Ils étaient des dizaines de milliers à participer, hier matin, à une gigantesque campagne de nettoyage qui s’est étendue à toute la côte libanaise, de la localité de Nakoura, au Sud, au Nahr el-Kabir, au Nord. Sous le patronage du ministère de l’Environnement, les institutions publiques et privées, secondées en cela par différentes ONG, se sont mises très tôt à la tâche. Leur mission: essayer de débarrasser la côte de tout ce qui a achevé, au fil des ans, de la défigurer, mettant en danger un système écologique déjà fragile par une frénésie de construction qui n’a jamais su s’accompagner d’une vision environnementale saine. Pour la deuxième année consécutive, des jeunes et moins jeunes ont pris part à cette opération d’assainissement dont le but immédiat était, bien sûr, la collecte des déchets solides le long du littoral, mais aussi et surtout, de sensibiliser et de conscientiser l’opinion publique ainsi que les responsables sur ce problème vital. Côté Sud, le secrétaire de l’association écologique «Amwaj», M. Malek Ghandour, a affirmé au cours d’une conférence de presse que «l’objectif de cette campagne exemplaire était de susciter chez le citoyen des réactions écologiques saines. C’est aussi une invitation à remédier aux divers manquements en ce domaine et d’inciter les responsables à mettre un terme à la destruction de nos ressources naturelles», a-t-il précisé. Dans une ambiance marquée par l’allégresse et l’entrain, les volontaires se sont affairés à collecter les ordures dans des sacs en plastic, après avoir effectué un tri en séparant les métaux, les papiers, les verreries... Des plongeurs professionnels ont aussi mis la main à la pâte, en sondant le fond marin sur une profondeur de dix mètres. Côté Nord, alors que la campagne avait démarré plutôt timidement comme le rapporte notre correspondant, Michel Hallak, elle s’est accélérée en fin d’après midi, les pêcheurs ayant, eux aussi, pris part à l’opération de nettoyage. Pour Mlle Hana Merhebi, coordinatrice de l’opération Grand Bleu au Akkar, «la côte du Nord mérite une plus grande attention de la part des habitants de la région». Mlle Merhebi a par ailleurs affirmé que cette campagne ne s’arrêtera pas et qu’elle sera relayée par une autre opération qui aura lieu le dernier dimanche du mois de juin et qui sera consacrée à la côte du Akkar. A Beyrouth, des unités de la Défense civile relevant des Makassed, ainsi que les scouts de cette même association, se sont joints aux autres volontaires, dans les régions de Ramlet el-Baïda, Jnah, Ouzaï et Khaldé. Le comité en charge de la région de Ras Beyrouth a, pour sa part, donné aux différents volontaires les instructions et conseils relatifs à la sauvegarde des espaces verts et de l’environnement en général. Côté officiel, l’attaché de presse du ministère de l’Environnement, M. Nabil Abou Ghanem, a fait une déclaration dans laquelle il a fait part de sa surprise devant l’ampleur du mouvement et la rigueur dont ont fait preuve les organisateurs. Il a en outre reconnu que le littoral libanais «avait besoin d’une politique de planification et d’une étude approfondie qui puisse mettre fin aux problèmes et aux agressions contre la mer et le rivage, commises, tantôt au nom du tourisme, tantôt dans le cadre de l’établissement de nouvelles routes». Et M. Abou Ghanem d’ajouter que le retard mis à régler la question des déchets était dû à l’impossibilité de trouver la parcelle de terrain propice pour en effectuer le recyclage. A noter que l’événement était sponsorisé par Sanita et l’ABC, avec la participation de la société Sukleen, qui a mis des camions-benne à la disposition des volontaires pour la région de Beyrouth. Bref, une journée on ne peut plus bleue, qui a réussi à mobiliser les Libanais de tous bords autour de ce qui est devenu un état d’urgence. A quand donc le grand vert?