Actualités - CHRONOLOGIE
Sanctions internationales : une arme de faible portée
le 15 mai 1998 à 00h00
Les cinq essais nucléaires indiens consécutifs de ces derniers jours et le tollé qu’ils ont aussitôt suscité relancent la question de l’efficacité de sanctions internationales contre un pays décidé à agir. Les sanctions politiques, économiques et financières, les boycottages ou les embargos contre les Etats ou les autorités convaincus de leur bon droit, ont peu ou pas infléchi la mise en place de politiques décidées contre l’avis de la communauté internationale quand celle-ci s’est refusée à recourir à la force. La spectaculaire série d’essais nucléaires décidée par le nouveau gouvernement nationaliste indien, la crise du Golfe du printemps dernier, ou celle en ex-Yougoslavie du début des années 90, et aujourd’hui au Kosovo, témoignent de l’impact relatif de sanctions internationales pour renverser radicalement l’exécution de décisions fermement arrêtées. Le nouveau gouvernement du premier ministre indien Atal Behari Vajpayee n’ignorait sans doute rien de la condamnation quasi universelle que susciteraient des essais nucléaires, ni du risque de sanctions économiques contre son pays. Les Etats-Unis, le Canada, le Japon, la Norvège, parmi d’autres, ont déjà annoncé des sanctions de ce type contre «la plus grande démocratie du monde», le plus souvent sous forme d’annulation d’aide. Mais pour le gouvernement indien, l’exigence de sécurité régionale, face à deux puissants voisins, le Pakistan et la Chine, l’a manifestement emporté sur toute autre considération pour justifier ces tests nucléaires. Et ceci d’autant plus facilement que la communauté internationale— plus particulièrement les cinq puissances nucléaires autorisées (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne) — est rapidement apparue divisée sur l’opportunité de sanctions contre New Delhi. Connivence franco-russe Paris et Moscou ont immédiatement pris leurs distances avec la politique de sanctions prônée par Washington. Les sanctions sont «le plus souvent contre-productives», a déclaré le chef de la diplomatie russe, Evgueni Primakov, dont le pays est l’un des principaux fournisseurs d’armement de l’Inde (2 milliards de dollars de contrats signés en 1997). Même son de cloche à Paris où le porte-parole du gouvernement, Daniel Vaillant, a déclaré que la France «n’encouragerait pas les Américains» sur la voie des sanctions. Un clivage ente les Cinq Grands et une connivence franco-russe que la diplomatie internationale a déjà constatés lors de la dernière crise du Golfe. Français et Russes avaient alors conjugué leurs efforts pour empêcher une armada essentiellement américano-britannique de fondre sur l’Irak afin de contraindre ses dirigeants à se conformer scrupuleusement aux programmes de désarmement décrétés par l’ONU. L’ONU, agissant au nom de l’ensemble de la communauté internationale, n’avait pourtant pas caché ses inquiétudes devant l’obstruction persistante de Bagdad en matière de désarmement nucléaire, chimique et bactériologique. Une obstruction que ni l’embargo général, en vigueur depuis huit ans, ni ses quelques assouplissements comme l’accord sur «pétrole contre nourriture», ont empêché. En ex-Yougoslavie, l’embargo de l’ONU sur les armes n’a pas empêché la Croatie de se doter d’armements et les diverses sanctions n’ont évité ni les aventures militaires serbes en Bosnie, ni la résurgence des nationalismes locaux, ni la désagrégation de la société multi-ethnique bosniaque. Le Kosovo d’aujourd’hui connaît de nouvelles tensions que les mêmes acteurs de la communauté internationale essayent de contenir avec les mêmes types d’arguments économiques. Pensés comme «un ultime avertissement avant le recours à la force», les embargos ou les sanctions internationales pèchent, le plus souvent, par «leur inefficacité ou leur hypocrisie», limitant ainsi régulièrement leur portée, souligne Jean-Pierre Maulny, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). (AFP)
Les cinq essais nucléaires indiens consécutifs de ces derniers jours et le tollé qu’ils ont aussitôt suscité relancent la question de l’efficacité de sanctions internationales contre un pays décidé à agir. Les sanctions politiques, économiques et financières, les boycottages ou les embargos contre les Etats ou les autorités convaincus de leur bon droit, ont peu ou pas infléchi...
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