Actualités - CHRONOLOGIE
Leur sort est plus enviable que leurs compatriotes dans certains autres pays d'accueil Les réfugiés de Syrie veulent rentrer en Palestine
le 13 mai 1998 à 00h00
Les Palestiniens réfugiés en Syrie ont un sort plus enviable que certains de leurs compatriotes, mais ils vivent dans le rêve du retour à la «patrie perdue». Dans le camp de réfugiés de Yarmouk, la plus grande agglomération palestinienne de Syrie située à l’entrée sud de Damas, les noms des rues, des écoles, des boutiques et des supermarchés rappellent la Palestine perdue: rue Haïfa, rue Safad, supermarché Mont-Carmel. Un hôpital porte le nom de Deir Yassine, le village où les forces israéliennes ont massacré 200 habitants en 1948, provoquant l’exode de quelque 700.000 Palestiniens vers les pays arabes voisins, notamment la Jordanie, le Liban et la Syrie. Après ce que les Palestiniens appellent encore la «Nakba» (le Désastre), quelque 80.000 réfugiés des régions de Safad, Saint-Jean d’Acre, Tibériade, Haïfa ou Nazareth se sont réfugiés en Syrie. Cinquante ans et plusieurs vagues de réfugiés plus tard, ils sont 361.000 recensés en Syrie par l’Office de l’ONU pour le secours aux réfugiés de Palestine (UNRWA). Leur volonté de retrouver leur maison reste inébranlable. Certains ont même conservé les clés et les titres de propriété de leur maison ainsi que les documents délivrés par les autorités du Mandat britannique. Latifa Abidi, 70 ans, fut contrainte de fuir sa maison de la rue Nazareth à Haïfa, avec son époux et ses trois enfants. Nous avons pris la mer jusqu’(au port libanais de) Saïda où nos sommes restés un an au camp d’Aïn Héloué (Liban) avant de venir ici», raconte-t-elle. Rencontrée dans son petit salon modeste mais immaculé du camp de Yarmouk, où les maisons sont construites en dur et équipées d’eau courante, du tout-à-l’égout, du téléphone et de la télévision, Latifa n’a jamais revu ses frères, neveux et cousins, disséminés entre Haïfa, Saint-Jean d’Acre et Oum al-Faham en Israël. Dix camps Elle est l’un de ces réfugiés établis dans dix camps disséminés à travers la Syrie et dans certains quartiers ou localités à dominante palestinienne. Comme tous les Palestiniens établis depuis 1948 et enregistrés à l’office des réfugiés, elle a les mêmes droits et obligations qu’un Syrien, sauf la nationalité etle droit de vote. Une situation un peu moins favorable qu’en Jordanie, où la nationalité a été accorcée à des millions de réfugiés palestiniens, mais meilleure qu’au Liban où l’accès à de nombreuses professions est refusé aux Palestiniens, qui vivent dans des conditions déplorables, comme au camp de Rachidiyé (sud), où les enfants pataugent dans les eaux d’égouts qui serpentent au milieu d’étroites ruelles. Ali Badouane, 35 ans, membre du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP de Nayef Hawatmeh), est le quatrième fils de Latifa. Se décrivant comme «né dans les camps de Syrie», il souligne que le «droit au retour» des Palestiniens est «un droit sacré»entériné par la résolution 194 du Conseil de sécurité de l’ONU de décembre 1948, consacrée au retour des réfugiés. «C’est un droit imprescriptible qui ne peut être annulé par (des décisions) injustes», affirme Ali, pour lequel il est difficile de parvenir à la paix sans avoir réglé la question des réfugiés. Matar Abdel Rahim, 75 ans, lui aussi poussé à l’exil en 1948, a quitté Saint-Jean d’Acre à l’âge de 25 ans. Il raconte le désastre» de la création de l’Etat d’Israël. «Je veux mourir dans mon village natal», affirme-t-il. La Syrie accueille sur son sol les dirigeants et représentants d’une dizaine d’organisations palestiniennes. Khalil al-Wazir (Abou Jihad), l’ancien numéro deux du Fateh de Yasser Arafat et compagnon d’arme du président palestinien, assassiné par un commando israélien en 1988 à Tunis, repose aujourd’hui au «cimetière des martyrs» du camp de Yarmouk. (AFP, Reuters)
Les Palestiniens réfugiés en Syrie ont un sort plus enviable que certains de leurs compatriotes, mais ils vivent dans le rêve du retour à la «patrie perdue». Dans le camp de réfugiés de Yarmouk, la plus grande agglomération palestinienne de Syrie située à l’entrée sud de Damas, les noms des rues, des écoles, des boutiques et des supermarchés rappellent la Palestine perdue: rue...
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