Actualités - CHRONOLOGIE
Il y a un an, un coup d'Etat plongeait la Sierra Léone dans le chaos
le 25 mai 1998 à 00h00
Il y a un an, de jeunes officiers renversaient le régime démocratiquement élu du président Ahmad Tejan Kabbah, plongeant le pays dans le chaos et la violence, dont le pays ne s’est toujours pas remis.Ce troisième coup d’Etat militaire en cinq ans, dans un pays déjà ravagé par plus de cinq années de guerre civile, détrônait un président civil élu à peine 14 mois plus tôt. Aujourd’hui, le président Kabbah, rétabli au pouvoir en mars dernier grâce une offensive militaire de la force ouest-africaine, l’ECOMOG, décrit la journée du 25 mai 1997 comme «un mauvais rêve», les Sierra-léonais comme un jour marqué par «le sang, le viol et les pillages». «On voyait des gamins armés de Ak47, violant et dévalisant les maisons», se souvient un homme d’affaires libanais, revenu récemment à Freetown après avoir trouvé refuge à Beyrouth. Gamins puants «Une partie de moi est morte, lorsque ces gamins puants m’ont frappé, poussé, ont mis ma maison à nu avant de s’enfuir dans ma voiture», explique un Canadien. Dès l’aube, les auteurs du coup d’Etat avaient ouvert les portes de la prison centrale, libérant leur chef, Johnny Paul Koroma, détenu pour une précédente tentative de coup d’Etat, mais aussi des centaines de prisonniers condamnés pour meurtre ou viol qui ont écumé toute la ville, à la recherche de ceux qui les avaient envoyés derrière les barreaux. De nombreux magistrats, policiers et la plupart des élites du pays ont dû quitter le pays. Le coup d’Etat avait également entraîné l’exode massif de paysans, vers la Guinée, le Liberia et la Gambie. Aujourd’hui, le pays qui commençait seulement à panser ses plaies à la veille du coup d’Etat est de nouveau en miettes. L’armée nationale, qui selon les termes de M. Kabbah, a fait la preuve de «son manque de loyauté, son indiscipline, sa corruption et son inefficacité», n’existe plus. Quelques jours après avoir renversé le président Kabbah, les militaires avaient été ralliés par le Front révolutionnaire uni (RUF), en rébellion depuis 1991. Les habitants de Freetown avaient alors découvert le visage de ces jeunes dépenaillés, qui pillaient tout sur leur passage, fusils d’assaut au poing. Depuis qu’il sont été chassés de la capitale, les rebelles ont retrouvé la brousse et sèment la terreur dans au moins les deux tiers du pays. Dans le nord et l’est, des milliers de civils-hommes, femmes et enfants confondus sont victimes de mutilations, oreilles, mains ou membres coupés à la machette, yeux arrachés... Rétablir la sécurité du pays Pour le président Kabbah, la première priorité est de rétablir la sécurité dans le pays, dont les chefs rebelles comme Sam Bockari, Eldred Collins ou Dennis Mingo — tous membres de la junte — opèrent toujours. Rétabli au pouvoir par le contingent nigérian de l’ECOMOG, le président place tous ses espoirs dans la force ouest-africaine, à qui il a confié la reconstruction d’une armée nationale. L’ECOMOG affirme avoir le contrôle de toutes les principales villes du pays et son commandant se déclare «confiant». En attendants, de nombreux Sierre-léonais crient vengeance. Le procès pour trahison d’une centaine de civils, accusés d’avoir collaboré avec la junte, est suivi avec passion par les habitants de Freetown, qui ont récemment accueilli d’ex-membres de la junte extradés de Guinée aux cris de «Lynchez-les, lynchez-les». Une fois la sécurité rétablie, le gouvernement sierra-léonais devra en outre s’atteler à relever une économie dévastée: la banque centrale et les bâtiments du Trésor public avaient été incendiés par des «hommes en armes» dès le jour du coup d’Etat. le taux d’inflation dépasse 99% contre environ 8% il y a un an. Pourtant riche d’atouts — mines de diamants et de bauxite, superbes plages qui attiraient autrefois les touristes fortunés —, la Sierra Leone figure parmi les pays les plus pauvres du monde.
Il y a un an, de jeunes officiers renversaient le régime démocratiquement élu du président Ahmad Tejan Kabbah, plongeant le pays dans le chaos et la violence, dont le pays ne s’est toujours pas remis.Ce troisième coup d’Etat militaire en cinq ans, dans un pays déjà ravagé par plus de cinq années de guerre civile, détrônait un président civil élu à peine 14 mois plus tôt. Aujourd’hui, le président Kabbah, rétabli au pouvoir en mars dernier grâce une offensive militaire de la force ouest-africaine, l’ECOMOG, décrit la journée du 25 mai 1997 comme «un mauvais rêve», les Sierra-léonais comme un jour marqué par «le sang, le viol et les pillages». «On voyait des gamins armés de Ak47, violant et dévalisant les maisons», se souvient un homme d’affaires libanais, revenu récemment à Freetown après avoir...