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Actualités - CHRONOLOGIE

Cannes "Les Idiots" , de Lars Von Trier Faux débiles et vrais handicapés mentaux

C’était le film le plus attendu du 51e festival de Cannes et ce avec raison car «Les Idiots», de Lars von Trier, a à son tour frappé le public de plein fouet. La salle l’a salué de «bravos» et l’a applaudi mais il y a eu aussi quelques huées. Les films du cinéaste prodige danois sont controversés mais ne suscitent jamais l’indifférence, c’est pourquoi le fait que «Breaking the Waves» soit passé à côté de la Palme d’or en 1996 a laissé bien des insatisfaits. «Les Idiots» est dans la même situation que ce précédent long métrage: il est favori pour la Palme d’or (il l’était déjà avant d’être montré) mais rien n’est acquis. Von Trier a quasiment appliqué à la lettre les préceptes du DOGME 95, manifeste qu’il a rédigé et signé avec Thomas Vinterberg, un compatriote qui est également en compétition pour la Palme avec «Fête de famille» («Festen»). Toutefois, il n’a pas tourné en 35 mm, comme le prévoit le «vœu de chasteté». Von Trier a fait une entorse à ce commandement (ou une interprétation si l’on veut) pour pouvoir tourner en vidéo et transférer ensuite la bande sur un support-film. «Les Idiots», ce sont un groupe d’amis qui ont choisi de jouer au débile. La plupart prennent cela comme un amusement. Pas Stoffer, probable géniteur de l’idée, et qui veut pousser les limites de l’absurde jusqu’à proposer à tous de faire l’idiot dans un contexte soit professionnel, soit familial et non plus anonyme. La plupart se dégonflent; un s’y essaie mais échoue. Seule y réussit Karen, la dernière arrivée dans le groupe, au cours d’une réunion de famille endeuillée par la mort de son petit enfant. La dénonciation d’une certaine stupidité de vivre et d’une cruauté immanente au genre humain est latente. Shakespeare faisait déjà dire à Macbeth que la vie était une comédie écrite par un idiot (un débile). Stoffer ne lance-t-il pas des «fascistes» à la ronde et en tenue d’Adam aux habitants d’un quartier chic qui, complètement abusés par les idiots, craignent l’implantation d’un hôpital psychiatrique et poussent la mairie à verser une grosse subvention au groupe si cette fausse institution se déplace dans une autre banlieue, sans doute moins favorisée. Von Trier a réservé une autre surprise aux festivaliers: bien qu’étant à Cannes, il n’est pas venu à la conférence de presse du film. C’est donc toute l’équipe des comédiens et les producteurs qui a répondu à sa place. «Nous devons être fiers de quelqu’un (von Trier) qui, après avoir atteint son but — être reconnu internationalement — a choisi de faire quelque chose d’aussi différent» que ses précédentes œuvres, a dit le producteur délégué Peter Aalbaek Jensen. «Lars est un fondamentaliste du dogme, a renchéri la productrice Vibeke Windeloev. Parfois ces règles l’agaçaient, mais il les suivait tout de même». L’une des scènes les plus fortes des «Idiots» est celle où les faux débiles rencontrent de vrais handicapés mentaux. Stoffer, l’âme radicale des idiots, pique alors sa première crise morale et s’emporte contre ses camarades qu’il trouve par trop sentimentaux et paternalistes. «J’aime faire des films qui comportent différents messages, avait déclaré von Trier. J’ai pensé que ce serait très intéressant pour ces gens d’être confrontés avec de véritables handicapés. Cela dit, ces derniers ne sont pas restés très longtemps sur le tournage». Est alors mise en lumière la relation de chacun avec la folie et la normalité. «C’est vrai d’un point de vue philosophique, mais c’est aussi provocant», continuait-il. «Peut-on vraiment prendre un acteur qui joue un débile et le confronter à des gens qui le sont vraiment?». Von Trier avoue n’avoir pas eu d’angoisses morales à l’idée de cette confrontation. «Tout ce qui existe dans le monde peut être montré, c’est aussi simple que ça», résumait-il. «Dépeindre chaque aspect de la vie, c’est la tâche même de ce média (le cinéma) et de tout art; dans ce sens, je n’ai aucun jugement moral et je pense que la moralité doit résider dans le spectateur», disait-il encore. «C’est un point de vue très simple et peut-être un peu démodé mais c’est très important, car imposer des restrictions à un film par exemple, c’est très malsain», concluait-il. (Reuters)
C’était le film le plus attendu du 51e festival de Cannes et ce avec raison car «Les Idiots», de Lars von Trier, a à son tour frappé le public de plein fouet. La salle l’a salué de «bravos» et l’a applaudi mais il y a eu aussi quelques huées. Les films du cinéaste prodige danois sont controversés mais ne suscitent jamais l’indifférence, c’est pourquoi le fait que «Breaking...