Municipalité de Deir el-Kamar. Trois cachets pour sceller la «Charte d’amitié» entre le 6e arrondissement de Lyon et la ville du Chouf: Raymond Barre, ancien premier ministre et maire actuel de la deuxième agglomération française (Lyon), Dominique Nachury, maire du 6e arrondissement de la dite ville, et Georges Dib Nehmé, député et maire de Deir el-Kamar. «Nous apportons aujourd’hui des projets modestes mais d’autres horizons pourraient être ouverts . Notre objectif est précis: établir une coopération concrète avec nos amis. C’est la volonté de la France...» a déclaré M. Barre. Considérant que les opportunités d’échanges et de collaboration dans plusieurs domaines sont nombreuses, Mme Nachury a annoncé que cet accord se traduira par un transfert des compétences lyonnaises notamment dans les secteurs techniques urbains, espaces publics et espaces verts, échanges scolaires et culturels, coopération médicale mais aussi gastronomique. Lyon étant réputée pour sa cuisine avec ses restaurants étoilés et ses chefs culinaires célèbres tels George Blanc, Paul Bocuse, Jean-Paul Lacombe ou encore Pierre Orsi... Le 6e arrondissement planche déjà sur le projet d’une école des arts culinaires et hôtelière qu’il entreprendra avec le ministère libanais de l’Enseignement technique. Par ailleurs, un festival lyonnais est prévu à Deir el-Kamar du 22 au 26 juillet. A l’affiche, le théâtre Guignol, des concerts classiques du Conservatoire National de Lyon, une projection de films des frères Lumière qui ont inventé le cinématographe à Lyon et une exposition des produits agro-alimentaires de la région Rhône-Alpes... La signature a eu lieu hier après-midi dans la cour de la municipalité de Deir el-Kamar. A cette occasion, M. Georges Dib Nehmé a salué le rôle de la France dans cette région du monde et principalement au Liban auquel «une aide financière et technique a été accordée ». «Mais il y a encore beaucoup à faire» a dit le député et maire de Deir el-Kamar: «Raffermir la démocratie, combattre la pauvreté, celle qui frappe aujourd’hui la classe moyenne laminée par la guerre; une pauvreté cachée par une apparente opulence... tous les efforts devraient être tournés vers la formation des jeunes et le développement en eux de l’esprit démocratique, condition sine qua non de la paix...». Prenant ensuite la parole, Mme Dominique Nachury devait souligner que l’ensemble des services de son arrondissement reste sous l’autorité de la ville de Lyon. La «Charte d’amitié», et «plus particulièrement les actions dans les domaines de l’aménagement urbain et des techniques urbaines» impliquent toute l’agglomération lyonnaise que préside M. Raymond Barre. Néanmoins, les échanges scolaires et culturels auront pour conducteur le 6e arrondissement. M. Raymond Barre a, quant à lui, souhaité que le Liban puisse «jouer historiquement son rôle de foyer de culture et de rayonnement. L’avenir du Liban dépend avant tout de la volonté des Libanais, de leur volonté d’indépendance et de liberté...» a-t-il déclaré. Au cours d’une conversation à bâtons rompus avec les représentants des médias, l’ancien premier ministre devait exprimer sa gratitude d’être accueilli par les diverses communautés de la montagne «fidèles à l’amitié traditionnelle entre nos deux pays». «Je crois que le Centre Culturel Français du Chouf est la meilleure preuve à la fois de l’intérêt que les Libanais et les habitants du Chouf portent à la France, à sa civilisation et à sa langue mais aussi la preuve de la volonté de la France d’être présente auprès de ses amis» a-t-il dit. En tant que maire de Lyon, il a fait remarquer que «les jumelages sont une bonne chose» mais il préfère qualifier la «Charte d’amitié» conclue entre le 6e arrondissement et Deir el-Kamar d’«accord de partenariat ayant des objectifs précis permettant de concrétiser la coopération qui doit s’établir entre nous. C’est par un accord opérationnel qu’on peut apporter notre contribution à nos amis...». L’article 2 de la charte concerne la formation professionnelle dans le domaine de la gestion des services urbains, et la fourniture d’équipements et de matériel de voirie. Une collaboration sera développée tout particulièrement dans le domaine de l’aménagement des espaces publics et des espaces verts. Ce volet sera traité en coordination étroite avec le Parc de la Fête d’Or de Lyon et de la Cité internationale . Dans le domaine des échanges scolaires, il est prévu de renforcer la francophonie en favorisant les contacts entre la jeunesse des deux villes ( échange d’élèves durant les vacances ) et la mise en place de projets pédagogiques, relations épistolaires, recyclage des enseignants, etc. Dans le domaine économique, il est prévu un échange d’informations et une assistance aux entreprises désireuses de créer un courant d’affaires entre les deux communautés. A titre d’exemple, les artisans de Deir el-Kamar seront mis à contribution dans la manufacture des produits textiles haut de gamme ( du fil de soie à la fibre de carbone, Lyon est restée maître dans le monde du textile). En bref, une coopération étroite devrait enrichir la vie culturelle, sociale et économique de Deir el-Kamar. La signature de la «Charte d’amitié» a été précédée d’un déjeuner à l’hôtel Mir Amine, à Beiteddine, offert par M. Georges Dib Nehmé. Etaient présents autour de M. et Mme Raymond Barre, l’ambassadeur de France et Mme Danielle Jouanneau; la délégation lyonnaise ; le ministre Walid Joumblatt, M. Dory Chamoun, les députés Marwan Hamadé, Nabil Boustany, Ayman Choucair et plusieurs notables de la région. Le programme de M. Barre comprenait également une visite au Centre culturel français et au musée «Marie Baz» de Deir el-Kamar. Dans le Livre d’or du musée on peut désormais lire: «En souvenir d’une intéressante visite, dans un palais splendide, avec l’expression de mes sentiments amicaux . Raymond Barre».