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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Greenpeace : le Liban devrait ratifier la loi sur l'interdiction du trafic des déchets toxiques

«Les pays arabes et autres pays en voie de développement devraient tous ratifier la nouvelle loi de l’Accord de Bâle qui empêche définitivement le trafic des déchets toxiques des pays riches vers les pays pauvres», a dit hier M. Andréas Bernstorff, chargé du dossier des déchets toxiques à Greenpeace. Mais plusieurs grandes puissances, dont les Etats-Unis, font obstacle à ce projet. La convention de Bâle est un accord international dont l’idée est née dans la seconde moitié des années 80 après les nombreux scandales d’importation de déchets toxiques dans des pays en voie de développement, parmi eux le Liban, quelques années plus tôt. Cette convention qui a été signée en 1989 avait un grand handicap: elle ne faisait que mettre des règles au trafic de déchets toxiques sans l’arrêter. Résultat: elle le rendait légitime parce que les pays développés, sous le couvert du «recyclage», envoyaient toujours leurs déchets toxiques vers les pays plus pauvres. Dans une conférence de presse au bureau de Greenpeace Méditerranée à Beyrouth, et en présence du porte-parole de l’organisation au Liban, M. Fouad Hamdane, M. Bernstorff a parlé d’une modification qui consiste justement à interdire complètement le trafic de déchets toxiques dans le monde, et ce, à partir du 1er janvier 1998. «Ratifier cette loi reviendrait, pour les pays en voie de développement et surtout ceux qui ont été victimes de tels trafics dans le passé, à se protéger définitivement de ce fléau, surtout parce qu’il oblige les gouvernements à récupérer leur marchandise même s’ils n’étaient pas à l’origine de la tractation», a-t-il précisé. M. Bernstorff a affirmé que «seuls 17 pays ont ratifié la modification de cet accord qui a été réalisé sous la supervision de l’UNEP (Programme de l’Environnement des Nations Unies) et qui est appuyé par Greenpeace, alors qu’il faut encore 47 signatures pour que cette loi devienne légitime et reconnue». M. Hamdane a déclaré à ce sujet: «Nous avons contacté en vain les différents responsables et ministres de l’Environnement et des Affaires étrangères, sans succès». «Ratifier cette convention serait très important pour le Liban, mais je crois que le gouvernement prend son temps, ou prend les choses à la légère», a-t-il ajouté. M. Bernstorff a poursuivi: «Malheureusement, il y a encore des grandes puissances qui veulent mettre des bâtons dans les roues, et modifier l’accord dans le sens d’une interdiction partielle et non totale de l’exportation des déchets». Et d’ajouter: «Les pays de l’Union européenne se sont déjà imposés l’interdiction d’exporter des déchets toxiques. Mais les Etats-Unis (qui ne sont même pas membres de la Convention), le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ne veulent pas d’une interdiction totale. Ils veulent que certains pays soient désignés comme des sites potentiels et équipés pour le recyclage des déchets dangereux. Ils essaieront donc d’empêcher cet accord que 100 pays, lors de la dernière réunion des signataires de la Convention, ont jugé nécessaire. Il faut donc que plus de 40 pays signent cette loi au plus vite afin de ne pas donner à ces puissances le temps d’agir et de faire obstruction». Interrogé sur les raisons du retard dans la ratification alors que 100 pays ont adopté la loi dans le principe, M. Bernstorff a répondu: «Les procédés de ratification des accords internationaux sont généralement très lents, surtout dans les pays où il y a des tiraillements à l’intérieur même des gouvernements. Ces derniers sont également invités à étudier beaucoup d’accords internationaux sur des questions d’environnement, et ils ont leur propre liste de priorités». Sur la possibilité que certains pays du tiers-monde ne signent pas cette modification de peur que l’aide financière des pays riches que le trafic de déchets leur assure ne cesse, M. Bernstorff a rétorqué: «Ce que ces pays gagnent à partir de ce trafic est minime par rapport aux gains des grandes compagnies qui économisent le prix du traitement des déchets. Ils n’ont donc pas grand-chose à perdre. D’ailleurs, ce ne sont que les parties concernées par les tractations qui profitent de l’argent, pas le pays tout entier». Pourquoi les pays qui ont approuvé la modification ne ratifient-ils pas l’accord tout de suite? Qui représente ces pays aux réunions de la Convention de Bâle? «Ce sont des spécialistes qui participent à ces réunions, venant parfois de telle ou telle ambassade si le pays est trop pauvre pour envoyer quelqu’un au loin, et ils ne sont pas capables de faire en sorte que leurs gouvernements signent la modification très vite», a expliqué M. Bernstorff. Il a ajouté: «La délégation libanaise à la dernière réunion était remarquable». Sur le changement que connaîtront les pays pauvres après l’adoption officielle de la loi, M. Bernstorff a assuré: «Le trafic de déchets toxiques deviendra complètement interdit. En ce qui concerne le trafic illégal, les gouvernements des pays d’où il est issu seront quand même obligés de ramener les déchets chez eux, même s’ils ne sont pas directement responsables. Cependant, cette loi n’a pas d’effet rétroactif».
«Les pays arabes et autres pays en voie de développement devraient tous ratifier la nouvelle loi de l’Accord de Bâle qui empêche définitivement le trafic des déchets toxiques des pays riches vers les pays pauvres», a dit hier M. Andréas Bernstorff, chargé du dossier des déchets toxiques à Greenpeace. Mais plusieurs grandes puissances, dont les Etats-Unis, font obstacle à ce projet. ...