Un architecte français, choisi par Saddam Hussein, va construire la plus grande mosquée du monde à Bagdad. L’architecte, Jacques Barrière, installé à Limoges, a indiqué que les études pour ce projet monumental, que lui ont confié directement les autorités irakiennes en septembre 1997, «seraient prêtes d’ici la fin de l’année. Les sondages ont été faits. Il ne reste que des hangars à démolir». La grande mosquée de Bagdad, prévue à l’emplacement de l’ancien aéroport d’al-Muthanna, au bord du tigre, s’étendra sur une trentaine d’hectares. «Cette superficie, a expliqué M. Barrière, ne concerne que l’ensemble architectural. Il faut compter une trentaine d’hectares supplémentaires qui seront dévolus à des espaces verts, des parkings et des lieux de promenade». «Le projet lui-même consiste en un périmètre rectangulaire de 480 mètres de côté par 700 mètres de long, où sont prévus des bâtiments à usage de bibliothèques, souks, logements d’étudiants, école coranique». L’architecte a précisé qu’il allait se rendre prochainement en Irak pour présenter les plans revus de la coupole de la mosquée et des huit minarets, dont quatre, de forme carrée, d’une hauteur de 280 mètres, «seront les plus hauts du monde, pour être les plus près de Dieu, selon le désir de Saddam Hussein». «Il s’agit aussi du plus grand nombre de minarets érigés pour une mosquée. La Mecque ne compte que sept minarets, les mosquées turques n’en ont que six et celle de Casablanca n’en a qu’un, haut de 200 mètres». «Les minarets géants culmineront aux quatre angles du quadrilatère, tandis que l’eau détournée du Tigre formera un lac artificiel courant tout autour de la mosquée. L’eau est là symbole de pureté. Au milieu de ce lac, des chemins permettront aux piétons de se déplacer à fleur d’eau dans un entrelacs représentant les contours du monde arabe». «Sur le coin sud-ouest du quadrilatère, et en direction de La Mecque, sera apposée une immense empreinte digitale de Saddam Hussein, entrelacée avec sa signature». La mosquée elle-même, a précisé l’architecte, aura un diamètre de 135 mètres et une hauteur de 120 mètres. Elle sera construite en béton. Interrogé sur le coût du projet, M. Barrière, qui travaille avec ses ingénieurs associés, Daniel Ganichaud et Pierre Maillot, a répondu que pour les autorités de Bagdad «cela coûtera ce que cela coûtera. Ce n’est pas tant le prix que la réalisation technique qui compte». En ce qui concerne l’embargo qui frappe l’Irak, l’architecte a déclaré: «Nous avons examiné la résolution 986 des Nations Unies pour savoir si nous pouvions y aller ou pas. Or les prestations intellectuelles échappent totalement à l’embargo. Nous n’avons prévenu ni l’Elysée, ni Matignon, ni le Quai d’Orsay, mais ils sont au courant». (AFP)