Le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU a accusé la junte militaire chassée du pouvoir en Sierra Leone de commettre de «terribles atrocités» contre des civils tués ou mutilés dans le nord-est du pays. «Des réfugiés ont rapporté au HCR de terribles atrocités contre des civils par l’ex-junte du Conseil révolutionnaire des forces armées et du Front uni révolutionnaire. Les réfugiés racontent que les milices de l’AFRC/ RUC «punissent» les gens accusés de ne pas les soutenir et parlent de civils abattus ou mutilés et tués à la machette», a dit le porte-parole du HCR, Judith Kumin. En février, les forces ouest-africaines de l’ECOMOG ont chassé de la capitale, Freetown, la junte qui s’était emparée du pouvoir neuf mois auparavant. Mais la poursuite des combats dans le nord-est du pays et la faim ont poussée plus de 50.000 réfugiés à fuir vers la Guinée depuis le début de l’année, selon le HCR. L’afflux se poursuit au rythme de 300 à 1.000 arrivées par jour et des dizaines de milliers de personnes sont bloquées «dans des conditions désespérées» à la frontière, ne sachant pas où aller, a dit Mme Kumin. Le HCR et des organisations non gouvernementales tentent de faire face à la crise et doivent apporter de l’eau, des médicaments et commencer des vaccinations contre la rougeole. Dans trois villages frontaliers où sont concentrés 20.000 réfugiés, Forokonia, Kobikoro et Heremakono, le HCR a enregistré de forts taux de diarrhées, paludisme et maladies respiratoires, ainsi que de nombreux cas de malnutrition. Le HCR n’a pas d’éléments pour évaluer le nombre de victimes des atrocités. Ses délégués ont pu voir certaines victimes parvenues en Guinée mais les gens les plus touchés ne peuvent sans doute par arriver jusqu’à la frontière, a dit Mme Kumin. «Le reste est du ouï-dire de réfugiés, mais l’histoire nous a appris que les récits de réfugiés sont invariablement vrais», a ajouté la porte-parole. Pratiquement, aucun abri n’est disponible à Forokonia et Kobikoro où se trouvent 15.000 personnes et la plupart doivent dormir dehors, y compris les femmes enceintes et les enfants. Le seul point d’eau potable est à Kobikoro où les 10.000 réfugiés présents doivent payer les villageois pour accéder à l’eau. Les routes sont déjà très mauvaises et la situation va s’aggraver avec la saison des pluies le mois prochain, selon le HRC. L’agence de l’ONU ne peut que transporter les plus vulnérables des réfugiés dans des lieux plus sûrs. La Guinée accueille quelque 250.000 réfugiés de Sierra Leone, dont plus de 50.000 arrivés depuis le début de l’année, selon le HCR. Le Libéria en accueille 177.000 dont 55.000 sont arrivés depuis le début de l’année. Le flux s’est pratiquement tari vers le Libéria, car l’ECOMOG a pris le contrôle de la zone frontalière. (AFP)