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Un soprano libanais à l'Assembly Hall Soumaya Dib : la vie est un incessant apprentissage (photo)
Par GEMAYEL Aline, le 19 mai 1998 à 00h00
Soumaya Dib, qui orthographie son patronyme à l’anglaise (Deeb), accompagnée de Richard Hetherington au piano, a donné un concert à l’Assembly Hall au profit des Villages SOS. La chevelure noire épaisse tirée sagement en arrière, le regard doux mais déterminé, Soumaya Dib est la modestie personnifiée. Non pas qu’elle sous-estime son talent, mais pour elle, l’artiste se définit par la persévérance avec laquelle il développe son art, par le recul qu’il a toujours par rapport à lui-même, à ses forces et à ses faiblesses. Quand on lui demande pourquoi le chant? Soumaya Dib cite Shakespeare: «Ne pas se demander pourquoi; faire et mourir». Elle explique qu’en chantant, elle répond à un besoin de créativité. Elle avait une dizaine d’années quand l’école constate qu’elle avait de la voix et lui confie le rôle principal dans «The sound of music» pour la fête de fin d’année. Pensionnaire à Londres, elle fait du chant en dilettante. Retour à Beyrouth pour ses études universitaires, elle intègre le «Beyrouth Orpheus Choeur» d’Alvarez Boulos. En 1976, Soumaya Dib regagne Londres et participe au concours de la «Guildhall School of music and drama». «Pendant deux années, j’ai suivi des cours de musique, de culture générale, et bien sûr de chant». Elle met de nombreuses années à se décider à pratiquer le chant en professionnelle. «Il est important d’avoir une voix», dit-elle. «Mais il est essentiel d’avoir un bon professeur, c’est-à-dire quelqu’un qui sache vous orienter, vous aider à développer votre voix, en fonction de votre caractère, de votre énergie...» Ainsi, une mauvaise expérience lui fait emprunter d’abord avec perte de temps, une voie qui «n’a pas favorisé mon évolution». Heureusement, elle rencontre Michel Vallat qui a, dit-elle, «une bonne oreille musicale, et je suis très chanceuse de bénéficier de son aide pour la préparation de mes concerts». Une lourde responsabilité Récitals ou opéras, elle est sollicitée pour les deux. Soumaya Dib a participé dernièrement au festival d’Edimbourg dans «Mid summers night dream» de Shakespeare adapté pour l’opéra. «C’était une expérience très intéressante. A jouer neuf soirs de suite, on éprouve sa force physique. De plus, c’est très enrichissant de jouer dans un groupe de gens hyper-professionnels». Quant aux récitals, elle en donne essentiellement à Londres. «Etre seule sur scène c’est une lourde responsabilité. On déploie une concentration et une forte tension dans l’espoir de retenir l’attention du public... C’est épuisant mais très gratifiant». Le trac, elle connaît, bien sûr. «Là aussi l’expérience aide beaucoup. Avec le temps, on apprend à maîtriser cette peur, à en faire une énergie positive». Et elle raconte le seul incident qui lui soit arrivé, «j’ai eu une fois un chat dans la gorge. J’ai fait un effort pour terminer le morceau, je me suis retirée dans les coulisses, j’ai bu un verre d’eau et j’ai respiré à fond, c’est passé. Le tout, c’est de ne pas paniquer, de ne pas perdre sa concentration.» Une manière de s’exprimer Son rêve? «Etre une bonne chanteuse», répond-elle, avec modestie. «J’estimerais avoir échoué si je ne faisais pas mon possible pour améliorer ma voix, quotidiennement». Et elle explique que l’essentiel c’est d’être conscient de ses faiblesses, pour y remédier. «Dans le chant, il y a la voix, mais il y a aussi la respiration, il y a le corps... quelques personnes ont naturellement de l’énergie, une méthode respiratoire... d’autres doivent apprendre en faisant des exercices. Le tout c’est d’arriver à se connaître très bien, à n’avoir pas peur de voir les choses telles qu’elles sont»... Pour Soumaya Dib, la musique est un moyen de communiquer avec autrui mais c’est également une manière de s’exprimer. «Dans les deux cas, on n’atteint son but que si la voix est bien exercée». Son répertoire comprend des classiques de Rossini, Bellini ou Bizet, mais également des mélodies de jazz, comme le fameux «Summertime». A l’Assembly Hall, elle a aussi donné les Asturies d’Albeniz et du Lehar. Jouer au profit d’une cause humanitaire, «c’est important», estime le soprano. «Je pense que si on peut aider, il est de notre devoir de le faire. C’est la responsabilité de chacun». Si elle avait le choix, quel serait le ténor qu’elle accompagnerait avec plaisir? «Placido Domingo», dit-elle après réflexion. «En plus de la voix, il a un charme fou»...
Soumaya Dib, qui orthographie son patronyme à l’anglaise (Deeb), accompagnée de Richard Hetherington au piano, a donné un concert à l’Assembly Hall au profit des Villages SOS. La chevelure noire épaisse tirée sagement en arrière, le regard doux mais déterminé, Soumaya Dib est la modestie personnifiée. Non pas qu’elle sous-estime son talent, mais pour elle, l’artiste se définit...
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