marchés financiers est de nouveau contrôlée et exclut lui aussi une dévaluation du rouble. Selon Iastrjembski, Boris Eltsine et ses interlocuteurs se sont félicités du professionnalisme de la Banque centrale et du gouvernement mais ont estimé qu’une stabilisation à long terme passait par des mesures plus en profondeur. Rebond à la Bourse de Moscou «Les principaux efforts porteront sur la revitalisation de l’industrie et la reprise de la production», a ajouté le porte-parole d’Eltsine. Les interlocuteurs du président ont présenté une série de propositions dont le chef de l’Etat russe tiendra compte dans l’élaboration de ses décrets. «Sans révéler la substance de ces propositions, je dirai qu’elles portent sur le système fiscal, sur le problème des arriérés de salaires et sur les taxes sur le gaz, l’électricité et les chemins de fer», a dit Iastrjembski. La Bourse de Moscou a connu hier une véritable flambée après le plongeon de la veille. L’indice RTS, qui avait cédé 10,24% à la clôture des opérations lundi, a fini sur un gain de 12,25%. Selon les opérateurs, le marché a bien réagi aux déclarations en provenance du G7. Les Etats-Unis ont annoncé lundi soir que le déblocage d’une aide financière destinée à la Russie était en discussion entre certains membres du groupe des nations les plus industrialisées. De source monétaire internationale, on déclarait hier à Tokyo que les adjoints des ministres des Finances du G7 se réuniraient probablement à Paris la semaine prochaine pour débattre des moyens d’atténuer la crise russe. (Reuters)