L’ancien acteur de cinéma Joseph Estrada, 61 ans, apparaît comme le grand vainqueur de l’élection présidentielle aux Philippines, selon des premiers sondages effectués à la sortie des urnes. Selon la radio locale DZRH, qui a effectué avec une chaîne de télévision locale un sondage à la sortie des urnes sur l’ensemble du pays auprès de 13.491 électeurs, Joseph Estrada aurait remporté 36% des voix, chiffre qui se rapproche du résultat de sondages pré-électoraux qui lui donnaient 33% des intentions de vote. Jose de Venecia, indique la radio DZRH sur la base des mêmes sondages, se contenterait de 18% des voix. La marge d’erreur du sondage de DZRH est de 2 à 3%. Si ces chiffres se confirment, Joseph Estrada, dans le système électoral philippin de majorité simple à un tour, est destiné à devenir le prochain président des Philippines, succédant à Fidel Ramos qui achève le 30 juin un mandat non renouvelable de six ans. «L’ami des pauvres», comme Joseph Estrada s’est présenté tout au long de sa campagne électorale, avait été élu au scrutin de 1992 au poste de vice-président. Il y a tenu un rôle discret ces six dernières années, dirigeant notamment une commission gouvernementale chargée de combattre la criminalité. En déposant son bulletin dans l’urne lundi, Estrada s’était déclaré convaincu d’une «victoire écrasante» sur ses adversaires et avait indiqué qu’il vivait «le plus beau rôle de sa vie». Il avait ajouté qu’il espérait que «Dieu l’aiderait» pour remplir sa tâche. Estrada a placé au centre de son programme électoral, en plus de la lutte contre la pauvreté, la baisse des taux d’intérêt, le développement du secteur agricole et l’instauration d’un climat «d’ordre et de sécurité». Joseph Estrada n’a pas brillé dans ses études pendant sa jeunesse, et il n’a pas caché qu’il devra s’appuyer sur des «conseillers» pendant sa présidence. «Estrada n’est pas qualifié en tant qu’individu, mais son administration le sera en raison de la qualité et de la compétence des conseillers dont il s’entourera», commentait récemment Wilfrido Villacorta, professeur en science politique à l’université de la Salle. «Il (Estrada) a été la risée de l’intelligentsia, et il sera donc plus motivé que d’autres pour prouver que son administration est la meilleure qui soit», selon M. Villacorta. Selon Villamor Vital, analyste auprès de la corporation Alla Asia Capital and Trust, «le prochain président quel qu’il soit n’aura pas d’autre choix que de suivre la politique économique actuelle axée sur les marchés». Fidel Ramos avait avant le scrutin de lundi exprimé son pessimisme sur l’avenir des Philippines dans le cas d’une victoire de Joseph Estrada. Si le mauvais choix est fait, avait-il averti, «ce sont nos enfants qui en souffriront». Et il avait estimé que les progrès accomplis sous son administration risquaient d’être anéantis et les Philippines de «s’effondrer» dans l’hypothèse d’une administration Estrada. Le prochain président des Philippines succédera à Fidel Ramos le 1er juillet prochain pour un mandat de six ans qui, selon la constitution philippine, n’est pas renouvelable. Fidel Ramos avait tenté l’an dernier d’engager une révision constitutionnelle qui lui aurait permis de briguer un second mandat, mais ce projet avait été mis en échec par une très forte réaction populaire inspirée notamment par l’ancienne présidente Cory Aquino et par l’archevêque de Manille Jaime Sin. (AFP)