Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Paul Salem, un compositeur interprète engagé ... (photo)

Nouveau CD, nouvel auteur. Paul Salem, 37 ans, vient de sortir «Samaa» (Ouïe), son tout premier enregistrement. Il le signe jeudi 14, 19h, chez «Abdallah Chahine et Fils», Chyah, bld Hazmieh. Professeur de sciences politiques à l’AUB, diplômé de Harvard, directeur du «Lebanese center for policy studies» (le centre libanais des études politiques), secrétaire général de l’«Association libanaise pour des élections démocratiques» (créée en 1996 pour contrôler les éléctions législatives et municipales), Paul Salem, fils de l’ancien ministre Elie Salem, considère que la musique fait partie des moyens à mettre en œuvre quand on veut s’exercer au civisme. Chanteur et compositeur engagé, il n’est cependant pas inconnu au bataillon des musiciens, puisqu’il a fait partie de nombreux jazz bands beyrouthins. Discussion à bâtons rompus, à l’ombre des arbres de l’AUB. Le disque compact commence par un coup de tonnerre. Une violente pluie déverse des tonnes de larmes du ciel, et la musique bat un tempo qui semble couler de source. «Chbât» (février), c’est le mois des précipitations, du tonnerre et l’on y entend cette guerre que tente d’oublier Paul Salem, en s’installant au piano pour composer une mélodie, pour se laisser transporter par les notes, loin d’un réel oppressant. «Aan arouah al ghaybin» (A la mémoire des absents); «Bagdad, danse de la vie»; «Min zamân» (Il était une fois); «Kossat ithnân» (histoire de deux); «Al hilâl al khassîb» (le croissant fertile); «Balâki» (sans toi); «Hijrat al rif ilal madina» (l’exode rural); «Chou âl al aâj?» (Qu’a dit l’ivoire?); «Safar barlik»; «Ma atwal bâlak» (quelle patience!); «Tenzakar mâ tinaad». Les mélodies succèdent aux chansons, dans un mélange de musiques classique, brésilienne et de jazz. Les chansons qui débitent leurs paroles en arabe à un rythme saccadé parlent aussi bien d’un amour malheureux que d’un fait divers poignant dans sa banalité ou encore d’un jeu de dupes où le citoyen est l’unique perdant... Ce disque est né de l’envie qu’a eue Paul Salem, encouragé par ses amis, d’enregistrer des compositions expérimentales, «qui associent des paroles arabes à des musiques de jazz dans une ambiance brésilienne. Mon souci était que le mélange et la distribution ne donnent pas l’effet d’un collage artificel, mais bien d’un brassage dont le résultat est une musique réellement authentique». Un pari largement tenu, puisqu’on est rapidement entraîné par le rythme, qu’on fredonne les paroles comme s’il s’agissait d’une vieille rengaine issue de la mémoire collective... Une fois l’enregistrement terminé, il le fait écouter à la ronde. «Les réactions ont été tellement enthousiastes que j’ai contacté «La Voix de l’Orient» pour le commercialiser». Pour Paul Salem, la musique est «une sorte d’hypnose à travers laquelle passe une profonde et lente communication». Et il ajoute que «la musique a été un instrument très efficace de révolutions socio-politiques». Il cite des exemples dans le monde arabe, tout en regrettant que la musique y reste trop souvent encore synonyme de simple divertissement. Un style personnel Les mélanges sont une tendance internationale, estime Paul Salem. Il n’empêche que son style est personnel. «Ziad Rahbani a été le premier à ouvrir cette voie de jazz oriental. Les musiciens avec lesquels j’ai joué sont, pour la plupart, habitués aux mélanges de genres musicaux. Ceux qui ne l’étaient pas ont beaucoup apprécié», affirme-t-il. Il raconte que le deuxième morceau, «Aân arouah al-ghaybin», est une double improvisation: Jihad Akl au violon et lui-même au piano. «Un moment fort, parce qu’avant de jouer, nous avions longuement discuté des massacres de Sabra et Chatila, dont Jihad est un survivant...». Les treize morceaux alternent chansons et instrumentaux. Les textes sont denses. «Il n’y a pas de refrain comme on en trouve dans les chansons orientales en général», explique Paul Salem. Les mots sont lâchés comme des rafales de mitraillette. Dans le tarab arabe traditionnel, c’est la répétition qui crée l’ambiance. Dans ces chansons, l’émotion est à l’état brut. «Dans les années soixante en Occident, il y a eu une révolution: des chanteurs comme John Lennon ou Bob Dylan écrivaient leurs textes. Leur interprétation était plus authentique». Paul Salem se dit influencé aussi par l’Anglais Elvis Costello, «qui a écrit sur des histoires de société». Le musicien estime, à l’instar d’Aristote, que «l’art est cathartique. «Samaa» est sorti en quelque sorte de la guerre, il y est très lié». Le CD se termine sur la chanson «Ma atwal bâlak», texte de Mohammed Abdallah, musique de Paul Salem. «Là, c’est de l’après-guerre qu’il s’agit. J’ai voulu consacrer un morceau à cette période» qui, dans son chaos, est encore associée à la guerre... Sa musique préférée? «J’écoute beaucoup de musique orientale. Elle exprime le tarab, un genre qui n’existe dans aucune autre musique». Et il affirme que «dans les musiques traditionnelles, il y a une beauté, une puissance inégalables. Mais il ne faut pas nier la réalité: nous sommes un pays méditérranéen, notre culture est le résultat d’un mélange culturel. Nous ne devons pas oublier que ce qui est aujourd’hui authentique a été à l’origine le résultat d’un mélange!» Paul Salem ajoute que «conserver le patrimoine est une bonne chose. Mais on ne peut pas rester statique, il faut inventer. Pour perdurer, la musique doit évoluer». Il donne pour exemple l’Occident qui «donne au classique une place de choix tout en encourageant toute création». «Samaa», qu’il a fait entendre sur le campus, a été apprécié par les professionnels, mais il a également «touché les jeunes. Ils s’y sont attachés», dit Paul Salem.
Nouveau CD, nouvel auteur. Paul Salem, 37 ans, vient de sortir «Samaa» (Ouïe), son tout premier enregistrement. Il le signe jeudi 14, 19h, chez «Abdallah Chahine et Fils», Chyah, bld Hazmieh. Professeur de sciences politiques à l’AUB, diplômé de Harvard, directeur du «Lebanese center for policy studies» (le centre libanais des études politiques), secrétaire général de l’«Association libanaise pour des élections démocratiques» (créée en 1996 pour contrôler les éléctions législatives et municipales), Paul Salem, fils de l’ancien ministre Elie Salem, considère que la musique fait partie des moyens à mettre en œuvre quand on veut s’exercer au civisme. Chanteur et compositeur engagé, il n’est cependant pas inconnu au bataillon des musiciens, puisqu’il a fait partie de nombreux jazz bands beyrouthins....